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Tolkien et la science fiction
#1
Bonjour,

Je relais l'essai "du conte de fées" publié en poche avec le recueil faërie et il me semble que Tolkien n'appréciait guère la science fiction. Je cite le passage du livre :

"ces prophètes (sous-entendu les auteurs de science fiction) prédisent souvent un monde semblable à une immense gare sous verrière. Mais, en règle générale, il est difficile de découvrir chez eux ce que feront les habitant d'une telle ville mondiale. Il abandonneront peut être la panoplie victorienne complète en faveur de vêtement lâche (avec fermeture éclair), mais ils se serviront principalement de leur liberté, à ce qu'il me semble, pour s'amuser avec des jouet mécaniques au jeu rapidement lassant de se déplacer à grande vitesse..." Et cela continue pour ceux que cela intéresse.

Avez-vous d'autres témoignages à ce sujet ? C'est probablement à mettre en lien avec son aversion (le mot est un peu fort...) pour la technique et surtout la manière dont on l'employait.

Ps : j'ai fait une petite recherche mais n'ai rien vu à ce sujet sur le forum.
Elboron
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#2
Avec Tolkien, il faut toujours relativiser un peu. Il avait certes un avis tranché, mais ça ne l'a pas empêché d'écrire lui-même un peu de science-fiction, avec du voyage dans le temps. Les textes de la Route Perdue et surtout des Archives du Notion Club ont tous les codes de la SF. D'ailleurs, dans mes souvenirs, la citation que tu donnes se réfère à H.G Wells et sa Machine à voyage dans le temps, qu'il avait donc lu, mais peu apprécié, notamment à cause de la machine elle-même. Néanmoins, on sait aussi qu'il avait lu et apprécié Isaac Asimov (lettre 294).
What's the point of all this pedantry if you can't get a detail like this right?
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#3
Curieux, il me semblait que nous avions un fuseau nettement plus fourni au sujet des auteurs de science-fiction et de fantasy que Tolkien avait lus. Toujours est-il que le sujet avait été évoqué chez JRRVF, puisque Druss avait signalé le message de Hostetter détaillant les commentaires que Tolkien avait fait au sujet des auteurs du recueil de nouvelle de fantasy que lui avait offert L. Sprague de Camp en 1964, Swords and Sorcery :

J.R.R. Tolkien a écrit :Jirel of Joiry. Does create an atmosphere
and [?the] sinister 'corrupt' household of Alaric was
eerie and credible. But I never [sic] find phantasmal
struggles such as that of Jirel with 'Undead' Andred
quite unconvincing — especially when the victims escape!
Dunsany at his worst. Trying so hard for
the shudder. But not for a moment making the
tale 'credible' enough to {pro} make a background for
a strong [?e...]. And the ending lamentable — in
fact [?insulting]. In a world in which a Thangobrind
could even begin to be (let alone Hlo-hlo or [?all the rest])
early 19th century Riviera [?...] is surely utterly
impossible — or vice versa. And what is meant
by selling his daughter's soul.
Cappen Varra. Nomenclature v[ery] bad
Let us have genuine Scandanavian/Norse "bar-
barians" or something invented.
The Athammaus monster wholly unbelievable
[?…] disgusting [?... ... …]. There are lots
of ways of being [?... as] nastily, without all this
[?tooraloo] of nonsense.
Most of these things are overheated & exaggerated
([?...] bigger or [?would be] bigger, [?'...'] is
[?...] than the {ends} purposes warrant)
Also obviously over or ill-written.
Jirel of Joiry 140 - 146 is good but
needs a [?deft] story (and [?explication]) to [?...]
[?valid]. Dunsany's is one of his worst
That final ghastly paragraph!

L'ouvrage en question rassemble des nouvelles de Catherine L. Moore, Lord Dunsany, Poul Anderson et Clark Ashton Smith, que Tolkien a commentées, ainsi que des récits de H.P. Lovecraft, Robert E. Howard, Henry Kuttner (mari de C. L. Moore) et Fritz Leiber, que Tolkien a probablement lus, mais n'a pas commentés.

Et j'en viens enfin au sujet que je comptais aborder, à savoir que l'interview de Tolkien par Jan Broberg en juillet 1961 permet de rajouter deux auteurs de SF à la liste de ceux que Tolkien connaissait, Ray Bradbury et Arthur C. Clarke. Dans la mesure où Broberg affirme dans son article de 1961 que Tolkien était fasciné par la SF et la fantasy, on peut supposer que les commentaires de Tolkien sur ces deux auteurs devaient être assez élogieux, mais ça ne dit pas lesquels de leurs ouvrages Tolkien avait pu lire.

Incidemment, dans cette même interview, Tolkien semble nettement plus réservé au sujet de la fantasy : il ne semble pas apprécier The Well at the World's End de William Morris, alors qu'on sait qu'il appréciait grandement Morris dans sa jeunesse. D'autres auteurs de fantasy (hélas non cités par Broberg) ne semblent pas non plus trouver grâce à ses yeux.
Rollant est proz e Oliver est sage.
Ambedui unt merveillus vasselage :
Puis que il sunt as chevals e as armes,
Ja pur murir n’eschiverunt bataille.
La Chanson de Roland
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#4
Et hop, je remonte le sujet pour signaler qu'outre Isaac Asimov, Tolkien avait probablement aussi lu Dune de Franck Herbert, ainsi que le signale la lettre suivante adressée à Sterling E. Lanier, l'éditeur historique du roman d'Herbert, qui le lui avait envoyé en août 1965 juste après la publication :

   

Pour la petite histoire, Lanier fut également à l'origine d'une série de figurines du SdA qu'il a soumise à Tolkien, mais celui-ci a refusé qu'il les commercialise.
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#5
L'anecdote de la facture postale que Tolkien ne voulait pas payée est amusante aussi, mais il est effectivement très intéressant de savoir que Tolkien a eu Dune entre les mains et l'a sans doute lu.

Connaît-on d'autres lettre de Tolkien à Lanier ?
Rollant est proz e Oliver est sage.
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Ja pur murir n’eschiverunt bataille.
La Chanson de Roland
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#6
Quelques-unes, mais rien de très intéressant. Dans une de novembre 1972, Tolkien lui parle des figurines qu'il a faites qui sont appréciées. Dans une autre de janvier 1973, Tolkien le remercie de lui avoir envoyé son roman The War of the Lot, qu'il a trouvé très original et très effrayant ; dans la même lettre, il le prévient qu'il discutera avec A&U de la faisabilité d'autoriser la vente des figurines, mais qu'il est plutôt pour dans l'absolu, chose qui n'a pas pu être faite car il fallait payer des droits à United Artist comme il le lui explique en février de la même année. Dans les autres, on comprend que Lanier lui envoyait de temps à autre des fanzines de SF (the Science Fiction newsletter, SFWA Bulletin) qu'il transférait à A&U.
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