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Salut à tous ! Je suis étudiante en deuxième année de Master et je m'intéresse aux langues elfiques de Tolkien pour mon mémoire. On m'a dirigée vers ce forum et je pense que vous pouvez m'aider grandement
J'ai à préparer quelques questions pour avancer dans mes recherches (pourquoi étudier les langues elfiques, avec quelles méthodes apprenez-vous etc), et je voulais d'ores et déjà savoir si quelques uns d'entre vous accepteraient de répondre à mes questionnaires quand je les aurais terminés. J'ai déjà parcouru le forum section "Langue" et "Art", j'ai appris pas mal de trucs mais j'aimerais des précisions en plus.
Merci d'avance
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Bienvenue sur le forum, Alecto.
PS : Je me suis permis d'éditer légèrement le titre du fuseau pour plus de clarté.
Rollant est proz e Oliver est sage.
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Ja pur murir n’eschiverunt bataille.
— La Chanson de Roland
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Tu peux poster tes questions directement ici, je pense que plusieurs d'entre nous seront heureux de te répondre
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16.01.2011, 18:28
(Modification du message : 16.01.2011, 18:30 par Alecto.)
Bonsoir à tous ! J'attendais la validation de mon questionnaire par différents enseignants; j'ai eu ma réponse aujourd'hui alors let's go !
Les questions suivantes forment un "questionnaire exploratoire", je construirai mon second questionnaire à partir des réponses obtenues à celui-ci.
Merci d'avance à ceux qui répondront
(vous pouvez me répondre par MP si vous souhaitez que vos réponses restent anonymes bien sûr !)
- Comment avez-vous découvert le monde de Tolkien ?
- Pour vous, l’elfique peut-il être considéré comme une "langue" ? Pourquoi ?
- Quelle langue elfique étudiez-vous ? (Quenya, Sindarin ?)
- Quelles ont été vos motivations pour étudier l'elfique ?
- Quelles difficultés avez-vous rencontrées ?
- Par quelles méthodes avez-vous étudié l'elfique ?
- Utilisez-vous l'elfique ? À quelles occasions ?
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Parce que je ne souhaite ni influencer qui que ce soit ni laisser croire que l'étude des langues elfiques soit réservée à une « élite » (quelle que soit la manière de définir icelle) je préfère répondre par MP. Mais je ne vois aucun inconvénient à être cité nommément le cas échéant.
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17.01.2011, 12:42
(Modification du message : 17.01.2011, 12:43 par oolaetyoo.)
(16.01.2011, 18:28)Alecto a écrit : - Comment avez-vous découvert le monde de Tolkien ?
Un peu par hasard. Je cherchais une belle écriture pour un tatouage, je suis tombée sur les tengwar. Et de ce fait, j'ai commencé à m'intéresser à l'écriture elfique, aux langues elfiques, à l'univers de Tolkien...
- Pour vous, l’elfique peut-il être considéré comme une "langue" ? Pourquoi ?
Pour ma part oui, dans un sens... Mais un peu comme on étudierait une langue "morte".
- Quelle langue elfique étudiez-vous ? (Quenya, Sindarin ?)
Le Sindarin
- Quelles ont été vos motivations pour étudier l'elfique ?
Traduire mon poème en sindarin, pour le transcrire ensuite en tengwar... Mais on se prend vite au jeu! Je commence à reconnaitre des mots, etc...
- Quelles difficultés avez-vous rencontrées ?
La grammaire!! Et en particulier les mutations
- Par quelles méthodes avez-vous étudié l'elfique ?
Vive les pages des sites consacrées aux langues elfiques!! Malheureusement, il y en a beaucoup qui seraient du "néo-elfique" et donc qui serait de la "spéculation", de la "déduction" de règles grammaticales ou de conjugaison (j'utilise des " " car je ne veux absolument insulter personne en disant cela, c'est juste un constat).
Les annexes du SdA de Tolkien contient beaucoup d'infos utiles à ces langues
- Utilisez-vous l'elfique ? À quelles occasions ?
Non, je ne l'utilise pas. Pas assez de connaissances!...
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- Comment avez-vous découvert le monde de Tolkien ?
Par la lecture de Bilbo le Hobbit et du SdA vers 9/10 ans et tout le reste de l'œuvre publiée que j'ai pu trouver ensuite.
- Pour vous, l’elfique peut-il être considéré comme une "langue" ? Pourquoi ?
C'est une langue, mais qui ne peut pas être utilisée, donc c'est un statut particulier.
- Quelle langue elfique étudiez-vous ? (Quenya, Sindarin ?)
