19.03.2019, 08:38
J'ai enfin pris le temps de lire l'article, qui s'avère intéressant et plutôt bien informé. Toutefois, si l'auteur a raison d'insister sur la position modérée et humaine de Tolkien vis-à-vis des Allemands pendant la Deuxième guerre mondiale, il a tort d'extrapoler cela à la période où Tolkien combattait dans les tranchées :
De fait, c'est vrai pour les lettres publiées, mais si l'on consulte le Qenya Lexicon, on peut tomber sur une entrée qui correspond très précisément à une démonisation de l'ennemi, au demeurant assez compréhensible vu les conditions du combat et la douleur de perdre certains de ses meilleurs amis à la guerre (cf. PE 12, p. 44) :
Les éditeurs citent d'ailleurs le carnet PME, qui donne à ce propos : « kalimbo ‘goblin, monster’ » et « kalimbardi ‘goblins’ ». On retrouve encore ce terme dans le PE 13, où il s'agit d'un terme elfique alternatif pour désigner les Orques, puis dans le PE 14, où c'est un nom alternatif pour Gothmog, puis il ne semble plus réapparaître.
Par ailleurs, je suis en désaccord avec l'auteur sur le fait que la dispersion des Orques suite à la destruction de l'Anneau serait incohérente avec la capacité qu'ont les Orques de faire preuve de libre-arbitre. En effet, Tolkien insiste par ailleurs sur la capacité qu'avait Sauron de diriger par la pensée les actions des Orques, à condition d'y consacrer son attention. Il me semble assez cohérent que des créatures amenées à combattre un ennemi en bataille rangée sous l'effet d'une compulsion mentale puissent être amenées à se débander en quelques instants quand cette compulsion cesse brutalement, a fortiori si elle sentent que leur ancien maître vient de disparaître et qu'elles voient leurs alliés humains hésiter, fuir ou se rendre.
Quant à la question des ennemis devenus alliés et vice-versa, j'en retire le sentiment que l'auteur veut ici attirer l'attention sur le fait qu'on n'observe guère cela vis-à-vis des Orques, du fait qu'il s'agit presque littéralement de démons et non de simples ennemis, vu que l'action se situe dans le royaume des contes de fées et non dans un cadre géopolitique réaliste. De fait, il insiste avec raison sur la différence de traitement entre Orques et humains inféodés à Sauron en conclusion de la bataille du Morannon. Toutefois, je ne le suis pas jusqu'au bout de son raisonnement : il omet malgré tout de traiter la question des brigands qui ont ravagé la Comté, dont certains sont assez visiblement des demi-Orques, ce qui n'empêche pas les Hobbits d'accorder la vie sauve à ceux qui se sont rendus.
Tally a écrit :Tolkien does not here, or really anywhere else in his letters, demonize Britain’s or the Allies’ wartime enemies.
De fait, c'est vrai pour les lettres publiées, mais si l'on consulte le Qenya Lexicon, on peut tomber sur une entrée qui correspond très précisément à une démonisation de l'ennemi, au demeurant assez compréhensible vu les conditions du combat et la douleur de perdre certains de ses meilleurs amis à la guerre (cf. PE 12, p. 44) :
J.R.R. Tolkien a écrit :kalimbo (o) a savage, uncivilized man, barbarian. — giant, monster, troll.
*kalimban (n-) “Barbary”. Germany.
kalimbardi the Germans.
kalimbarie barbarity.
Les éditeurs citent d'ailleurs le carnet PME, qui donne à ce propos : « kalimbo ‘goblin, monster’ » et « kalimbardi ‘goblins’ ». On retrouve encore ce terme dans le PE 13, où il s'agit d'un terme elfique alternatif pour désigner les Orques, puis dans le PE 14, où c'est un nom alternatif pour Gothmog, puis il ne semble plus réapparaître.
Par ailleurs, je suis en désaccord avec l'auteur sur le fait que la dispersion des Orques suite à la destruction de l'Anneau serait incohérente avec la capacité qu'ont les Orques de faire preuve de libre-arbitre. En effet, Tolkien insiste par ailleurs sur la capacité qu'avait Sauron de diriger par la pensée les actions des Orques, à condition d'y consacrer son attention. Il me semble assez cohérent que des créatures amenées à combattre un ennemi en bataille rangée sous l'effet d'une compulsion mentale puissent être amenées à se débander en quelques instants quand cette compulsion cesse brutalement, a fortiori si elle sentent que leur ancien maître vient de disparaître et qu'elles voient leurs alliés humains hésiter, fuir ou se rendre.
Quant à la question des ennemis devenus alliés et vice-versa, j'en retire le sentiment que l'auteur veut ici attirer l'attention sur le fait qu'on n'observe guère cela vis-à-vis des Orques, du fait qu'il s'agit presque littéralement de démons et non de simples ennemis, vu que l'action se situe dans le royaume des contes de fées et non dans un cadre géopolitique réaliste. De fait, il insiste avec raison sur la différence de traitement entre Orques et humains inféodés à Sauron en conclusion de la bataille du Morannon. Toutefois, je ne le suis pas jusqu'au bout de son raisonnement : il omet malgré tout de traiter la question des brigands qui ont ravagé la Comté, dont certains sont assez visiblement des demi-Orques, ce qui n'empêche pas les Hobbits d'accorder la vie sauve à ceux qui se sont rendus.
Rollant est proz e Oliver est sage.
Ambedui unt merveillus vasselage :
Puis que il sunt as chevals e as armes,
Ja pur murir n’eschiverunt bataille.
— La Chanson de Roland
Ambedui unt merveillus vasselage :
Puis que il sunt as chevals e as armes,
Ja pur murir n’eschiverunt bataille.
— La Chanson de Roland