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Ils voulaient rester libres
#27
chapitre 3.3  (j'ai remis le parchemin coupé Discord arts 20/09 19h39)

EDITION du 07/05/2023 (par Irwin, vu avec Sam Sanglebuc) : ajout d'une image.
[Image: unknown.png]

Quant à la pierre, elle était ornée de motifs ciselés, parmi lesquels on reconnut rapidement un mot prononcé depuis peu : Gondratiriel, trouvé sur les murs du deuxième niveau. C’est Lothíriel qui appréhenda l’objet la première :
« C’est une pierre qui regarde, qui nous vient de Númenor » Dit-elle en se levant prudemment. Elle s’approcha des créneaux nord en tenant la pierre devant ses yeux.
« Ça y est ! » fit-elle après avoir cherché quelques instants
« Voilà une autre pentirn »
Glissant la pierre dans sa ceinture elle ajouta en souriant :
« Il est logique de trouver une pierre qui regarde dans une sentinelle de crête, c’est un bon moyen pour surveiller les géants. »
Et dans le regard amusé qu’elle me porta, je ne sus discerner entre le sérieux et la moquerie :
« Sinon les géants t’écraseront de leurs pierres… »
Après avoir poursuivi quelque temps nos recherches, le soleil se coucha et nous descendîmes tous au deuxième niveau pour y passer la nuit à l’abri. Recroquevillés dans nos couvertures, nous prîmes un repas froid, car il n’était pas question d’attirer l’attention avec un feu. Avant de reparler du parchemin j’abordais cette question qui me troublait :
« Vous me faites peur avec vos histoires de géants, que vouliez-vous vraiment dire ? »
Mardil répondit le premier :
Ma grand-mère est du Lamedon ; quand je vivais chez elle, à Calembel, elle aimait me raconter l’histoire de Tarlang et ses comparses. Ces géants, trompés par le Noir Ennemi dans les premiers temps du monde, élevèrent une barrière de montagnes pour bloquer la route aux hommes. Malheureusement pour lui, Tarlang chuta alors qu’il portait son fardeau de roches. Il se brisa le cou et ne se releva plus. Le bloc posé sur son épaule droite tomba près de sa tête : c’est le Cûl veleg adossé au Dol tarlang sa tête. Son cou forma alors le col entre les deux vallées du Ciril et de Morthond. Le panier qu’il tenait dans sa main gauche s’éparpilla plus à l’est, c’est aujourd’hui le Cûl bîn, près d’Ethring sur le Ringlo. Quant à son corps brisé, les autres géants s’en servirent pour terminer leur ouvrage : les Montagnes blanches. »
« Depuis des générations on fait peur aux enfants de ma famille avec les histoires de géants. Au-delà de l’Anfalas, c’est une terre de sauvages. Verlamin, ses mines et l’Ered Ethryn. Pour ma mère, comme sa mère, un bon Gondorien vit dans la plaine côtière, pas dans la montagne ! » Ajouta Anborn en souriant.
« Quant à moi », continua Lothíriel, « on m’a appris que nos ancêtres de Númenor se méfiaient de ces géants, au point d’avoir mis en place ce réseau de surveillance que sont les pentirn. Les gondratiriels permettent de communiquer d’une tour à l’autre, probablement avec des signes faits avec les bras ; la vue est très nette, même avec un temps brumeux comme aujourd’hui. »
« Mais les géants n’existent pas » dit Anborn « c’est simplement la montagne qui est dangereuse »
« À moins que géants et montagne ne soient qu’une seule et même chose » conclu Vorondil. « Croyez-en l’expérience des Maîtres des mines ! »
Je m’attendais à ce qu’Orodreth poursuive en évoquant son père, mais il était fermé à ce sujet. Il prit le premier tour de garde et nous nous endormîmes.


Au matin, c’est Mardil qui nous réveilla ; la nuit n’avait été troublée que par le passage, loin à l’est d’une troupe d’orques accompagnés de quelques trolls. Lothíriel les avait aperçus au moment où ils franchissaient une ligne de crête.
« Une trentaine d’orques, et quatre trolls marchant vers le sud. Il n’y avait pas d’étoiles, mais la lueur de leurs torches suffisait à la Gondratiriel. C’est un très bel outil, bien pratique pour voir l’ennemi de loin » commenta-t-elle.
Après avoir une dernière fois exploré la tour, mémorisé les phrases gravées sur les murs, nous quittâmes la tour. Je sautais à nouveau par-dessus la partie de plancher effondré, évitant de regarder en dessous cette eau sale. J’avais beaucoup de mal avec ces trous dont on ne voyait pas le fond. Sans parler des cauchemars de cette nuit : des hommes tout noirs, gigantesques, portant des paniers remplis de rochers qu’ils nous jetaient en riant alors que la terre tremblait, et pour finir une armée de ces géants déferlant sur la montagne comme la mer sur la côte…
Nous repassâmes devant les quatre mines abandonnées, puis peu de temps avant d’atteindre Pinnornost nous obliquâmes vers le nord, passant entre deux montagnes.
Orodreth nous donna quelques explications au sujet de la clé :
« D’après ma mère, cette clé doit ouvrir un refuge secret, autrefois creusé par des nains. Ce doit être un présent, reçu par un lointain ancêtre et transmis de génération en génération. Mais il n’a probablement jamais servi. »




