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Boromir
#1
Re mellionen.

La biographie de Boromir me semblait en contradiction avec ses actions dans le SdA.
Comment pouvait-il être devenu 11° intendant du Gondor et décédé d'une lame de Morgul alors qu'il était mort de flèches d'orques sur les bord de l'Anduin avant le retour du Roi ?

Je me suis alors aperçu d'une homonymie qui m'avait échappé.

Il y a eu deux Denethor intendants du Gondor ayant eu tous deux un fils nommé Boromir qui furent de fières guerriers. :)


Cela m'amène à deux réflexions :

Primo, le Tolkiendil n'est pas rigoureux. Boromir 1 et 2 devrait être clairement distingués dans les articles, et cette homonymie devrait être soulignée pour éviter les confusions.

Secundo, cette homonymie explique partiellement l'ambiance à Minas Tirith à l'arrivée des fragments de la Fraternité de l'Anneau.
Denethor II tente de ressembler à son glorieux ancêtre, et a éduqué son fils pour qu'il en fasse de même.

Mais Faramir ne rentre pas dans le schéma. Il n'y a pas de vaillant Faramir capitaine ou intendant dans l'histoire du Gondor. Et sa mentalité est très différente du reste de sa famille, ce qui lui permet de ne pas s'enfermer dans le carcan de l'histoire : il accepte l'utilité et l'amitié de Gandalf et des Hobbits.

Cela explique aussi pourquoi Denethor envoie Faramir reconquérir Osgilliath malgré que ce soit un combat désespéré : Le premier Boromir a fait quelque chose de semblable en reprenant l'Ithilien après que Minas Ithil devienne Minas Morgul. Comme le second Boromir ne peut plus le faire, c'est un autre fils de Denethor qui doit le faire.

C'est donc une question personnelle pour l'intendant régnant : si "son" Boromir -ou un succédané acceptable- ne peut pas accomplir les mêmes exploits que le précédent, lui-même ne peut endosser l'identité de son ancêtre.
En terme moderne, on dira qu'il se prenait pour Napoléon et qu'il a sévèrement décompensé quand il a perdu son Austerlitz.
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#2
Il y a même trois Boromir, comme indiqué sur cette page du Tolkiendil : http://www.tolkiendil.com/encyclo/person...es/boromir !

Ta réflexion est très intéressante, soit dit en passant.
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#3
Je viens de modifier les pages de l'encyclopédie dédiées à ces trois homonymes, en rajoutant une note à la fin de chaque article. Ainsi donc, nous avons Boromir, Boromir et Boromir Mr. Green

Comme Hofnarr, je trouve la réflexion intéressante : je serais curieux de savoir s'il existe des éléments de la main de Tolkien permettant d'aller dans ce sens.
Quant à la décompensation de Denethor Laughing
Doctus cŭm libro
― Proverbe latin
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#4
(25.01.2019, 12:00)Finwë a écrit : Primo, le Tolkiendil n'est pas rigoureux. Boromir 1 et 2 devrait être clairement distingués dans les articles, et cette homonymie devrait être soulignée pour éviter les confusions.
Tolkiendil (sans le) est en perpétuelle amélioration. En l'occurrence, les signalements d'homonymies dans les articles concernés sont un travail en cours, mais qui prend du temps.
Dwayn, merci pour la note, mais les homonymies ont une entrée spécifique dans le tableau de début d'articles (voir l'article sur Aragorn, par exemple).
What's the point of all this pedantry if you can't get a detail like this right?
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#5
(25.01.2019, 12:00)Finwë a écrit : Secundo, cette homonymie explique partiellement l'ambiance à Minas Tirith à l'arrivée des fragments de la Fraternité de l'Anneau.
Denethor II tente de ressembler à son glorieux ancêtre, et a éduqué son fils pour qu'il en fasse de même.

Mais Faramir ne rentre pas dans le schéma. Il n'y a pas de vaillant Faramir capitaine ou intendant dans l'histoire du Gondor. Et sa mentalité est très différente du reste de sa famille, ce qui lui permet de ne pas s'enfermer dans le carcan de l'histoire : il accepte l'utilité et l'amitié de Gandalf et des Hobbits.

Séduisant, mais je ne pense pas.

Premièrement, mais tu dois le savoir, il y a bien un Faramir gondorien, de sang royal, fils d'Ondoher, mort en 1944, dont l'histoire n'est pas du tout anecdotique puisqu'il est un exemple de courage militaire :

Citation : It is possible to make out, however, that men of the Éothéod fought with Ondoher; and also that Ondoher's second son Faramir was ordered to remain in Minas Tirith as regent, for it was not permitted by the law that both his sons should go into battle at the same time (a similar observation is made earlier in the narrative, p.305). But Faramir did not do so; be went to the war in disguise, and was slain.

