21.08.2022, 13:35
(Modification du message : 23.08.2022, 18:39 par sam sanglebuc.
Raison de la modification: coquille
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Chapitre 1.1
« Je cherche Hirluin, d’Anfalas »
C’est avec ces quelques mots, prononcés avec mon fort accent, que nous avancions depuis des jours à travers la terre des Hommes de l’Ouest. Gondor, Anfalas, Osgiliath : ces lieux étaient gravés dans nos mémoires depuis nos jeunes jours. Lors des veillées paisibles comme pendant les nuits où nous fuyions l’oppression, Pué-lan nous racontait : une terre, loin à l’ouest, plus loin que Rysddène, au-delà des Orientaux de Rhûn. Une terre où la mer n’était jamais prise par les glaces, avec un chef, un roi juste, puissant sans être cruel, allié d’aucun orque ou sorcier. Lui, son peuple et leurs voisins étaient unis contre les Hunhuné, qu’ils nomment Ulari et avaient rejeté depuis les débuts des âges toutes ténèbres et seigneur ténébreux qui soit. C’est Hué-teng, le père de Pué-lan, qui fut le premier d’entre nous à atteindre cette terre merveilleuse. Nombre de ses compagnons de route moururent en chemin, affrontant les périls d’une route inconnue, la cruauté des Orientaux et les griffes de trolls sauvages. Pué-lan naquit là-bas, et reçut de Golasgil, seigneur de l’Anfalas, le nom de Pué-lan Hérion. Devenu homme, le souvenir de ses frères restés à Neu-lène poussa Pué-lan Hérion à quitter la paix du Gondor pour tenter de rallier tous ceux qui voulaient fuir l’oppression des serviteurs des ténèbres. Prenant à l’envers la route de son père il était revenu parmi nous, et depuis des années il haranguait, encourageait et formait les candidats au départ. J’étais de ceux-là, attendant avec impatience le jour où ma mère me déclarerait 'homme'. Avec quelques amis nous étions résolus à rejoindre Hirluin, le frère du seigneur Golasgil, qui était 'maître des mines'. Ce titre nous fascinait, bien que nous ne sachions pas vraiment ce qu’il signifiait, et pour cela nous devions aller en Anfalas.
Le moment tant attendu arriva enfin : nos mères nous avaient rassemblés et c’est avec une angoisse mal contenue qu’elles nous regardèrent longuement prendre la route du soleil couchant.
Cinq mois d’une marche périlleuse nous avaient conduits au Rhovanion, où vivait un peuple allié du Gondor. Là nous apprîmes que des événements dramatiques venaient de se dérouler ces dernières années. Une guerre civile, l’exil du roi auprès de sa belle-famille en Rhovanion et son remplacement par un usurpateur pendant dix ans. Il y a quelques jours à peine la nouvelle du retour victorieux du roi Eldacar avait réjoui le peuple, bien qu’elle ait été acquise au prix du sang lors du siège de Pelargir. Non seulement les familles princières s’étaient entre-tuées, mais aussi de nombreux rebelles avaient refusé de se soumettre, trouvant refuge dans la lointaine cité d’Umbar.
C’est un paysage tristement familier qui s’offrit à nos yeux lors de notre arrivée dans cette cité portuaire de Pelargir. Les luttes de pouvoir entre les cités de Rysdène, Lurdôn, Ralôkène et Prynte nous avaient habitués à ce spectacle de désolation : ruines fumantes, silence de mort, charognards se repaissant de cadavres. Nous même avions retrouvé plusieurs fois notre village dévasté après des expéditions punitives sensées nous mettre au pas. C’étaient là des méthodes de sorciers, de fidèles des Hunhunés ; comment cela avait-il pu arriver au Gondor ?