Chapitre 3.4


Le dessin, simple et précis, gravé sur le feuillet de plomb et les indications des plans trouvés aux archives nous permirent de trouver sans grande difficulté l’entrée du refuge. La clé, au dessin complexe glissa dans une petite fissure et tourna sans forcer. Un clic discret, le contour de la porte se dessina et Orodreth poussa la porte avec un long bâton. Nous étions répartis sur les côtés, les soldats, épée au poing au plus près de la porte. Orodreth et Damrod entrèrent en même temps et se fondirent dans l’ombre. Pas de danger immédiat ; ils nous firent entrer. Pourtant cela sentait le traquenard à plein nez. Je trouvai mes compagnons bien imprudents cette fois ci et Orodreth répondit à ma remarque avec un trop simple :
« Nous sommes très prudents »
Le refuge était agréablement ventilé, et de nombreux puits de jours éclairaient cette grotte comme une nuit faiblement étoilée. Deux petites salles se trouvaient de part et d’autre du couloir d’entrée. Quelques objets et effets oubliés feraient l’objet d’une fouille méthodique après une première exploration. Dans la salle de droite se trouvait un escalier en colimaçon taillé dans le roc qui donnait deux niveaux plus haut sur une fenêtre permettant d’observer l’entrée extérieure. L’autre partie de l’escalier conduisait au niveau inférieur, dans une galerie en cul de sac, probablement une mine tôt abandonnée. Le couloir d’entrée donnait aussi à gauche sur une vaste salle de vie. Orodreth nous conduisit d’abord vers le fond, lieu de la première mine. Le sol uni laissa bientôt la place à une pente raide mal dégrossie, alors que le couloir devenait tunnel de plus en plus large et nous débouchâmes sur une caverne totalement sombre. Nous étions plaqués de chaque côté contre les parois, accroupis, attendant d’accoutumer davantage nos yeux. Nous étions repérés, c’était évident me dis-je à moi-même, et mes compagnons, certes prudents, se jetaient dans la gueule du loup sans m’avoir pris au sérieux. Damrod poussa une lanterne voilée à l’aide d’un long bâton sur le pont passerelle qu’on apercevait en avant dans la pénombre. Avant qu’il ne la dévoile, je m’étais déjà promptement glissé sur la droite, descendant le long d’un pan fortement incliné. La lanterne éclaira alors une vaste grotte, traversée dans le sens de la longueur par une passerelle en bois. La partie sous la passerelle restait dans l’ombre, mais on distinguait à son extrémité le bout d’une échelle qui dépassait. Je rencontrai sous mes pieds quelque chose de mou, probablement végétal et je descendis d’encore deux mètres en silence. Mes compagnons qui ne s’étaient pas aperçus de mon départ continuaient leur manœuvre. Damrod voila à nouveau la lanterne et Mardil – qui avait gardé les yeux fermés pour ne pas être ébloui – s’avança sur la passerelle, suivi d’Orodreth. Malgré l’obscurité, je savais parfaitement où j’étais. Le fond de cette grotte, environ six mètres sous la passerelle, était encombré de végétaux de très grande taille, et sous mes pieds une épaisse couche de mousse. Au bout de la grotte se cachait un orque, je devinais sa présence. Alors que je m’approchais de lui, me glissant entre les végétaux, j’entendis un grincement brusque et un bruit de chute. Mardil et Orodreth venaient de tomber. Leur chute légèrement amortie, ils gémissaient cependant. La lanterne fut de nouveau dévoilée, puis Damrod et Lothíriel tentèrent de les rejoindre. Une partie de la passerelle avait cédé, qu’ils franchirent en redoublant de prudence. Puis ils descendirent par l’échelle. Attentif à ce qui arrivait à mes compagnons, l’orque ne m’avait toujours pas repéré. J’étais tout près maintenant ; il tenait son arc avec une flèche encochée et regardait alternativement l’échelle et l’autre extrémité de la passerelle. Un cri étouffé, les barreaux de l’échelle cèdent sous Damrod qui entraîne Lothíriel dans sa chute. Mon orque n’a pas été étonné et concentre maintenant son attention sur l’entrée de la grotte. Il attend d’autres membres du groupe ! C’est un piège d’où aucun ne doit pouvoir sortir. Vorondil appelle alors :
« comment allez-vous ? »
Et Orodreth de répondre :
« Ne vous montrez pas restez en retrait ! »