Si j'avais à m'y mettre sérieusement, je pencherais plutôt sur le quenya, qui me semble plus abordable en termes de règles et de corpus.
- Quelles ont été vos motivations pour étudier l'elfique ?
Comprendre les fondations et les évolutions de l'ensemble de l'œuvre de Tolkien, et bien sûr pouvoir l'utiliser pour former des textes.
- Quelles difficultés avez-vous rencontrées ?
En l'occurrence, la difficulté serait de trouver le temps et la motivation d'abord. Ensuite, n'ayant aucune connaissance en linguistique, c'est là qu'est l'enjeu principal.
- Par quelles méthodes avez-vous étudié l'elfique ?
Par la lecture des textes de Tolkien, qui donnent déjà des bonnes impressions sur ces langues. Ça inclut aussi de se mettre à la lecture des volumes des VT et PE qui sont beaucoup moins abordables.
- Utilisez-vous l'elfique ? À quelles occasions ?
Rarement, si ce n'est pour utiliser des expressions toutes faites, issues des romans, comme le fameux Namarie, par exemple.
EDIT : VT = Vinyar Tengwar / PE = Parma Eldalamberon les fanzines qui publient les inédits de Tolkien.
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17.01.2011, 15:17
(Modification du message : 17.01.2011, 15:22 par ISENGAR.)
- Comment avez-vous découvert le monde de Tolkien ?
Sur les conseils d'un camarade qui partageait avec moi la passion des jeux de rôles, à la fin des années 80.
Première découverte par le Seigneur des Anneaux, puis par un article (dans un magazine de jeux de rôle) sur les Elfes, signé... Edouard Kloczko.
- Pour vous, l’elfique peut-il être considéré comme une "langue" ? Pourquoi ?
A mon sens, la réponse est oui. Mais cette réponse nécessite sans doute une flopée de précisions.
Bien que langues inventées, les langues elfiques - car il n'y a pas d' elfique mais des elfiques - ne sont pas des langues vivantes (c'est à dire parlées couramment par des individus en société et dont c'est la langue maternelle). Elles ne sont toutefois pas des langues mortes car, artificielles, elles ne sont par définition pas des langues naturelles, même si elles sont le fruit de l'imagination fertile, érudite et ludique de Tolkien qui s'est inspiré d'éléments existants de diverses langues bien connues (finnois, gallois...)
Enfin, j'ajouterais que les langues elfiques ne constituent pas la seule entrée linguistique du monde de Tolkien : il y a aussi une belle collection de langues humaines, et puis il y a la langue des Nains et les dialectes en usage chez les orques et les créatures de l'Ombre.
- Quelle langue elfique étudiez-vous ? (Quenya, Sindarin ?)
J'ai beaucoup apprécié d'explorer les mystères du Quenya, autrefois (c'est à dire il y a 15-20 ans). Aujourd'hui, je délaisse volontiers cet aspect de l'oeuvre pour des errances plus futiles, comme la découverte des inépuisables secrets de la Comté.
Je me suis toujours méfié du sindarin, que j'ai toujours trouvé moins agréable à lire, je ne l'ai donc jamais étudié. Par ailleurs, je pense qu'il nécessite sans doute plus de connaissances linguistiques (que je suis loin de maîtriser).
- Quelles ont été vos motivations pour étudier l'elfique ?
Mmh... il y a vingt ans, c'était sans doute pour écrire en quenya - et avec des tengwar stylés - des poésies aux motivations aussi secrètes que juvéniles. J'imagine que nous sommes nombreux à être passés par là, avec ou sans Tolkien
Plus tard, avec la découverte du Silmarillion et des History of Middle Earth (HoME), ce fut pour compléter l'exploration de l'univers littéraire de Tolkien.
Aujourd'hui, ma motivation est plutôt d'ordre vanito-intellectuel, histoire de voir si j'ai toujours la forme, flatter mon ego et tenter de briller dans la société des tolkiendili
- Quelles difficultés avez-vous rencontrées ?
A l'époque, la motivation était présente, mais le manque de matériel était sans doute la plus grande difficulté. L'appendice E du Seigneur des Anneaux, qui constitue la matière la plus riche pour démarrer le travail ne figurait pas dans toutes les éditions françaises et je n'ai pu y avoir accès que tard. Du coup, ce fut d'abord Le Silmarillion qui a donné des indications de prononciation et de vocabulaire, et The Complete Guide to Middle-earth de Robert Foster (1978 ), que j'ai eu la chance d'acquérir très tôt, ainsi que A Tolkien Compass de Jared Lobdell (1975) que j'ai eu entre les mains à plusieurs reprises qui m'ont permis d'avancer, même s'ils offraient autant de pistes que de frustrations. La sortie de l'ouvrage d'Edouard Kloczko sur le Quenya en 1995, puis la découverte des HoME ont permis le grand bon en avant en ce qui me concerne.
