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De l'origine des Brandebouc
#1
Je corrige quelques vieilleries oubliées. Voici un petit passage qui révèle l'origine des Brandebouc. Une petite interprétation personnelle.

Voici l’histoire de demoiselle Primevère, fille cadette d’une bonne famille du Maresque.

La pétulante hobbite était courtisée par les deux partis les plus en vue du quartier Est – et même de la Comté, puisque les deux protagonistes n’étaient autres que l’héritier des Vieilbouc et celui des Touque ! Comme vous le voyez, cette histoire ne date pas d’hier ! Il se trouve que les deux prétendants, tout-à-fait présentables, d’une mine avenante et conscients de la supériorité de leur physique, se haïssaient cordialement. Demoiselle Primevère, indécise, et qui goûtait fort les surprises, cadeaux, poèmes et autres galanteries, les fit tous deux lanterner jusqu’à sa majorité. Or, vous le savez peut-être, la sagesse hobbite ne confère la majorité qu'à l'âge de trente-trois ans !

Les assiduités pour l’amoureuse suivirent une surenchère bien agréable : des charrettes pleines de fleurs, des pièces montées de gourmandises, des promenades en bateau au clair de lune, un orchestre impromptu pour la sérénade, un buffet ambulant pour la promenade, etc. Les cadeaux se mirent à pleuvoir, et pas seulement sur la tête de Primevère ! Les parents de la belle, puis ses frères et sœurs, et bientôt les oncles et tantes influents, suivis des cousinades entières, bénéficièrent des retombées de la querelle amoureuse. L’un des prétendants poussa même l’extravagance jusqu’à s’acoquiner avec certain pèlerin gris pour donner un feu d’artifice ! Primevère commença à trouver que les choses allaient un peu loin.

Mais elle ne pouvait toujours pas se décider. Elle espaça donc les rendez-vous galants pour que les deux jeunes coqs se calmassent un peu. À dire vrai, elle n’était plus complètement sûre de vouloir se marier.

Entretemps les adversaires, tout en redoublant d’attentions et fredaines pour la belle, se livraient à toutes sortes d’entreprises en sous-main, alternant l’un contre l’autre les petites vilenies commerciales, les tentatives d’intimidation ou les campagnes de discrédit. Bien des familles de la Comté se trouvaient dans une position délicate, contraintes de prendre parti pour l’un des champions. Les conséquences du trio amoureux avait pris des proportions indécentes.

À force de se haïr et de se combattre sur tous les terrains possibles, les deux prétendants, le Touque et le Vieilbouc, finirent par perdre un peu leur but de vue. Leur vie s’était transformée en un combat farouche pour la suprématie, au nom duquel ils commettaient toutes sortes de bassesses.

Et ce que vous avez deviné, finit par se produire : demoiselle Primevère, se sentant délaissée, écœurée par ces avilissements et n’ayant plus aucun désir d’épouser ni l’un ni l’autre, donna finalement sa main à une tierce partie !

Les deux forcenés éconduits, loin de s’en tenir quittes, redoublèrent d’efforts pour évincer l’autre des affaires, de façon définitive. A peine eurent-ils le savoir-vivre de laisser Primevère et son élu en dehors de leur dispute. Mais en vérité, la belle hobbite n’était plus depuis longtemps l’enjeu de leur rivalité ! Le conseil des chefs de clan dut se réunir pour régler le différend – en vain !

À la fin, le Vieilbouc, au bord de la ruine, quitta la Comté en abandonnant à son rival le Touque, la prestigieuse fonction de Thain, que ses descendants conservent encore aujourd'hui. Toute la famille Vieilbouc traversa le Brandevin pour fonder le Pays de Bouc. Leur nom fut changé en Brandebouc, et c’est désormais dans cette bande de terre, indépendante mais disputée à la Vieille Forêt, que le clan prospéra.
Fin.
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#2
Très intéressant ! Et fort agréable à lire.
Et la morale est toujours trop vraie aujourd'hui.
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