Un bruit mat, un nouveau cri de douleur de Damrod et je sens un léger courant d’air : d’autres orques viennent de pénétrer dans la grotte par un tunnel caché. Mon orque se hisse aussitôt sur ce qui ressemble de plus en plus à des champignons géants et profitant de la lueur de la lanterne vise Vorondil. D’un brusque moulinet de mon bâton je lui brise la cheville puis je l’embroche alors qu’il vacille et je me rapproche des autres. Damrod ne bouge plus, il est allongé sous la plaque de pierre qui masquait l’entrée du tunnel. Des orques se battent avec Orodreth et Mardil un peu plus loin et Lothiriel est tirée en retrait par deux orques alors qu’elle se débat. Celui qui me tourne le dos ne porte qu’un petit casque : je lui brise la nuque. Le second se sert alors de Lothíriel comme d’un bouclier tout en lui plaquant son poignard contre la gorge : il ricane en voyant que je n’ai qu’un bâton. Mais dès que je lui plaque contre sa propre gorge il s’effondre contre la paroi rocheuse en tremblant. Lothíriel, reprenant ses esprits le désarme. J’hésite un instant : au bruit que j’entends, les deux blessés ont dû être rejoints par Vorondil et Anborn. L’orque en profite mais s’effondre à mes pieds, transpercé de sa propre arme, que tient fermement Lothíriel.
Juste au-dessus de Damrod, je devine le boyau que les orques étaient en train de creuser, dont l’ouverture était dissimulée par la plaque de pierre. La lanterne qui brûle toujours au-dessus de nous me permet de distinguer la scène : Mardil et Orodreth sont aux prises avec trois orques après en avoir abattu deux et Vorondil gît sous un petit champignon alors que deux autres sortent du boyau. Le premier, profitant de sa position élevée se jette sur moi, et serre ses mains griffues autour de mon cou. Je bascule à la renverse tout en parvenant à passer mon bâton derrière lui et à le rattraper de la main gauche. Alors que ses griffes commencent à me percer la gorge, je serre le bâton contre sa nuque. Son visage haineux, ses crocs baveux se plaquent sur mon visage avec un craquement sinistre. Sa nuque brisée, je peux le repousser sur le côté. L’autre a avisé Lothíriel qui s’est penchée sur Damrod, tentant de lui venir en aide. Il ne s’attendait pas à ce que je me débarrasse aussi vite de son comparse ; là encore le bâton fait son œuvre. Orodreth est à terre, Mardil se débat au corps à corps avec les deux derniers. C’est à ce moment que réapparaît Anborn, après avoir décidé de désobéir à son chef. Nous abattons en même temps nos armes sur les deux derniers orques. Laissant pour le moment mes compagnons encore valides s’occuper des autres, je me glisse dans le boyau. Au bout de quelques mètres je sens le boyau s’élargir, le sol devient instable, je palpe des pioches, des pelles. Il y a d’autres orques, plus nombreux, mais ils sont encore loin. Ce petit groupe était là pour élargir le passage, il nous faut partir sans tarder. Mais au risque d’être bien vite rattrapés, car il nous faut remonter avec une échelle et une passerelle piégées… J’entends derrière moi Anborn :
« Il manque Fé-dan, il était là il y a un instant ! »
Alors je trouve ce que je cherche : une fissure, au-dessus de ma tête, un gros bloc instable, fragilisé par les travaux des orques. Je passe mes doigts sur les signes gravés sur mon bâton :
« Tu leur imposeras, vous ne fléchirez pas... »
Je glisse l’extrémité dans la fissure, il se courbe, un coup sec et dans un bruit sourd le bloc tombe, obstruant le boyau de toute sa masse.
« J’arrive ! J’arrive, tout va bien ! » dis-je en criant, tout en m’extirpant de l’étroit passage maintenant rempli d’une poussière âcre. J’explique rapidement la raison de mon escapade afin d’apaiser l’évacuation des blessés.
C’est avec grand peine que nous parvînmes à remonter Orodreth, Vorondil et Damrod. Mais ce dernier, malgré tous les efforts de Lothíriel s’éteignit quelques heures après notre arrivée à Pinnornost.
La lumière n'indique pas le bout du tunnel, c'est la lanterne de celui qui comme toi, cherche à sortir.
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Ils voulaient rester libres - par sam sanglebuc - 21.08.2022, 13:35
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