Avec toutes les ressources bibliographiques existantes aujourd'hui et accessibles en un clic, tout est plus facile. Et puis il y a les conseils éclairés des tolkiendili linguistes, chose qui n'existait pas il y a 15 ans. Mais tout ceci ne remplace pas le travail personnel.
- Par quelles méthodes avez-vous étudié l'elfique ?
Beaucoup de lecture des textes cités ci-dessus, beaucoup de reconstitutions, d'essais poétiques, d'essais d'écriture en Tengwar. Beaucoup de prises de tête, aussi. On a rien sans un minimum d'efforts.
J'ai utilisé la même méthode pour m'initier au Khuzdul, la langue secrète des Nains, et pour l'utilisation des Cirth, les runes de la Terre du Milieu.
Contrairement à mes camarades, je n'ai guère utilisé la matière disponible des VT ou des PE, pour la simple et bonne raison que j'ai commencé à prendre conscience de leur immense richesse alors qu'il était déjà trop tard pour que je m'y plonge autrement que par curiosité (la motivition de ma jeunesse était déjà plus modeste).
- Utilisez-vous l'elfique ? À quelles occasions ?
Je ne l'utilise plus, sauf si je suis questionné sur le sujet - ce qui est rare - ou si je peux apporter une contribution modeste pour telle ou telle question linguistique - ce qui est toujours très présomptueux de ma part.
Je préfère aujourd'hui gambader à travers les langues germaniques anciennes (vieil anglais, gotique...) ou moins anciennes (moyen anglais) que Tolkien a abondamment utilisées pour retranscrire la Comté, le Rohan et les peuples des Terres sauvages.
A votre service.
I.
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C'est toujours rigolo (mais aussi un peu étrange) de se prêter au jeu et de partager un petit bout de soi...
- Comment avez-vous découvert le monde de Tolkien ?
Par longues étapes en fait... Ma tante m'a lu Bilbo le Hobbit quand j'étais petit (et peut-être même le début du Seigneur des Anneaux, je ne m'en souviens pas bien, sinon que plus tard il m'a semblé en avoir de vagues réminiscences), quelque chose a dû m'en rester. A mon anniversaire en 1984, on m'a offert en même temps 1984 d'Orwell et le Seigneur des Anneaux. Autant j'ai dévoré le premier, autant j'ai longtemps buté sur le second, qu'il m'a fallu un bon moment pour lire, sous la pression de mes camarades de jeu de rôles de l'époque... Il a néanmoins fini par être l'un des ouvrage que je relisais volontiers chaque été. En 1989, j'ai croisé le chemin de Kloczko et de sa petite association loi 1901 d'alors. Tout cela mis bout à bout, associé à ma découverte des History of Middle-earth puis à l'arrivée d'internet, la passion s'est développée...
- Pour vous, l’elfique peut-il être considéré comme une "langue" ? Pourquoi ?
En un mot, oui.
Plus précisément, Tolkien a inventé un ensemble de langues (elfiques et autres). Hors jugement de valeur, sur le plan de la définition pure, comme système de signes doublement articulés, ce sont bien des langues, après tout... Après, évidemment, elles appartiennent au genre des langues construites (par opposition aux langues naturelles), et au sein de celui-ci, au sous-genres des langues artistiques, langues personnelles et langues de fiction (par opposition par ex. aux langues auxiliaires à vocation universelle). Cela n'enlève rien à mon avis à leur caractère linguistique, quand bien même ce serait des constructions parcellaires et incomplètes à divers degrés.
- Quelle langue elfique étudiez-vous ? (Quenya, Sindarin ?)
Étude est un bien trop grand mot.
Comme beaucoup, je me suis intéressé au quenya au début, parce que c'était une langue plus accessible, il y a 15-20 ans, alors que peu de choses encore avaient été publiées. Mes préférences esthétiques vont aujourd'hui au sindarin, à l'adûnaic et au valarin, peu ou prou dans cet ordre fluctuant.
- Quelles ont été vos motivations pour étudier l'elfique ?
Une triple motivation.
Primo, par rapport à l'étude des œuvres de Tolkien : parce que les langues inventées ont une place importante dans l'œuvre de Tolkien, il m'a toujours paru que leur étude, même sommaire, était nécessaire à sa compréhension (pour ressentir la technique narrative de Tolkien ou encore pour appréhender le fonctionnement de son imagination créative, etc.).
