24.09.2022, 14:19
@ Chiara : je pense que là on atteint mes limites. Ta réflexion implique trop de psychologie dans la description de mes personnages. J'arrive à raconter une histoire qui dans ma tête ressemble plus aux annales du SdA, je ne suis pas très doué pour les émotions, les sentiments.
Mais bon, voici quand même la suite !
Chapitre 4.1
Girithron (décembre) était bien avancé quand Orodreth et Vorondil furent de nouveau sur pied. De petites bandes d’orques en provenance de Verlamin et du refuge nain commençaient à s’attaquer aux hameaux les plus isolés. Certains paysans – ceux dont les bâtisses s’y prêtaient – s’étaient regroupés et avaient reçu en renfort des hommes de troupe. D’autres avaient trouvé refuge au plus près de Pinnornost. Et tous les hommes disponibles avaient étés réquisitionnés pour former des patrouilles.
J’avais gagné mes galons de soldat du Gondor dans cette affaire, d’autant plus que je sortis un morceau de parchemin taillé de ma poche alors que nous faisions le point de la situation.
« Je trouver ça dans veste de l’orque guetteur » dis-je en le tendant à Orodreth.
Les deux morceaux ne s’assemblaient pas, mais c’étaient la même peau et la même écriture.
C’était là le début du parchemin et deux passages faisaient directement allusion à la cause de nos craintes actuelles :
« …l’ascendant que prit sur moi un esprit… » et :
« …plus terrible serviteur du Noir ennem » où le mot coupé était manifestement Noir ennemi.
Portion 2 du texte voir discord
EDITION du 07/05/2023 (par Irwin, vu avec Sam Sanglebuc) : ajout d'une image.
« Nous n’avons plus qu’à nous rendre dans la vallée de Nandûr si nous voulons reconstituer ce puzzle. » conclu Orodreth.
Chapitre 4.2
C’est avec l’aide d’une conteuse et d’un nommé Turgon de Drûg que Morwen avait pu interpréter la troisième gravure. Nandûr – vallée sombre – fut il y a bien longtemps couverte d’arbres immenses. Les hommes de la Númenor décadente, voulant construire toujours plus de navires au service de leurs conquêtes, rasèrent la forêt. Ne restèrent que quelques arbres tordus, inutilisables pour les mâts ; les autres ne repoussèrent jamais. La colère ne quitta plus ce lieu et même le peuple mystérieux des Drúedain n’y demeura pas longtemps.
Ce lieu se trouvait sur un petit affluent de la Lefnui à environ quatre jours de marche au nord, dans la Nan-i-feryth. Toute cette vallée était comme un haut plateau, balayé par les vents, revêtu d’une maigre végétation. En cette période de l’année, elle était désertée par ses habitants, des clans Dunnéens vivant d’élevage, pour donner à leurs troupeaux l’herbe grasse des environs de Sanathondost. Lothíriel nous conduisit parmi les prairies sèches le long de la Lefnui, avec une halte confortable dans le bourg fortifié de Lanormir. Les nouvelles des troubles y étaient déjà arrivées, mais aucun orque ne s’était encore montré. Un dernier bivouac, cette fois ci réchauffé par un bon feu et nous atteignîmes Nandûr en milieu de matinée. L’affluent de la Lefnui jaillissait devant nous du fond d’une gorge et notre guide nous fit faire un détour par le sud. La butte d’où jaillissait la rivière se séparait en deux collines qui formaient vallée, à notre gauche en contre bas apparut un bosquet, puis de nouveau la rivière serpentant au milieu de quelques buissons, iris d’eau et rochers. Un arbre solitaire, bas et large avait planté ses racines dans l’eau. Se dressait enfin une surprenante construction, entièrement faite de pierres plates empilées les unes sur les autres, mais avec une grande régularité.
Anborn précisa qu’il s’agissait d’une simple demeure de bûcherons de l’époque où Númenor puisait dans les forêts de quoi armer sa flotte.
« Dans leur folie, les hommes de Númenor dévastèrent ces terres autrefois riches et fertiles, apportant à leurs habitants misère et frustration. Ils s’attirèrent ainsi la haine de nombreux hommes. » ajouta Lothíriel.
Ce à quoi répondit Vorondil :
« Mais sans les secours apportés par cette flotte Númenoréenne, les hommes libres de l’ouest seraient tous esclaves des ténèbres. »
Un vent glacial soufflait sur cette hauteur, chargé de l’humidité de la rivière. Nous fûmes pénétrés jusqu’aux os, soudainement transis de froid.