CLI 3.2.1

Si les noms impliquaient un conformisme des personnages, le fils d'Ecthelion II devrait donc également être touché.
Je pense que les occurrences n'ont pas de signification particulière. Chez les Nains, un descendant de Durïn se voit parfois octroyer ce nom parce qu'il lui ressemble ; ce n'est pas le nom qui entraîne un conformisme ("but his line never failed, and five times an heir was born in his House so like to his Forefather that he received the name of Durin", App. B.)

En effet, plus que son nom, c'est le sang et surtout l'esprit du personnage qui le définissent et peuvent rappeler d'autres héros. Ainsi Boromir est-il comparé, non à son homonyme, mais à Earnur, capitaine et roi du Gondor, du point de vue tant physique que psychologique :

Citation : Rather he was a man after the sort of King Earnur of old, taking no wife and delighting chiefly in arms; fearless and strong, but caring little for lore, save the tales of old battles. Faramir the younger was like him in looks but otherwise in mind.

App. B.

Là où tu as raison, c'est que Faramir est différent et qu'il n'a apparemment pas de modèle bien explicite, surtout parce qu'il ne correspond pas au modèle traditionnel, viriliste etc., et qu'incidemment la pression induite est davantage d'ordre sociale et paternelle que due à un nom.

De la même façon Aragorn est comparable, physiquement et psychologiquement, à Elendur (lui-même l'image d'Elendil le Grand) :

Citation :n. 26 It is said that in later days those (such as Elrond) whose memories recalled him were struck by the great likeness to him, in body and mind, of King Elessar, the victor in the War of the Ring.

CLI 3.1
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#6
(25.01.2019, 12:24)Dwayn a écrit : Comme Hofnarr, je trouve la réflexion intéressante : je serais curieux de savoir s'il existe des éléments de la main de Tolkien permettant d'aller dans ce sens.
Quant à la décompensation de Denethor Laughing

Non, il n'y en a pas de publiée à ma connaissance.

Le parallélisme est effectivement intriguant et j'ai toujours pensé à une volonté délibérée de Tolkien (jamais en manque d'imagination pour esquisser une histoire ou des noms originaux), qui n'avait nul besoin de forcer le trait en réattribuant les mêmes noms à des personnages dont l'histoire se ressemble. Ce ne peut donc qu'être délibéré. Néanmoins, aucun brouillon publié ne vient éclairer cette question.
Rollant est proz e Oliver est sage.
Ambedui unt merveillus vasselage :
Puis que il sunt as chevals e as armes,
Ja pur murir n’eschiverunt bataille.
La Chanson de Roland
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#7
Délibéré, c'est évident (on voit mal Tolkien réutiliser ses propres noms sans s'en apercevoir).

Que Tolkien pouvait inventer un nom, ce n'est pas un argument, cf. Aragorn III qui n'a pas de nom original, ressemble à Elendur, et pas grand chose de commun avec ses homonymes...

On a une coïncidence sur deux capitaines du Gondor qui s'appellent Boromir. Mais alors quid des deux Faramir qui sont différents ? D'Ecthelion, de Turgon, Hurin, Ororeth, et de tous les noms en Sindarin qui investissent les généalogies du Gondor au moment où Tolkien les fixe dans le Silmarillion ? Quel rapport entre Gothmog de Minas Morgul et celui du Premier Âge ? Entre l'Udûn du Mordor et celui de Morgoth ?

Du point de vue interne, la réutilisation se justifie par la transmission de "grands noms" mais elle n'écrase pas l'identité de leurs porteurs.
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#8
(25.01.2019, 17:03)Tikidiki a écrit : Délibéré, c'est évident (on voit mal Tolkien réutiliser ses propres noms sans s'en apercevoir).

Que Tolkien pouvait inventer un nom, ce n'est pas un argument, cf. Aragorn III qui n'a pas de nom original, ressemble à Elendur, et pas grand chose de commun avec ses homonymes...

Je crains que tu n'aies pas saisi mon propos : que Tolkien ait choisi de réutiliser certains noms propres dans certaines lignées ou dans différents contextes est une chose : il ne pouvait pas ignorer que la répétition de certains noms en vogue est une donnée courante en histoire et qu'il lui fallait donc se conformer à cette loi pour être crédible.