Secundo, c'est indirectement une façon comme une autre de trouver la motivation pour découvrir et apprendre d'autres choses à l'occasion : lire quelques ouvrages sur la linguistique, quelques grammaires étrangères, s'intéresser aux anciens systèmes d'écriture, etc. Toutes choses un peu rudes, mais qu'un aspect ludique vient éclairer sous un autre angle !
Tertio - et c'est là plus personnel et moins aisé à détailler : ayant moi-même touché à l'invention de langues, les inventions linguistiques de Tolkien ont été une grande source d'inspiration et un exemple de méthode (pas forcément à suivre, mais au moins à connaître). Un illustre point de comparaison, quoi !
Évidemment, une telle question est sans fin - on peut toujours interroger les motivations des motivations (et alors, pourquoi étudier Tolkien ? Pourquoi s'intéresser à la linguistique ? Pourquoi, diable, inventer des langues ?)... et le dragon se mord la queue.
- Quelles difficultés avez-vous rencontrées ?
Au début (1985-1995 à la louche), l'accès aux sources était difficile - les éditions françaises en poche du Seigneur des Anneaux n'incluaient pas les appendices linguistiques ; les appendices du Silmarillion ont été maltraités par le traducteur ou les éditeurs ; les autres ouvrages posthumes de Tolkien n'existaient qu'en anglais (et se commandaient moins facilement que de nos jours) ; et même là, les rares études secondaires, comme An Introduction to Elvish, étaient introuvables ou vite épuisées...
Avant l'ère internet, en discuter avec d'autres était aussi un brin laborieux. Le bon vieux courrier papier ne favorisait pas les échanges dynamiques entre personnes certes passionnées, mais souvent dispersées.
- Par quelles méthodes avez-vous étudié l'elfique ?
D'abord en lisant, relisant, et lisant encore les ouvrages à ma disposition. Ensuite avec quelques petits essais modestes d'utilisation (très bref textes ou poèmes, comme exercices de style). Puis en compilant notes et dictionnaires.
- Utilisez-vous l'elfique ? À quelles occasions ?
Non, hormis quelques rares tentatives ludiques au début.
L'utilisation pratique de ces langues ne m'intéresse pas vraiment.
D.
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Merci à tous pour vos réponses !
Je suis en train de rédiger le second questionnaire et vos réponses me guident bien
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08.02.2011, 02:30
(Modification du message : 08.02.2011, 02:49 par 2B².)
Je réponds à mon tour au questionnaire préliminaire, j'en profiterai pour développer quelques points importants pour toute étude sur ce sujet:
- Comment avez-vous découvert le monde de Tolkien ?
J'ai lu Le Seigneur des anneaux, emprunté à la bibliothèque municipale, alors que j'avais 15 ans et en ai été fortement impressionné. Je n'ai cependant apprécié la richesse du monde imaginaire ainsi construit qu'à l'occasion d'une seconde lecture vers 18-19 ans ; j'ai assez rapidement enchaîné avec Le Hobbit, le Silmarillion, avant de recommencer tout et de poursuivre avec le reste de l'oeuvre, mais cette fois-ci en anglais. C'est peu après que j'ai fait mes premiers pas sur Internet, et découvert qu'il y avait nombre d'autres passionnés avec qui échanger...
- Pour vous, l’elfique peut-il être considéré comme une "langue" ? Pourquoi ?
Il importe, comme ç'a déjà été souligné, de préciser que Tolkien a imaginé de nombreuses langues elfiques, liées entre elles par une histoire fictive ("interne") et dont la parenté apparaît à la comparaison (Tolkien, comme philologue, a une approche principalement diachronique et comparative des langues, et le reproduit dans sa fiction.) Elles ont également une histoire externe, dans notre propre monde : Tolkien a commencé ses premières langues elfiques vers 1915 ou un peu avant, et n'a pas cessé de les construire jusqu'à sa mort en 1973, et les conceptions qu'il s'en faisait n'ont cessé d'évoluer (parfois de façon assez radicale) tout au long de sa vie.
Je n'hésiterai pas à qualifier au moins les deux plus développées, c'est à dire le quenya et le sindarin, de langues à part entière : elles en ont en effet l'essentiel des propriétés. Chacune possède sa phonologie, sa grammaire, son lexique propre, et (assez clairement pour le quenya, dans une moindre mesure pour le sindarin) elles sont effectivement susceptibles de remplir des fonctions de communication, dans certaines limites dues au caractère fragmentaire de leurs attestations.
Les autres langues étant trop incomplètement connues pour être vraiment utilisables même à un faible degré, on pourrait parler d'esquisses de langues ou de langues en puissance.
