18.11.2020, 22:06
(12.11.2020, 21:30)Jirian a écrit : En savons-nous plus à ce sujet ? S'explique-t-il quelque part sur les transformations géologiques qui conduisent à notre monde ? De la disparition de la magie, des elfes, des orques ?
Tolkien donne réponse à la première question à plusieurs reprises et de façon très précise dans la lettre 211, de 1958 (comme l'a indiqué Tikidiki).
Il reformula la même réponse en 1965 lors d'une interview par Denys Gueroult (transcrite et traduite dans l'Arc et le Heaume Hors-série 2) :
Citation :Gueroult : [...] vous n’essayez pas du tout de relier cela [la chronologie du légendaire] avec le temps tel que nous le connaissons aujourd’hui. Pourquoi cela ?
Tolkien : Parce que cela aurait été impossible. Parce que cela interférerait et entraverait une histoire librement inventée inhérente à un récit.
[...]
Cela ne fonctionnerait pas vraiment, [...] que cela soit paléontologiquement ou archéologiquement, pas du tout. En fait, je dirais que vous ne pouvez pas vraiment faire de lien satisfaisant entre les masses continentales telles que je les ai décrites et les masses continentales telles que nous les connaissons [...]. J’ai simplement voulu que les gens entrent dans ce récit et le considèrent comme si c’était l’histoire réelle. Il me semble qu’être coupé par un grand abîme d’âges aurait le même effet que celui que vous avez dans un récit scientifique lorsque vous allez dans quelque partie reculée de la galaxie, [...] vous avez ce sentiment d’être très loin, dans un monde possible, mais éloigné ; c’est tout.
Un autre extrait est également intéressant pour comprendre la pensée de Tolkien à cette époque et répondre aux deux questions (interview d'Henry Resnick en 1966 - traduite dans l'Arc et le Heaume 2) :
Citation :Resnick : J’ai compris que le Quatrième Âge est vraiment le nôtre, que nous sommes dans le Quatrième Âge.
Tolkien : Ce n’est pas nécessairement exactement cela. C’est le début de ce que vous pourriez appeler l’histoire. Ce que vous avez, c’est une période imaginaire dans laquelle la mythologie existait toujours véritablement dans le monde réel. Disons que vous avez… des figures abstraites – pas des figures abstraites, plutôt des mythes incarnés ; mais une fois finis, éparpillés, dispersés, tout ce qu’il vous reste est l’histoire des êtres humains – le jeu entre le bien et le mal dans l’histoire.
Resnick : Nous sommes dans l’âge de la domination des hommes ?
Tolkien : C’est plus tard. Cela pourrait s’appliquer à beaucoup d’âges. C’est ici le début de l’histoire, quand on ne voit plus de démons ou d’anges se promenant [sur Terre].