On peut même envisager qu'il ait considéré que d'un point de vue donné, certains événements historiques semblent se répéter dans des contextes proches (cf. Hegel, Marx) et qu'il lui fallait donc reproduire ce phénomène dans ses chroniques.

Mais combiner les deux ne peut guère que relever d'un choix délibéré, qui ne saurait être innocent, surtout quand on connaît l'importance des noms pour Tolkien. C'est donc ce que je considérerais volontiers comme une anecdote à clef, mais dont la clef n'a pas été fournie dans les brouillons publiés.
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#9
(25.01.2019, 17:43)Elendil a écrit : On peut même envisager qu'il ait considéré que d'un point de vue donné, certains événements historiques semblent se répéter dans des contextes proches (cf. Hegel, Marx) et qu'il lui fallait donc reproduire ce phénomène dans ses chroniques.

Là, je suis intéressé par un développement. Qu'y a-t-il du point de vue interne ou externe qui t'amène à soutenir cette idée ?

Concernant Boromir, le fait que le second soit nommé d'après le premier (et non d'après l'homonyme du Premier Âge) est explicite : "Boromir son of Denethor (after whom Boromir of the Nine Walkers was later named)"(App. B). On peut, avec cela, supposer une prédestination dans l'éducation du père, qui destinait son fils à repousser le Mordor. Si cela se produit effectivement (encore que) est-ce l'effet d'une philosophie cyclique de l'histoire, ou l'oeuvre d'une prophétie autoréalisatrice ?
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#10
Sur le plan externe, c'est un topos philosophique : Hegel et Marx l'ont exprimé chacun à leur manière (Marx de manière ironique, en réponse à Hegel, et plus précisément au sujet du coup d'État de Louis-Napoléon Bonaparte : « tous les grands événements et personnages historiques se répètent pour ainsi dire deux fois […] la première fois comme tragédie, la seconde fois comme farce. ») Ce ne sont pas les seuls tenants de cette idée.

Sur le plan interne... il faudrait développer cela abondamment, car justement les écrits publiés de Tolkien ne soutiennent pas explicitement cette théorie. Néanmoins, je pense qu'il devait y souscrire au moins en partie, et je prendrai peut-être un jour le temps d'essayer de le démontrer.
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#11
Je saisis bien. On peut penser au motif du déclin, maintes fois transposé dans le légendaire, et alors rapprocher Tolkien de Gibbon, un peu moins sûrement de Platon pour l'idée de l'enchaînement des formes politiques.

Mais le motif du déclin est lié à une vision romantique et nostalgique, et je ne trouve pas chez Tolkien cette fascination pour la théorie historique à la Hegel ou Marx : on ne retrouve pas de "Fëanor bis", de "Nùmenor bis", et je n'ai pas le sentiment d'un "déjà-vu". Bien sûr, il y aura certainement des coïncidences (la quête d'un joyau, les héritiers déshérités, le scénario du Hobbit et du SdA), et d'ailleurs notre histoire est aussi faite de certaines répétitions qui n'ont pour autant pas forcément de lien les unes avec les autres (une guerre peut en rappeler une autre). Mais la coïncidence d'un seul nom me paraît pour l'instant faible pour soutenir l'idée.
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#12
Il y aurait bien d'autres éléments à verser au dossier : la chute de Númenor est ainsi la deuxième chute des Hommes (cf. Athrabeth), Sauron le deuxième Seigneur Sombre (et il chute deux fois par perte puis destruction de son Anneau, de même que Melkor est deux fois capturé par les Valar), etc.

Mais il faudrait collecter tous ces éléments, trier ceux qui ne constituent que de minces parallèles, voir ceux dont les coïncidences fonctionnent sur plusieurs plans et essayer de discerner un plan d'ensemble dont on pourrait tirer une synthèse signifiante. Vaste programme, que je ne compte pas mettre en oeuvre de suite.
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#13
(25.01.2019, 14:59)Tikidiki a écrit : Séduisant, mais je ne pense pas.


Merci beaucoup, j'ai appris beaucoup de chose. Le premier Faramir m'était effectivement inconnu (tout comme le troisième Boromir).

Ton analyse réduit fortement la crédibilité de la mienne. On pourrait objecter que les caractéristiques mentales de Denethor II ne sont pas forcement indicative d'autres porteurs de nom prestigieux, en particulier issus d'une autre race. Mais tu apportes trop de contre-exemples pour que cela aie valeur d'argument.
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#14
Merci pour ton retour, Finwë.

Il y a certainement d'autres choses sur le sujet qui vont dans un sens différent. N'hésite pas à en faire part si tu les trouves Smile
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