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Eliezer Yudkowsky, Lord of the rationality [Fanfiction]
#1
J'aimerais vous présenter une petite fanfiction d'Eliezer Yudkowsky. C'est un chercheur dont le domaine porte sur l'intelligence artificielle. Il a écrit une vaste fanfiction, Harry Potter and the Methods of Rationality, qui illustre des concepts venus des sciences cognitives et des théories de la rationalité. Je vous donne le lien d'un chapitre dans lequel il applique son idée générale à d'autres écrits littéraires, notamment le Seigneur des anneaux. Il propose une trame alternative au conseil d'Elrond en changeant le raisonnement interne des personnages.

Version anglaise : http://hpmor.com/chapter/64

Version française : https://www.fanfiction.net/s/6910226/64/...alit%C3%A9
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#2
Je ne suis pas un grand adepte des théories de la rationalité pour ma part. La version du Seigneur des Anneaux présentée sur le lien est bien écrite et intéressante mais je ressens une gêne en la lisant, comme si son auteur cherchait à démontrer toutes les failles logique du récit initial. Je ne dis pas que c'est effectivement le cas, mais c'est mon ressenti. Et je ressens une opposition entre cette cage de fer de la rationalité et la beauté de l'imaginaire qui peut présenter des approximations mais qui est tellement plus propice à nourrir le Rêveur que je suis.

Quoiqu'il en soit, merci pour le partage, je suis toujours amateur de découvrir de nouvelles choses!
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#3
Cela rejoint un peu la théorie des aigles. Pourquoi ne les a-t-on pas envoyé directement porter l'anneau au Mordor ? Un récit crée cependant ses propres logiques, ses propres règles, et même l’absurde obéit à l’absurdité, c’est le propre de l’imaginaire de vouloir créer un autre univers.

Il ne faut pas confondre rationalité et déterminisme. Etre rationnel, c'est aussi accepter une part d'imprévisibilité et d'aléatoire. Un point A peut donner B, C, D.... Il y a plein de facteurs qui rentrent en compte. Si le but d’Eliezer Yudkowsky était de mettre à bas le SDA (bon courage !) en découvrant une faille logique, il se serait contenté de pointer les incohérences sans vouloir changer les tenants et les aboutissants du récit. C’est comme si on reprochait à Gandalf de ne pas avoir envoyé une bombe A sur Barad-dûr. 10 000 ans après l’âge du fer, on aurait pu espérer qu’un Ñoldo ambitieux ait découvert l’énergie atomique. Dans le cas présent, Eliezer Yudkowsky s’est contenté de changer les caractères de deux personnages, ce qui lui permet de garder un semblant de cohérence avec l’univers initial.

Eliezer Yudkowsky n'emprisonne pas le SDA dans une cage de fer. Il laisse délibérément une ouverture à une quête alternative. " Listen, listen and swiftly, here is what you must do". Ce n'est pas ici une critique qu'il dresse, ni même d'ailleurs une parodie. Il écrit une sorte d'uchronie dans un monde imaginaire. Cette version m'a plutôt amusé. Le petit Hobbit se montre plus clairvoyant que les vieux sages, ce qui est un peu dans l’esprit de Tolkien. Sauron se révèle plus redoutable encore, car il a appris, sinon à comprendre dans le sens profond du terme, du moins à anticiper correctement les actions de ses ennemis grâce à un sens aigue de l'observation et à son expérience parmi les Edains et les Eldars, alors que leurs manières de penser sont différentes. Les changements opérés ne signifient pas que le Frodo et le Sauron originels n'étaient pas crédibles. Dans le cadre étroit d'un extrait, leurs nouvelles versions semblent à vrai-dire tirées du chapeau du magicien.

A travers ce récit alternatif, Eliezer Yudkowsky remet en perspective cette vieille question sur la nature et des relations entre le bien et le mal. Plusieurs discussions sur ce présent forum ont déjà du montrer que Tolkien n'était pas manichéen. Néanmoins, sa pensée n'est pas sans contradictions, mais en existe-elle qui en soit dépourvue ? Pourquoi Gandalf comprend-t-il mieux Sauron que celui-ci ne le comprend lui ? Le bien demeure inaccessible au mal, mais le bien peut sonder les abysses, et parfois y sombrer. Pourtant, Gandalf considère que Gollum, Sarouman et même Sauron pourraient être sauvés. Les liens ne sont donc pas tous coupés dans l’autre sens, de là à conclure que Sauron pouvait concevoir qu’on puisse délibérément détruire l’anneau, il y a un pas.

