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Tolkien, le hobbit catholique - Par Jacques Gauthier
#1
Je soumet à votre attention ce bel article que je viens de trouver sur le web . Je tiens immédiatement à préciser qu'il n'y a là de ma part aucun désir conscient ou inconscient de faire œuvre de prosélyte . Je m'intéresse à ce genre de recherche uniquement porté par ma curiosité naturelle envers ces champs de recherche , ainsi je serais aussi fort intéressé par une étude "J.R.R Tolkien et C-G Jung " ou encore " Tolkien et la religion chrétienne orthodoxe" ou bien encore " La pensée métaphysique de J.R.R Tolkien" , ou " Tolkien connaissait-il la pensée d' Alan Watts ? " ...etc,etc ..J'avoue que ma curiosité est infinie en ce domaine..

Voici donc le texte en question :

Lien vers l'article : Tolkien, le hobbit catholique
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#2
Bonjour Dominique,
J'ai envie de répondre à cette vision toute particulière de Jacques Gauthier, (dont je ne porte aussi aucun jugement négatif, sachant que Tolkien était un fervent catholique pratiquant) par une autre voie chère à Tolkien: que le Hobbit et le S.d.A démontrent d'abord que la plus petite personne au monde, si elle doit soulever des montagnes, le peut totalement, mais que seul, elle n'y arrivera peut-être pas. Frodo a eu besoin de Sam pour détruire l'Anneau Unique. Seul, il n'y serait pas arrivé !

Autre phénomène extraordinaire dans le vie du jeune J.R.R.Tolkien: Il y a un poème religieux intitulé Christ et traitant de la vie du Christ, attribué à l'auteur anglo-saxon Cynewulf, que Tolkien avait lu à Exeter, qui lui a inspiré le tout premier de ses personnages à savoir: Eärendil, un personnage d'une extrême importance dans sa grande mythologie.
Earendel le plus brillant des anges est devenu Eärendil, la plus brillante des étoiles, chez Tolkien.

Cordialement,
Ingieris
L'esprit devient ce qu'en font les pensées, car les pensées de quelqu'un déteignent sur son âme. Marc-Aurèle (121-180)
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#3
Encore un article approximatif qui veut justifier Tolkien via la religion, là où il n'y en a pas forcément. Et ça manque cruellement de références sérieuses :
(15.02.2014, 13:31)Dominique Giraudet a écrit : À une jeune fille qui lui demande comment il répondrait au devoir qu'elle doit rédiger sur le sujet : « Quel est le but de la vie? », Tolkien, alors âgé de 77 ans, lui dit : « Connaître Dieu par tous les moyens dont nous disposons et en être transporté dans la louange et l'action de grâce » (Cité dans Feu et Lumière, décembre 2012, p. 6).
Typiquement, ma réaction : Une source, mon royaume pour une source !
What's the point of all this pedantry if you can't get a detail like this right?
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#4
Il s'agit d'une citation de la lettre à Camilla Unwin dont voici la traduction par Delphine Martin et Vincent Ferré :
Citation :"L'on peut dire que le but premier de l'existence, pour n'importe lequel d'entre nous, est d'améliorer selon nos possibilités notre connaissance de Dieu, par tous les moyens dont nous disposons, et qu'elle nous incite à le louer et le remercier." (L310, Letters, p. 400 = Lettres, p. 559-5560)

Wink
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#5
Bonjour Dominique,

(15.02.2014, 13:31)Dominique Giraudet a écrit : Je m'intéresse à ce genre de recherche uniquement porté par ma curiosité naturelle envers ces champs de recherche , ainsi je serais aussi fort intéressé par une étude "J.R.R Tolkien et C-G Jung " ou encore " Tolkien et la religion chrétienne orthodoxe" ou bien encore " La pensée métaphysique de J.R.R Tolkien" , ou " Tolkien connaissait-il la pensée d' Alan Watts ? " ...etc,etc ..J'avoue que ma curiosité est infinie en ce domaine..

Concernant les interprétations jungiennes de Tolkien, il existe un article de Thomas Honegger, "Plus de lumière que d’ombre ? Approches jungiennes de Tolkien et de l’image archétypale de l’Ombre", qui effectue une synthèse du sujet. Cet article a été traduit dans le hors-série de l'Arc & le Heaume. La version anglaise de l'article est disponible en ligne.