« Descendons près du lit de la rivière, nous y serons à l’abri du vent » proposa Lothíriel. Sans nous faire prier, nous dévalâmes la pente recouverte d’herbe sèche, passant à droite et à gauche de la bâtisse de pierre. Le vent jouait avec les pierres, les faisant ronfler et murmurer. Les iris poussaient là dans une terre humide dans laquelle nos pieds commençaient à s’enfoncer. Le vent avait tourné et de lourds nuages s’amoncelaient au-dessus de nos têtes. Une pluie serrée commença de tomber.
« Nous serons trempés en quelques minutes ! » grogna Orodreth.
« Essayons d’entrer dans l’abri à bûcherons »
Une lourde pierre fermait l’entrée, de l’intérieur, de même pour les deux petites fenêtres latérales.
« Je n’aime pas ce bruit du vent qui fait ronfler les pierres » protesta Anborn.
À ces mots, chacun se mit à écouter.
« Le ronflement ne vient pas du vent, mais de l’intérieur » déclarai-je.
« Il y a quelque chose qui dort »
Mardil s’inquiéta :
« Et le soleil qui est voilé… »
« Normalement ce n’est qu’au vrai coucher du soleil que vient le danger, mais nous ferions mieux de trouver un abri ailleurs » répondit Vorondil.
Les avant-toits étaient trop petits, la pluie continuait de tomber, le froid n’avait pas diminué. Il nous restait l’arbre.
Son feuillage dense, sa taille basse nous protégeaient de la pluie et du vent. Chacun rabattit son capuchon avec soulagement. La pluie redoubla mais l’herbe sous l’arbre était verte et épaisse et nous étions là au sec.
« Qui cherche des champignons, prend un bâton
« Appuie-toi sur lui si tu veux méditer
Je m’étais accroupi, les mains fermement agrippées à mon bâton, le regard fixé au-delà du rideau de pluie qui nous entourait. Les rochers aperçus auparavant m’intriguaient : ils semblaient taillés ou sculptés. Et ce bosquet, tellement sombre : la rivière y pénétrait avec un bruit de cascade et devait passer sous terre pour réapparaître plus loin.
« …tu verras plus loin que les sorciers ne croient… »
Une vague de douce chaleur passa, je fus pris d’une terrible envie de me reposer et de dormir. Je trouvai cependant la force de résister. Des craquements sinistres se firent entendre, l’arbre tout entier frémissait. Mes compagnons qui s’étaient adossés au tronc venaient de s’enfoncer entre les racines, tous endormis. Encore peu de temps et cet arbre animé d’une profonde et terrible colère allait les engloutir ou les broyer. Il me fallait trouver une solution très vite.
« Je ne t’opposerai pas les armes des bûcherons » lui dis-je à mi-voix, tournant mon regard de droite et de gauche. Je sortis sous la pluie, pestant de me retrouver trempé en quelques instants, grelottant à nouveau. Les pierres étaient bien sculptées, à l’image d’hommes grossiers et trapus, ornées de motifs mystérieux, bien différents de tout ce qui se faisait au Gondor. Celle qui m’attira avait une très grande bouche ouverte ; elle contenait un morceau de parchemin. Sans prendre le temps de le lire je le mis dans ma ceinture et y collai alors mon oreille comme on écoute la mer dans un coquillage. Une litanie de mots dans une langue inconnue y résonnait. Elle était évidente à mémoriser et je me hâtai d’en infliger la récitation au vieil arbre. Un tremblement de rage le fit frémir des racines à la cime ; sa colère était confrontée à une autorité supérieure. Dans un claquement sec, les racines s’ouvrirent brusquement, éjectant mes compagnons. Ceux-ci, tous éveillés maintenant s’écartèrent vivement de l’arbre, remplis de peur. La pluie ne tombait plus, le vent était tombé. Mais la nuit commençait à tomber. Pas le temps de comprendre combien de temps avait duré ma méditation, ainsi que le sommeil de mes compagnons, pas le temps de comprendre pourquoi cette vallée était un piège où l’eau était capturée, pas le temps de comprendre pourquoi le bosquet était devenu un trou d’ombre dans la pénombre, pas le temps…
« Ne restons pas un instant de plus ici, les trolls vont se réveiller ! »
Mardil nous secouait les uns après les autres, les trolls étaient ce qu’il craignait le plus au monde.
