20.05.2015, 19:12
Cette éternelle discussion sur les formes en ai et au a fait couler beaucoup d'encre. Dans la langue gotique, ces digraphes avaient trois valeurs : celle de voyelle brève [ε], [ɔ], de voyelle longue [ɛ:], [ɔ:] et de diphtongue [ai], [au].
Par ailleurs, dans sa Grammaire explicative du gotique, A. Rousseau ajoute que
Après, libre à nous de choisir nos positions, les deux ont des saveurs qui me plaisent, mais, très fortement influencé par ma prononciation du grec ancien, mon coeur balance pour les diphtongues .
Tant qu'on y est, pour les amateurs de gotique, et je sais qu'ils ne sont pas légion, j'ai reçu un courriel d'André Rousseau fin février qui m'a annoncé qu'il attendait la sortie chez Champion de deux ouvrages qu'il a consacré au gotique : 1) GOTICA Etudes sur la langue gotique (700 pages), où il a regroupé ses principaux articles sur le gotique ; 2) Deux Cours inédits de F. de Saussure sur le gotique (avec introduction et notes) encore 700 pages.
Il prépare actuellement un Manuel approfondi de la langue gotique (de 600 à 700 pages) pour que nous disposions d'un vrai manuel de référence et sera publié chez L'Harmattan, qui vend les ouvrages à des prix très abordables, contrairement à Champion (en fait, c'est Slatkine à Genève). Par ailleurs, comme j'ai pu le dire à Damien lorsque nous nous sommes vus en Suisse il y a quelques semaines, nous vivons actuellement un grand événement dans la vie du gotique : on a découvert en 2010 dans la cathédrale de Bologne un nouveau manuscrit gotique (en fait, un palimpseste), datant de la première moitié du VIème siècle, c'est-à-dire pendant le royaume de Théodoric le Grand à Ravenne. Mais c'est seulement en 2013 et 2014 qu'ont commencé à paraître les premiers articles. André Rousseau a écrit un article sur cette découverte, à publier dans la revue Etudes Germaniques.
La langue gotique a encore de beaux jours devant elle et je suis très heureux de voir que même en France, des amoureux des langues continuent d'étudier ces pièces de musée quelque peu curieuses.
Par ailleurs, dans sa Grammaire explicative du gotique, A. Rousseau ajoute que
Citation :L'existence de diphtongues en [ai] et [au] en gotique est garantie aussi par des noms propres gotiques rencontrés chez des écrivains latins (Dagalaiphus, Gaina, Ausila par ex.) et dans des emprunts du vieux-provençal au gotique (causir "reconnaître, choisir" <got. kausjan "choisir" ; raus "tuyau" <got. raus "tube"). Mis cette situation complexe et instable explique que dès la période post-wulfilienne les diphtongues aient pu se monophtonguer : [ai] en [ɛ:] et [au] en [ɔ:]. Dès lors, les digraphes <ai> et <au> ont pu présenter la même situation que les voyelles <a> et <u> : le timbre seul est noté, au détriment de la quantité.Grammaire explicative du gotique, p. 56.
Après, libre à nous de choisir nos positions, les deux ont des saveurs qui me plaisent, mais, très fortement influencé par ma prononciation du grec ancien, mon coeur balance pour les diphtongues .
Tant qu'on y est, pour les amateurs de gotique, et je sais qu'ils ne sont pas légion, j'ai reçu un courriel d'André Rousseau fin février qui m'a annoncé qu'il attendait la sortie chez Champion de deux ouvrages qu'il a consacré au gotique : 1) GOTICA Etudes sur la langue gotique (700 pages), où il a regroupé ses principaux articles sur le gotique ; 2) Deux Cours inédits de F. de Saussure sur le gotique (avec introduction et notes) encore 700 pages.
Il prépare actuellement un Manuel approfondi de la langue gotique (de 600 à 700 pages) pour que nous disposions d'un vrai manuel de référence et sera publié chez L'Harmattan, qui vend les ouvrages à des prix très abordables, contrairement à Champion (en fait, c'est Slatkine à Genève). Par ailleurs, comme j'ai pu le dire à Damien lorsque nous nous sommes vus en Suisse il y a quelques semaines, nous vivons actuellement un grand événement dans la vie du gotique : on a découvert en 2010 dans la cathédrale de Bologne un nouveau manuscrit gotique (en fait, un palimpseste), datant de la première moitié du VIème siècle, c'est-à-dire pendant le royaume de Théodoric le Grand à Ravenne. Mais c'est seulement en 2013 et 2014 qu'ont commencé à paraître les premiers articles. André Rousseau a écrit un article sur cette découverte, à publier dans la revue Etudes Germaniques.
La langue gotique a encore de beaux jours devant elle et je suis très heureux de voir que même en France, des amoureux des langues continuent d'étudier ces pièces de musée quelque peu curieuses.
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