03.10.2013, 10:54
Citation :A mes yeux la Guerre de l'Anneau prend effectivement forme de "guerre sainte" par beaucoup d'aspects mais est une guerre qui transcende le catholicisme et le christianisme, voire apparemment la religion.
Je ne suis pas sûr que "transcender" soit le terme adéquat, mais que cette s'abstrait des questions religieuses (au sens actuel, dans ce monde-ci), c'est une certitude.
Tolkien a bien perçu la force du conte en cet endroit (sa détestation de l'allégorie).
Je crois aussi qu'il a fondamentalement raison. Si on veut écrire sur le christianisme, on écrit sur le christianisme (ou autre sujet).
Finalement, intégrer des références implicites, non dites, mais directes et conscientes et structurelles à des éléments précis d'une religiosité (ou autre) étrangère au monde ou à l'époque que l'on raconte, c'est une forme d'entourloupe. C'est pas honnête.
En revanche, et c'est là où peut-être nous divergerons, je pense que Tolkien a intégré naturellement des éléments fondamentaux de sa foi qui ne sont pas dissociables de la réalité essentielle de l'histoire qu'il raconte.
Tolkien raconte l'histoire du mal qui émerge d'une créature qui se prend pour le Créateur car cela est pour lui une vérité qui concerne tout le monde, quelque soit le temps et l'époque.
La vérité est pour lui pleinement dans le christianisme. Mais il raconte une histoire qui se déroule bien avant la Révélation chrétienne, il n'y a donc pas lieu de parler de christianisme. Mais la vérité, pour lui, c'est aussi qu'il y a un Créateur. Et c'est la raison pour laquelle Tolkien n'hésite pas construire sa "genèse" sur Eru, l'Unique. La vérité c'est que l'adoration d'un sub-créateur est une idolâtrie mortifère pour toute créature et c'est la raison pour laquelle Sauron doit être vaincu.
Au final, il y a de vrais "affirmations" dans son oeuvre (comment pourrait-il en être autrement), mais la "liberté d'interprétation" laissée aux lecteurs athées (ou autres), et qui est somme toute relative (le Commencement avec Eru est significatif), est liée directement à l'époque à laquelle se situe l'histoire.
Dans tout les cas tout cela ne me semble pas lié à la question du "prosélytisme". C'est la question de la vérité qui est en jeu, ce qui est vrai pour Tolkien et qui ne pouvait pas ne pas faire partie de son oeuvre sans qu'il mente.