Poussant et tirant il nous fit sortir de la vallée. Reprenant nos esprits nous entendîmes tous alors le raclement sourd d’une lourde pierre roulée en contrebas.
Mais bon, voici quand même la suite !
Chapitre 4.1
Girithron (décembre) était bien avancé quand Orodreth et Vorondil furent de nouveau sur pied. De petites bandes d’orques en provenance de Verlamin et du refuge nain commençaient à s’attaquer aux hameaux les plus isolés. Certains paysans – ceux dont les bâtisses s’y prêtaient – s’étaient regroupés et avaient reçu en renfort des hommes de troupe. D’autres avaient trouvé refuge au plus près de Pinnornost. Et tous les hommes disponibles avaient étés réquisitionnés pour former des patrouilles.
J’avais gagné mes galons de soldat du Gondor dans cette affaire, d’autant plus que je sortis un morceau de parchemin taillé de ma poche alors que nous faisions le point de la situation.
« Je trouver ça dans veste de l’orque guetteur » dis-je en le tendant à Orodreth.
Les deux morceaux ne s’assemblaient pas, mais c’étaient la même peau et la même écriture.
C’était là le début du parchemin et deux passages faisaient directement allusion à la cause de nos craintes actuelles :
« …l’ascendant que prit sur moi un esprit… » et :
« …plus terrible serviteur du Noir ennem » où le mot coupé était manifestement Noir ennemi.
Portion 2 du texte voir discord
EDITION du 07/05/2023 (par Irwin, vu avec Sam Sanglebuc) : ajout d'une image.
« Nous n’avons plus qu’à nous rendre dans la vallée de Nandûr si nous voulons reconstituer ce puzzle. » conclu Orodreth.
Chapitre 4.2
C’est avec l’aide d’une conteuse et d’un nommé Turgon de Drûg que Morwen avait pu interpréter la troisième gravure. Nandûr – vallée sombre – fut il y a bien longtemps couverte d’arbres immenses. Les hommes de la Númenor décadente, voulant construire toujours plus de navires au service de leurs conquêtes, rasèrent la forêt. Ne restèrent que quelques arbres tordus, inutilisables pour les mâts ; les autres ne repoussèrent jamais. La colère ne quitta plus ce lieu et même le peuple mystérieux des Drúedain n’y demeura pas longtemps.
Ce lieu se trouvait sur un petit affluent de la Lefnui à environ quatre jours de marche au nord, dans la Nan-i-feryth. Toute cette vallée était comme un haut plateau, balayé par les vents, revêtu d’une maigre végétation. En cette période de l’année, elle était désertée par ses habitants, des clans Dunnéens vivant d’élevage, pour donner à leurs troupeaux l’herbe grasse des environs de Sanathondost. Lothíriel nous conduisit parmi les prairies sèches le long de la Lefnui, avec une halte confortable dans le bourg fortifié de Lanormir. Les nouvelles des troubles y étaient déjà arrivées, mais aucun orque ne s’était encore montré. Un dernier bivouac, cette fois ci réchauffé par un bon feu et nous atteignîmes Nandûr en milieu de matinée. L’affluent de la Lefnui jaillissait devant nous du fond d’une gorge et notre guide nous fit faire un détour par le sud. La butte d’où jaillissait la rivière se séparait en deux collines qui formaient vallée, à notre gauche en contre bas apparut un bosquet, puis de nouveau la rivière serpentant au milieu de quelques buissons, iris d’eau et rochers. Un arbre solitaire, bas et large avait planté ses racines dans l’eau. Se dressait enfin une surprenante construction, entièrement faite de pierres plates empilées les unes sur les autres, mais avec une grande régularité.
Anborn précisa qu’il s’agissait d’une simple demeure de bûcherons de l’époque où Númenor puisait dans les forêts de quoi armer sa flotte.
« Dans leur folie, les hommes de Númenor dévastèrent ces terres autrefois riches et fertiles, apportant à leurs habitants misère et frustration. Ils s’attirèrent ainsi la haine de nombreux hommes. » ajouta Lothíriel.
Ce à quoi répondit Vorondil :
« Mais sans les secours apportés par cette flotte Númenoréenne, les hommes libres de l’ouest seraient tous esclaves des ténèbres. »
Un vent glacial soufflait sur cette hauteur, chargé de l’humidité de la rivière. Nous fûmes pénétrés jusqu’aux os, soudainement transis de froid.