Tolkien a beaucoup écrit sur sa conception du catholicisme, sur ses divergences avec le protestantisme, mais à ma connaissance, rien sur la religion orthodoxe. Sur la pensée métaphysique de Tolkien, il y a énormément d'essais (bons et mauvais) qui en parlent. Je t'invite notamment à regarder notre section Essais et à te procurer l'excellent livre d'Irène Fernandez, Et si on parlait du Seigneur des Anneaux ? ainsi que la Feuille de la Compagnie n° 2 : Tolkien, les racines du Légendaire.

Pour Watts, je ne connais pas et je ne me souviens pas que Tolkien en fasse mention.

Sur le texte que tu cites, qui est généralement bien renseigné, quelques précisions néanmoins :

(15.02.2014, 13:31)Dominique Giraudet a écrit : Douze années plus tard, Tolkien apporte une suite en publiant un roman plus sombre : Le Seigneur des anneaux. Ce classique, qui a donné le genre fantastique, se prête à plusieurs interprétations. Le fantastique n'est pas seulement le rêve et la féerie, c'est une manière de redécouvrir le réel sous l'angle de l'imaginaire.

D'une part, le SdA n'est pas du fantastique (au sens français du terme), mais de la fantasy, ce qu'en français on nomme le genre merveilleux. La différence est grande. Cet article précise bien les choses. Ensuite, le genre merveilleux n'a pas été créé par Tolkien, mais remonte au moins à William Morris, au XIXe siècle.

(15.02.2014, 13:31)Dominique Giraudet a écrit : C'est ce que réclament les dictateurs, comme Saroumane et Sauron, figures de Satan ou des SS.

Il faut savoir que Tolkien récusait toute interprétation allégorique du SdA. En particulier, il refusait tout lien avec la deuxième guerre mondiale. Et pour cause : une grande partie du livre avait été écrit avant qu'elle n'éclate. Il est utile de lire les Lettres de Tolkien à ce sujet.

(15.02.2014, 13:31)Dominique Giraudet a écrit : Baptisé dans l'église anglicane en Afrique du Sud, il rentre en Angleterre avec sa mère et son frère à la mort de son père.

En fait, Tolkien et sa mère sont rentrés en Angleterre avant la mort de son père, car le jeune Tolkien supportait mal le climat local. La mort inopinée d'Arthur Tolkien, resté sur place, pousse la famille à rester définitivement en Angleterre.

___

(15.02.2014, 22:17)Druss a écrit : Encore un article approximatif qui veut justifier Tolkien via la religion, là où il n'y en a pas forcément. Et ça manque cruellement de références sérieuses.

Je n'irais pas m'aventurer à la légère à prétendre qu'il n'y a pas de religion dans les passages de Tolkien où cet aspect n'est pas visible au premier abord : vu sa connaissance des Pères de l'Eglise, déceler toutes les références nécessite très certainement d'être expert en la matière, de même qu'il faut un certain niveau de connaissance de la mythologie germanique, celtique et finnoise pour remarquer le grand nombre de motifs dont Tolkien s'est inspiré.

Pour les références, effectivement, l'article aurait été d'autant plus crédible et intéressant s'il avait fourni les références nécessaires.
Rollant est proz e Oliver est sage.
Ambedui unt merveillus vasselage :
Puis que il sunt as chevals e as armes,
Ja pur murir n’eschiverunt bataille.
La Chanson de Roland
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#6
Bonjour,
Elendil, je me permets d'intervenir dans ce fuseau en toute bonne foi et parce que j'apprécie de même tes précisions. Ce n'est pas pour réfuter ce que tu dis bien au contraire, mais plutôt pour apporter à cet article de Jacques Gauthier une couleur personnelle, plutôt instinctive et récurrente lorsque je lis l'œuvre de ce grand maître qu'est Tolkien.

Lorsqu'on parle de J.R.R. Tolkien, on ne peut évidemment pas passer sous silence sa foi catholique. N'oublions pas que c'est par le biais de Christ II qu'il a trouvé Eärendil, qui est passé de l'ange à l'étoile. Comme dans le catholicisme, sa mythologie est basée sur un seul dieu, en l'occurrence Eru. Les Ainur, à mon humble avis, ne sont pas des Anges, ou si peux, mais pourraient leur ressembler sur bien des côtés.

