02.11.2013, 10:30
(01.11.2013, 17:27)Corchalad a écrit : Héritage des masculins faibles germaniques adaptés au latin, les prénoms masculins avaient très souvent ce cas régime en -on : on a ainsi Charles / Charlon
J'ai noté dans ma version de la Chanson de Roland que certains cas régimes avaient tendance à se finir en -un (ex : Charles / Charlun), mais c'est le seul texte où j'ai vu cela. Au demeurant ce n'est pas systématique, puisqu'on a régulièrement li bers / le baron, parfois quelques lignes plus bas. Il est d'ailleurs fort possible que ce soit une caractéristique du dialecte anglo-normand du manuscrit sur lequel mon texte se base.
(01.11.2013, 17:27)Corchalad a écrit : La francisation en -on est donc un choix parfaitement défendable linguistiquement. Mais ce l'est encore plus, à mon sens, par les associations stylistiques préjudiciables d'une finale en -o. Les mot se terminant par la voyelle [o] sont fréquents en français, mais ne s'orthographient jamais en -o dans le vocabulaire ancien, mais plutôt -aud, -aut, -(e)au(x), -ot. Ceux qui se terminent en -o sont soit des emprunts étrangers (kimono, macho, soprano, paréo, polo, etc.), soit des troncatures de composés gréco-latins modernes (vélo, radio, stylo, auto, métro, etc.), soit des mots plus ou moins argotiques (apéro, clodo, dingo, réglo, travelo, ventilo, etc.). Ces associations avec l'étranger et l'actuel sont hautement indésirables pour nommer les hobbits. La Comté est une idylle pastorale où des allusions trop modernes seraient déplacées (sauf pour les Sharcoux et leurs acolytes), et elle représente surtout, tant pour les personnages principaux que sont les hobbits que pour le lecteur dans son processus d'identification, le chez-soi d'où l'on part pour l'aventure.
Je suis d'accord sur le fait que franciser Frodo en Frodon soit logique. Mais en revanche, cela ne se justifie pas pour Bilbo, qui n'est ni germanique, ni latin, ni grec.
Et l'aspect moderne des noms français en -o n'est pas plus préjudiciable au récit que la présence de parapluies ou du jeu de golf dans la Comté. Je pense au contraire que le lecteur ne peut pleinement s'identifier à la Comté que si elle recèle son lot d'anachronismes. Garder des noms en -o peut donc pleinement se justifier.
(01.11.2013, 17:27)Corchalad a écrit : De même, il suggérait de nommer les elfes en allemand der Alb, qui est le correspondant étymologique exact de l'anglais elf ; mais comme l'emploi le plus courant de ce terme est dans le composé Albtraum (ou Alptraum) « cauchemar » - de sorte que la traductrice a préféré une forme dérivée, der Elbe
Pour le coup, je donne raison à Tolkien : avant la parution du SdA, les principales utilisations d'elf dans le vocabulaire anglais concernaient des composés comme elf-shot, elf-stroke, etc., pas particulièrement positives vis-à-vis des Elfes. Dans la même veine, on peut aussi citer le conte de fées Childe Rowland, les différentes versions de Lady Isabel and the Elf Knight : on voit que le sens du mot n'était guère différent en Angleterre et en Allemagne.
Rollant est proz e Oliver est sage.
Ambedui unt merveillus vasselage :
Puis que il sunt as chevals e as armes,
Ja pur murir n’eschiverunt bataille.
— La Chanson de Roland
Ambedui unt merveillus vasselage :
Puis que il sunt as chevals e as armes,
Ja pur murir n’eschiverunt bataille.
— La Chanson de Roland