12.01.2016, 23:21
(12.01.2016, 14:12)Hofnarr Felder a écrit : Autre chose : enregistre-t-on également des changements qui ne soient pas que phonétiques, des glissements de sens par exemple ? Ou même (et en fait c'est ma spécialité) des exemples de grammaticalisation, c'est-à-dire des changements de sens ayant pour effet, pour un mot lexical, d'endosser des fonctions grammaticales (prépositionnelles, typiquement, ou marqueurs de modalité, comme ce fut le cas en anglais) ?
En orquien, on n'aura certainement jamais ce niveau de détail, mais ce sont en revanche des phénomènes qu'on observe clairement dans les langues elfiques, comme en témoignent les derniers Parma Eldalamberon.
(12.01.2016, 14:12)Hofnarr Felder a écrit : Toutes ces questions concernent le monde interne à l’œuvre. Dans le monde externe, sait-on ce que Tolkien savait et pensait des changements linguistiques ? Il a en effet eu le souci de rendre apparentes les lois d'évolution phonétique dans les transformations de ses langues, mais était-il au courant des travaux de linguistes comme Gabelentz en Allemagne, ou Bréal et Meillet en France, qui mettaient plutôt l'accent sur les changements sémantiques ?
Il faudrait consulter les articles linguistiques de Tolkien dans le détail pour avoir une idée de ses opinions en la matière. C'est un sujet qui a été fort peu défriché, hormis par Tom Shippey. Je signalerai juste que Tolkien a quand même tenu pendant trois années de suite (1923–1925) la rubrique « Philology: General Works » de The Year's Work in English Studies, donc les noms de Bréal et de Meillet devaient nécessairement lui être connus. Quant à Gabelentz, sauf erreur, c'était plutôt un sinologue, domaine qui ne semble guère avoir intéressé Tolkien. J'ignore ce qu'il pouvait connaître de lui. Et je ne saurais dire précisément ce que Tolkien pensait d'eux, faute d'avoir lu tous les vieux articles philologiques de Tolkien (et à fortiori d'avoir fait attention à toutes les notes de bas de page).
Incidemment, cela pourrait constituer la base d'un petit article original et intéressant qui permettrait de mieux replacer Tolkien dans le contexte des recherches philologiques de son temps. Si quelqu'un veut un jour se lancer...
Rollant est proz e Oliver est sage.
Ambedui unt merveillus vasselage :
Puis que il sunt as chevals e as armes,
Ja pur murir n’eschiverunt bataille.
— La Chanson de Roland
Ambedui unt merveillus vasselage :
Puis que il sunt as chevals e as armes,
Ja pur murir n’eschiverunt bataille.
— La Chanson de Roland