« Descendons près du lit de la rivière, nous y serons à l’abri du vent » proposa Lothíriel. Sans nous faire prier, nous dévalâmes la pente recouverte d’herbe sèche, passant à droite et à gauche de la bâtisse de pierre. Le vent jouait avec les pierres, les faisant ronfler et murmurer. Les iris poussaient là dans une terre humide dans laquelle nos pieds commençaient à s’enfoncer. Le vent avait tourné et de lourds nuages s’amoncelaient au-dessus de nos têtes. Une pluie serrée commença de tomber.
« Nous serons trempés en quelques minutes ! » grogna Orodreth.
« Essayons d’entrer dans l’abri à bûcherons »
Une lourde pierre fermait l’entrée, de l’intérieur, de même pour les deux petites fenêtres latérales.
« Je n’aime pas ce bruit du vent qui fait ronfler les pierres » protesta Anborn.
À ces mots, chacun se mit à écouter.
« Le ronflement ne vient pas du vent, mais de l’intérieur » déclarai-je.
« Il y a quelque chose qui dort »
Mardil s’inquiéta :
« Et le soleil qui est voilé… »
« Normalement ce n’est qu’au vrai coucher du soleil que vient le danger, mais nous ferions mieux de trouver un abri ailleurs » répondit Vorondil.
Les avant-toits étaient trop petits, la pluie continuait de tomber, le froid n’avait pas diminué. Il nous restait l’arbre.
Son feuillage dense, sa taille basse nous protégeaient de la pluie et du vent. Chacun rabattit son capuchon avec soulagement. La pluie redoubla mais l’herbe sous l’arbre était verte et épaisse et nous étions là au sec.
« Qui cherche des champignons, prend un bâton
« Appuie-toi sur lui si tu veux méditer
Je m’étais accroupi, les mains fermement agrippées à mon bâton, le regard fixé au-delà du rideau de pluie qui nous entourait. Les rochers aperçus auparavant m’intriguaient : ils semblaient taillés ou sculptés. Et ce bosquet, tellement sombre : la rivière y pénétrait avec un bruit de cascade et devait passer sous terre pour réapparaître plus loin.
« …tu verras plus loin que les sorciers ne croient… »
Une vague de douce chaleur passa, je fus pris d’une terrible envie de me reposer et de dormir. Je trouvai cependant la force de résister. Des craquements sinistres se firent entendre, l’arbre tout entier frémissait. Mes compagnons qui s’étaient adossés au tronc venaient de s’enfoncer entre les racines, tous endormis. Encore peu de temps et cet arbre animé d’une profonde et terrible colère allait les engloutir ou les broyer. Il me fallait trouver une solution très vite.
« Je ne t’opposerai pas les armes des bûcherons » lui dis-je à mi-voix, tournant mon regard de droite et de gauche. Je sortis sous la pluie, pestant de me retrouver trempé en quelques instants, grelottant à nouveau. Les pierres étaient bien sculptées, à l’image d’hommes grossiers et trapus, ornées de motifs mystérieux, bien différents de tout ce qui se faisait au Gondor. Celle qui m’attira avait une très grande bouche ouverte ; elle contenait un morceau de parchemin. Sans prendre le temps de le lire je le mis dans ma ceinture et y collai alors mon oreille comme on écoute la mer dans un coquillage. Une litanie de mots dans une langue inconnue y résonnait. Elle était évidente à mémoriser et je me hâtai d’en infliger la récitation au vieil arbre. Un tremblement de rage le fit frémir des racines à la cime ; sa colère était confrontée à une autorité supérieure. Dans un claquement sec, les racines s’ouvrirent brusquement, éjectant mes compagnons. Ceux-ci, tous éveillés maintenant s’écartèrent vivement de l’arbre, remplis de peur. La pluie ne tombait plus, le vent était tombé. Mais la nuit commençait à tomber. Pas le temps de comprendre combien de temps avait duré ma méditation, ainsi que le sommeil de mes compagnons, pas le temps de comprendre pourquoi cette vallée était un piège où l’eau était capturée, pas le temps de comprendre pourquoi le bosquet était devenu un trou d’ombre dans la pénombre, pas le temps…
« Ne restons pas un instant de plus ici, les trolls vont se réveiller ! »
Mardil nous secouait les uns après les autres, les trolls étaient ce qu’il craignait le plus au monde.
Poussant et tirant il nous fit sortir de la vallée. Reprenant nos esprits nous entendîmes tous alors le raclement sourd d’une lourde pierre roulée en contrebas.
La lumière n'indique pas le bout du tunnel, c'est la lanterne de celui qui comme toi, cherche à sortir.