La quête de Frodo amenant le triomphe du bien sur le mal peut se mettre en parallèle avec la foi catholique de Tolkien, si on veut, ce qui m'agace un peu, mais j'interprète cela plutôt comme une quête de l'individu pour améliorer sa personne et sa condition humaine. Nous avons à vaincre des Sauron souvent dans la vie de tous les jours et parfois cela peut nous paraître insurmontable.

Je pense sincèrement, mais n'étant pas une spécialiste (ce qui limite mon interprétation je veux bien croire) que Tolkien a écrit une histoire de Fantasy, point à la ligne. On ne peut nier sa foi immense qui confortait ses pensées et ses actions journalières, mais s'il avait pensé religion en écrivant SdA ou autres, il aurait probablement inventé d'autres histoires que le Silmarillion, Hobbit et SdA... Le Dieu des catholiques a créé seul le ciel et la terre, mais Tolkien s'est servi des Ainur pour parfaire sa création, et sans eux, il n'y aurait pas de Terre du Milieu. Ses deux dimensions sont assez éloignées l'une de l'autre, non ?

Quand je lis ses merveilleux ouvrages, jamais je ne me sens plongée au cœur même d'une religion quelconque. Même si le Silmarillion remonte à la création, Tolkien a bien mentionné que c'était pour pallier à l'absence d'une grande mythologie appartenant à Angleterre. Et comme Elendil le mentionne, Tolkien se défendait d'écrire des allégories, qu'il détestait tout simplement.

Bien modestement,
Ingieris
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#7
(16.02.2014, 17:45)Ingieris a écrit : La quête de Frodo amenant le triomphe du bien sur le mal peut se mettre en parallèle avec la foi catholique de Tolkien, si on veut, ce qui m'agace un peu, mais j'interprète cela plutôt comme une quête de l'individu pour améliorer sa personne et sa condition humaine. Nous avons à vaincre des Sauron souvent dans la vie de tous les jours et parfois cela peut nous paraître insurmontable.

Il y a en effet bien des dimensions selon lesquelles on peut lire l'œuvre de Tolkien. Cette quête de soi que tu décris est bien évidemment une autre lecture possible, une lecture qui justement cadrerait bien avec une analyse jungienne. C'est justement la richesse de Tolkien que de supporter sans difficulté des grilles de lecture très différentes, et c'est sûrement en partie ce qui explique son immense popularité.

(16.02.2014, 17:45)Ingieris a écrit : On ne peut nier sa foi immense qui confortait ses pensées et ses actions journalières, mais s'il avait pensé religion en écrivant SdA ou autres, il aurait probablement inventé d'autres histoires que le Silmarillion, Hobbit et SdA... Le Dieu des catholiques a créé seul le ciel et la terre, mais Tolkien s'est servi des Ainur pour parfaire sa création, et sans eux, il n'y aurait pas de Terre du Milieu. Ses deux dimensions sont assez éloignées l'une de l'autre, non ?

Les deux dimensions ne sont pas si éloignées quand on constate que les Ainur ne créent rien : ils sous-créent. Ils adaptent un thème fourni par Ilúvatar, puis certains d'entre eux façonnent la matière d'une création qui est surgie du néant par la seule volonté d'Ilúvatar. Cela me semble tout à fait compatible avec la vision des Évangiles où les anges interviennent parfois dans les affaires humaines en accomplissant la volonté divine.

Au demeurant, Tolkien explique sa vision des similarités et des différences entre la « mythologie chrétienne » (le terme est de lui) et son Légendaire dans les Lettres n° 212 et 269. Tolkien affirme aussi que le SdA est une œuvre « fondamentalement religieuse et catholique, inconsciemment au départ, mais consciemment lors de la révision » (Lettre n° 142). On est parfaitement en droit de ne pas être d'accord avec Tolkien sur ce point ou d'estimer que ce n'est pas l'aspect le plus intéressant du roman, mais il est difficile de contester la vision que l'auteur Tolkien avait de sa (sub)création.

(16.02.2014, 17:45)Ingieris a écrit : Quand je lis ses merveilleux ouvrages, jamais je ne me sens plongée au cœur même d'une religion quelconque. Même si le Silmarillion remonte à la création, Tolkien a bien mentionné que c'était pour pallier à l'absence d'une grande mythologie appartenant à Angleterre.

