17.11.2013, 20:29
(31.10.2013, 14:10)Druss a écrit : C'est toujours délicat de se pencher sur les PE pour le commun.
Il est vrai qu'on peut parfois avoir besoin d'une certaine expérience, notamment concernant la terminologie employée par Tolkien (par ex. : adessive, inessive, proparoxytone, ...).
Mais la difficulté peut aussi être une simple question de point de vue.
Ce qu'explique Tolkien peut, de prime abord, paraître compliqué. Pour autant, ça tient principalement à une question de point de vue : celui de l'étranger par rapport au natif d'une langue. Sur ce point, Tolkien avait une vision tellement élaborée de sa sous-création et un tel génie philologique et linguistique qu'il était capable de parler de ses langues elfiques comme le ferait un natif, ou mieux, un Maître du Savoir.
Mais si on y regarde bien, ce n'est pas plus complexe pour nous de comprendre les textes du PE21 que de demander à un étranger de former des mots en français.
Dans le PE21, Tolkien traite notamment du terme q. caimasan *« chambre à coucher » (PE21:17:33:37). En observant d'autres paradigmes avec duel en -ut, on pourrait croire que son duel pourrait par exemple *caimasanut. Mais il n'en est rien, puisque la forme fléchie de caimasan est caimasamb-, en rapport avec ses origines, le terme étant un composé issu de *kaı̯mā « lit » + *sambē *« pièce ».
Cela n'est pas plus complexe que de demander à un étranger quelle est la forme adjectivale du mot fr. noce. Ce dernier pourrait penser aux formes n. commerce / adj. commercial, et proposer **nocial, alors qu'il s'agit là encore d'une forme qui prend sa source dans l'étymologie de ce mot, l'adj. nuptial vs. lat. nuptialis.
Étant français, nous avons cette chance, étrangère aux Anglo-saxons, de disposer d'une langue riche (issue d'une famille tout aussi riche et appréciée par Tolkien) qui n'a pas subi les affres d'un génocide culturel et linguistique comme ce fut le cas de l'anglais.
Sinon, de manière plus légère, le PE21 contient également des pépites très accessibles, comme par exemple :
la présence de la Mar Vanwa Tyaliéva « Demeure de la Gaieté Passée » (angl. House of Past (or Departed) Mirth) (PE21:69:80) dans un texte de c. 1951 où elle n'est plus la demeure des Contes Perdus mais est à présent « l’un des noms de la Demeure d’Elrond à Imladris » (PE21:80) . J'ai hâte de lire ce que notre Klownzcko national va trouver comme idée farfelue pour expliquer cela !
les notes sur le choix du nom pour l’enfant (l’Essecarme) ou son choix propre (Essecilme), avec des explications sur les coutumes associées à ces événements et dans lesquelles on lit par exemple qu’un enfant elfe pouvait être prêt à exprimer son lámatyáve (= caractère phonétique personnel ou prédilection pour certains sons) lors de son Essecilme au mieux à partir de sept ans chez les Noldor. Et Tolkien ajoute une note sur le fait que « les Eldar pouvaient parler en un an » (PE21:84).
Sans parler de la masse importante de termes en eldarin commun, ou en quenya (pour le quenya, j'ai recensé plus de 300 termes).