Pour conclure, je ne pense pas que cette version soit une critique qui vise à démontrer la supériorité d’une soi-disante rationalité sur un univers imaginaire. Les thèmes développés par Tolkien semblent toucher de près ce fan qui n’hésite pas à les remettre en question, mais surtout à s’amuser avec.
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#4
Comme je l'écrivais dans mon message précédent, je ne pense pas non plus que le texte d'Eliezer Yudkowsky soit une critique du Seigneur des Anneaux. J'ai parlé de mon ressenti face à la lecture de son texte, ressenti qui est éminemment irrationnel. Disons pour le formuler autrement que ce n'est pas ma tasse de thé mais c'est simplement une question de goût ^^

Du reste, je trouve en effet que l'exercice de style est très réussi tant sur la forme que sur le fond. Je n'ai rien à redire sur la question du manichéisme si ce n'est que je n'ai jamais vu l'oeuvre de Tolkien en ces termes, je ne l'ai jamais observée avec ce point de vue. Mais je fais toute confiance aux discussions érudites qui ont eu lieu sur ce forum ^^ J'aime d'ailleurs assez ta propre analyse.

Et pour conclure à mon tour, deux points:

je le répète, j'ai peut-être été maladroit ou trop abrupt dans mon précédent post, mais je ne voulais vraiment pas dire que cette fan-fiction était une critique de l'oeuvre de Tolkien mais que je le vivais comme tel tout en ayant la conviction que ce n'était pas l'objectif premier de l'auteur (en gros, ce n'est pas lui qui a un problème avec l'oeuvre de Tolkien, mais c'est moi qui ait un problème avec son récit).

Deuxième point: dans ton idée, le partage visait juste à nous faire découvrir cet auteur (ce qui est déjà une très bonne chose en soi), ou souhaitais-tu que l'on s'y essaie comme exercice de style. Si c'est la seconde option, on peut démarrer un atelier écriture comme d'ailleurs Eliezer Yudkowsky nous y invite si j'ai bien compris son message cette fois-ci?
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#5
Dans mon premier message, je voulais seulement partager ce que j'avais "découvert". Je ne possède pas les compétences pour un tel atelier d'écriture, mais avis aux amateurs et aux passionnés.

Ton message n'était pas abrupt. J'ai bien compris que tu parlais de ton ressenti, en fait je le partage en partie. Ce qui m'a emmené dans un second message à exposer mon avis, de donner mon impression un peu brouillonne sur cet extrait précis.

La critique du Tolkien manichéen ou dans le même genre, du Tolkien raciste, misogyne, je l'ai déjà entendue, elle est totalement infondée. Il était certainement maladroit de la ressortir ici, mais c'était une façon de dire que Tolkien avait bien réfléchi à ces questions de bien et de mal.
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#6
J'ai le sentiment que c'est un peu facile de démonter et remonter les histoires que d'autres ont créées... comme disait Sibelius, "n'écoutez jamais un critique. On n'a jamais élevé de statue à un critique".
D'autres auteurs ont écrit des oeuvres intéressantes en se fiant surtout à la logique, Asimov par exemple. Du coup, oui, c'est une nouvelle sympa, mais de là à ériger l'idée en théorie...

Pour la "théorie des aigles", il y a pourtant un argument évident : les Istari (et les Aigles qui sont leurs adjuvants) ne font pas le travail, ils poussent les peuples de la TdM à le faire par eux-mêmes.
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#7
Cet extrait est en réalité un petit clin d'œil à Tolkien au sein d'une fanfiction de plus de 100 chapitres sur Harry Potter. Je ne pense pas que le but d'Eliezer Yudkowsky était de créer un nouveau genre littéraire à travers lequel son idée devrait être dupliquée.

C'est une fanfiction, puis qu'il emprunte l'univers d'un auteur, mais est-ce de la pure réécriture lorsque que l'histoire est totalement différente, que son propos et son but se différencient sensiblement de l'œuvre original ?

J’avais dit que c’était une uchronie, peut être par la forme, mais pas par le fond. C'est un travail de vulgarisation scientifique à travers un univers romancé qui est connu du grand public. L'opposition entre raison et magie constitue l'un des principaux ressorts narratifs pour exposer certaines théories, elle permet aussi d’alléger, et de relativiser le ton quelque peu sérieux de ces savants qui nous disent comment telle portion de réalité fonctionne. La tâche n’est pas toujours aisée. J’avoue avoir été parfois perdu dans les raisonnements, l’ensemble peut aussi être répétitif. En plus de vouloir exposer ces théories, il faut écrire un roman qui tienne debout avec des personnages attachants et des péripéties improbables.

Je ne sais pas si cela vous a donné envie d’en lire davantage, mais je vous remercie de l’attention que vous avez porté à ma petite découverte de ces derniers mois.
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#8
Totalement, cela a piqué ma curiosité et je t'invite à reproduire l'expérience et à partager d'autres tes découvertes ici. Je trouve le pari ambitieux de diffuser un travail théorique par le biais de l'art narratif. Ambitieux et très intéressant. C'est une démarche pédagogique qui vaut le coup d'être davantage explorée.
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