Effectivement, à une nuance près : Tolkien précise soigneusement que cet objectif de fournir une mythologie dédiée à l'Angleterre (et non pour l'Angleterre, contrairement à ce que Carpenter a écrit) était son objectif initial. Avec le temps, Tolkien explique qu'il est revenu à plus de modestie.
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#8
C'est vrai qu'il y a plusieurs niveaux selon lesquels on peut lire et comprendre Tolkien. Mais avant de pouvoir amalgamer seulement une partie de ce qui est à saisir, lire sa correspondance demeure un très bon moyen parmi d'autres pour y parvenir, je l'avais oublié.
Ces trois lettres apportent un éclairage certain (bien que j'ai déjà lu la brique de 354 lettes) mais, retenu si peu de tout ce que Tolkien y livre.
Merci encore une fois Elendil pour avoir ouvert d'autres pistes !

ingieris
L'esprit devient ce qu'en font les pensées, car les pensées de quelqu'un déteignent sur son âme. Marc-Aurèle (121-180)
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#9
Je sens que je suis en compagnie de personnes connaissant fort bien l’œuvre de ce grand écrivain . N 'ayant lu que l'ouvrage " Bilbo Le Hobbit " , il me faut encore lire au moins " Le Seigneur des anneaux " (Et même relire avant " Bilbo Le Hobbit " ) pour pouvoir enfin je pense en parler à peu prés d'égal à égal avec vous ! Mais vos réponses m'ont beaucoup plu et m'incite à approfondir cette œuvre étonnante .

Il semble en effet qu'une lecture jungienne de l’œuvre soit la plus appropriée et la plus stimulante pour bien en saisir l'esprit profond qui l'anime . A ce sujet je viens de découvrir ce texte : Une interprétation jungienne du Seigneur des Anneaux de JRR Tolkien. (Traduction de Christian Poelmans (Pia Skogemann) qui peut intéresser les membres du forum . Je ne l'ai pas encore lu avec précision car je viens juste de le trouver mais il me semble à première vue de bonne facture .

Je tiens encore à vous remercier pour la qualité tous et toutes de vos réponses éclairantes et fouillées ,précises !
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#10
(17.02.2014, 21:08)Dominique Giraudet a écrit : A ce sujet je viens de découvrir ce texte : Une interprétation jungienne du Seigneur des Anneaux de JRR Tolkien. (Traduction de Christian Poelmans (Pia Skogemann) qui peut intéresser les membres du forum . Je ne l'ai pas encore lu avec précision car je viens juste de le trouver mais il me semble à première vue de bonne facture .

Pas lu la monographie de Skogemann, mais son ouvrage fait partie de ceux étudiés par Honegger. Voici sa conclusion au sujet de ce livre :

Thomas Honegger a écrit :Where the Shadows Lie est par conséquent un exemple d’« application » assez mécanique et limitée de la grille de lecture jungienne au Seigneur des Anneaux et Skogemann échoue à situer ses trouvailles dans un contexte critique (littéraire) plus vaste. Son analyse demeure réductrice, illustrant uniquement le fait que les textes littéraires complexes ne se réduisent pas à des structures archétypales.
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#11
(17.02.2014, 21:08)Dominique Giraudet a écrit : A ce sujet je viens de découvrir ce texte : Une interprétation jungienne du Seigneur des Anneaux de JRR Tolkien. (Traduction de Christian Poelmans (Pia Skogemann) qui peut intéresser les membres du forum.

Bonsoir,

Juste pour note, le livre de Pia Skogemann, dans sa version anglaise, a fait l'objet d'une recension critique dans Mythlore 109-110.

Didier
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#12
Je vous remercie pour vos dernières interventions au sujet de l'article : Une interprétation jungienne du Seigneur des Anneaux de JRR Tolkien. (Traduction de Christian Poelmans (Pia Skogemann) J 'apprécie vos réponses claires et précises,explicites je vais en tenir compte lors de ma lecture approfondie de l'article en question .

En ce sens je vous signale que Mr Jacques Gauthier a eu l'amabilité de me préciser que le site de Huffington Post, sur lequel son article a été publié, ne renvoie pas à la source de son article qui est son blogue.

D'autre part il ne parle pas dans l’article original de « fantastique » chez Tolkien, mais bien de « fantasy ». On a changé sans lui en parler. Voici le texte original sur son site , suivre ce lien : Tolkien, le hobbit catholique - par Jacques Gauthier dans Le blogue de Jacques Gauthier
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