Les notions de géographie inculquées par Pué-lan, les cartes que nous avions appris à utiliser nous permirent d’atteindre enfin l’Anfalas. Après Pelargir la 'route du Gondor' nous avait, via Linhir, conduit à longer la côte du Belfalas et là, avec la mer à notre gauche et les Pinath gelin à droite s’ouvrait devant nos yeux le Longestran, ou Anfalas. Encore quelques jours de marche et nous atteindrions le port de Lond galen, siège du seigneur Golasgil et de notre ami Hirluin. Cette guerre civile, qui allait prendre le nom de Lutte Fratricide avait désorganisé le pays, mais partout on sentait ce désir de tourner la page tout en gardant le cap. Le roi, animé d’un désir d’apaisement souhaitait réunifier et réconcilier tout le pays, mais il semblait établi que chaque province allait devoir se débrouiller seule le temps qu’un pouvoir central se rétablisse. Le nom d’Hirluin était relativement connu en Gondor, mais personne ne fit de commentaire concernant son attitude ou le camp qu’il avait choisi ces dernières années. La page était tournée.
Nous fîmes une dernière pause dans le village de Lennan. Pendant quelques jours un pêcheur nous embaucha à laver les filets, trier les poissons et autres tâches simples. La plupart d’entre nous avait appris à pêcher avec son père, à saler avec sa mère, mais ici les filets étaient étranges, et la langue encore une barrière. Il nous était vexant de faire le travail des enfants, cependant cela nous permettait de subvenir à nos besoins de route. Et nous entrâmes à Lond galen.
EDITION du 07/05/2023 (par Irwin, vu avec Sam Sanglebuc) : ajout d'une carte.
Ils voulaient rester libres
Cette histoire est inspiré d'un passage du Silmarillion [Les Anneaux de pouvoir et le troisième âge] :
« … et Sauron régnait partout ailleurs. Ceux qui voulaient rester libres se réfugiaient sous le couvert...et la peur les suivait. »
On y suit les aventures d'hommes de l'est venus chercher la liberté à l'ouest, probablement après le passage des Mages Bleus dans leur région.
J'essaie d'y explorer le thème de l'immigration et de l'assimilation au Gondor, et celui de la liberté intérieure. C'était accompagné d'un projet de campagne JDR, qui n'a pu aller jusqu'au bout.
Je vais publier probablement tous les deux jours, en divisant mes chapitres originels.
N'étant pas du tout linguiste, j'ai repris des noms issus de MERP, et j'ai inventé à la va vite (mais avec beaucoup d'amour) quelques termes elfiques, dunéens ou de langues de l'est.
Chapitre 1.1
« Je cherche Hirluin, d’Anfalas »
C’est avec ces quelques mots, prononcés avec mon fort accent, que nous avancions depuis des jours à travers la terre des Hommes de l’Ouest. Gondor, Anfalas, Osgiliath : ces lieux étaient gravés dans nos mémoires depuis nos jeunes jours. Lors des veillées paisibles comme pendant les nuits où nous fuyions l’oppression, Pué-lan nous racontait : une terre, loin à l’ouest, plus loin que Rysddène, au-delà des Orientaux de Rhûn. Une terre où la mer n’était jamais prise par les glaces, avec un chef, un roi juste, puissant sans être cruel, allié d’aucun orque ou sorcier. Lui, son peuple et leurs voisins étaient unis contre les Hunhuné, qu’ils nomment Ulari et avaient rejeté depuis les débuts des âges toutes ténèbres et seigneur ténébreux qui soit. C’est Hué-teng, le père de Pué-lan, qui fut le premier d’entre nous à atteindre cette terre merveilleuse. Nombre de ses compagnons de route moururent en chemin, affrontant les périls d’une route inconnue, la cruauté des Orientaux et les griffes de trolls sauvages. Pué-lan naquit là-bas, et reçut de Golasgil, seigneur de l’Anfalas, le nom de Pué-lan Hérion. Devenu homme, le souvenir de ses frères restés à Neu-lène poussa Pué-lan Hérion à quitter la paix du Gondor pour tenter de rallier tous ceux qui voulaient fuir l’oppression des serviteurs des ténèbres. Prenant à l’envers la route de son père il était revenu parmi nous, et depuis des années il haranguait, encourageait et formait les candidats au départ. J’étais de ceux-là, attendant avec impatience le jour où ma mère me déclarerait 'homme'. Avec quelques amis nous étions résolus à rejoindre Hirluin, le frère du seigneur Golasgil, qui était 'maître des mines'. Ce titre nous fascinait, bien que nous ne sachions pas vraiment ce qu’il signifiait, et pour cela nous devions aller en Anfalas.
Le moment tant attendu arriva enfin : nos mères nous avaient rassemblés et c’est avec une angoisse mal contenue qu’elles nous regardèrent longuement prendre la route du soleil couchant.
Cinq mois d’une marche périlleuse nous avaient conduits au Rhovanion, où vivait un peuple allié du Gondor. Là nous apprîmes que des événements dramatiques venaient de se dérouler ces dernières années. Une guerre civile, l’exil du roi auprès de sa belle-famille en Rhovanion et son remplacement par un usurpateur pendant dix ans. Il y a quelques jours à peine la nouvelle du retour victorieux du roi Eldacar avait réjoui le peuple, bien qu’elle ait été acquise au prix du sang lors du siège de Pelargir. Non seulement les familles princières s’étaient entre-tuées, mais aussi de nombreux rebelles avaient refusé de se soumettre, trouvant refuge dans la lointaine cité d’Umbar.
C’est un paysage tristement familier qui s’offrit à nos yeux lors de notre arrivée dans cette cité portuaire de Pelargir. Les luttes de pouvoir entre les cités de Rysdène, Lurdôn, Ralôkène et Prynte nous avaient habitués à ce spectacle de désolation : ruines fumantes, silence de mort, charognards se repaissant de cadavres. Nous même avions retrouvé plusieurs fois notre village dévasté après des expéditions punitives sensées nous mettre au pas. C’étaient là des méthodes de sorciers, de fidèles des Hunhunés ; comment cela avait-il pu arriver au Gondor ?
Les notions de géographie inculquées par Pué-lan, les cartes que nous avions appris à utiliser nous permirent d’atteindre enfin l’Anfalas. Après Pelargir la 'route du Gondor' nous avait, via Linhir, conduit à longer la côte du Belfalas et là, avec la mer à notre gauche et les Pinath gelin à droite s’ouvrait devant nos yeux le Longestran, ou Anfalas. Encore quelques jours de marche et nous atteindrions le port de Lond galen, siège du seigneur Golasgil et de notre ami Hirluin. Cette guerre civile, qui allait prendre le nom de Lutte Fratricide avait désorganisé le pays, mais partout on sentait ce désir de tourner la page tout en gardant le cap. Le roi, animé d’un désir d’apaisement souhaitait réunifier et réconcilier tout le pays, mais il semblait établi que chaque province allait devoir se débrouiller seule le temps qu’un pouvoir central se rétablisse. Le nom d’Hirluin était relativement connu en Gondor, mais personne ne fit de commentaire concernant son attitude ou le camp qu’il avait choisi ces dernières années. La page était tournée.
Nous fîmes une dernière pause dans le village de Lennan. Pendant quelques jours un pêcheur nous embaucha à laver les filets, trier les poissons et autres tâches simples. La plupart d’entre nous avait appris à pêcher avec son père, à saler avec sa mère, mais ici les filets étaient étranges, et la langue encore une barrière. Il nous était vexant de faire le travail des enfants, cependant cela nous permettait de subvenir à nos besoins de route. Et nous entrâmes à Lond galen.
EDITION du 07/05/2023 (par Irwin, vu avec Sam Sanglebuc) : ajout d'une carte.
La lumière n'indique pas le bout du tunnel, c'est la lanterne de celui qui comme toi, cherche à sortir.