Leur caractère particulier tient au fait qu'elles ont un auteur identifiable (comme toute langue construite - ce n'en fait en rien des non-langues), et que toutes sont fragmentaires. Tolkien n'a visiblement jamais cherché à les rendre complètes, il s'agissait manifestement pour lui avant tout d'un plaisir principal de composition.
- Quelle langue elfique étudiez-vous ? (Quenya, Sindarin ?)
Toutes, et plus généralement toutes les langues construites par Tolkien (certaines ne sont pas elfiques) ; c'est en effet l'approche comparative (en interne : ces langues entre elles, comme en externe : avec les langues de notre monde qui leur ont servi d'inspirations principales) qui permet le mieux d'en rendre raison.
J'ai cependant une affinité plus particulière pour le sindarin, que je ne m'explique pas entièrement. Je pense qu'une des raisons est que la langue, malgré son rôle dominant dans le Seigneur des anneaux et un corpus conséquent, était moins étudiée quand j'ai commencé, au début des années 2000 (c'est encore en partie le cas), qu'elle est de toute façon plus difficile d'accès (histoire externe tourmentée, phonologie et morphologie moins transparentes qu'en quenya)... de sorte que le défi intellectuel était plus grand... comme la satisfaction à découvrir de l'ordre dans le chaos apparent du sindarin. Une autre raison est peut-être d'ordre esthétique ; en utilisant de façon extrêmement grossière une opposition caricaturale (et française) entre esthétiques classique et romantique, le quenya serait assez manifestement du côté du classicisme et le sindarin du romantisme... or tant en littérature, en musique savante qu'en peinture, je suis plus fortement touché par les oeuvres romantiques. Mais il y aurait là amplement matière à une autre discussion tout entière... de quoi refaire des débats interminables en histoire de l'art et des idées.
- Quelles ont été vos motivations pour étudier l'elfique ?
De deux ordres principalement : d'une part, c'est une forme d'immersion dans un monde imaginaire que l'on aime - que d'autres exprimeront par le jeu de rôles, la reconstitution, la fan-fiction, etc. D'autre part, il y a le défi intellectuel de comprendre "comment ça marche", et la fascination en retour lorsque l'on découvre que ces langues ont une véritable profondeur, qu'il y a ample matière à explorer. De ce côté-là, en un sens, plus c'est difficile et mieux ça vaut...
Enfin, l'étude des langues de Tolkien, comme l'a souligné Hiswelókë, fait découvrir un grand nombre de domaines que l'on n'aurait sans doute pas abordé autrement, et qui deviennent des joies supplémentaires. Personnellement, cela m'a été l'occasion d'acquérir de solides bases en linguistique historique, d'apprendre quelques notions de gallois et sensiblement plus de vieil anglais (avant de "goûter", sans les apprendre, à quantité de langues différentes par la suite), de m'essayer à la traduction poétique avant que cet intérêt ne prenne des formes plus "sérieuses", et de travailler ma diction en maintes langues. J'ai quelque peu l'impression de me payer de mots en disant que ces études sont une propédeutique à la philologie mais il y a bel et bien de cela. (C'est vrai dans une certaine de toute oeuvre à laquelle on s'attache ; hors ses langues, Tolkien m'a aussi entraîné vers des lectures que je n'aurais sans doute pas faites sans lui, et qui m'ont donné grande joie.)
J'y ajouterai en dernier lieu une motivation plus "instrumentale" (plus "carnassière" diraient certains...) : du fait de l'importance de ses langues pour Tolkien, il me semble indispensable d'en avoir quelque connaissance pour réellement comprendre sa démarche créative.
Mais fondamentalement, l'approche "art pour l'art" reste dominante chez moi - et c'est sans doute aussi celle qui caractérise le mieux le rapport de Tolkien aux langues (il en parle à plusieurs reprises dans sa correspondance).
- Quelles difficultés avez-vous rencontrées ?
Je ne sais s'il faut comprendre "difficulté" comme "entrave", dans la mesure où la difficulté constitue une part de ma motivation ! Par ailleurs, la notion même d'apprentissage est extrêmement problématique s'agissant des langues inventées de Tolkien. Comme j'ai eu l'occasion de l'exprimer ailleurs, elles relèvent à strictement parler de la philologie plutôt que de l'apprentissage des langues : elles ne sont pas réellement apprenables telles quelles, car trop fragmentaires, évolutives au cours de la vie de leur auteur, avec divers états de développement externe souvent contradictoires (un exemple canonique est le mot quenya lá, qui pendant la vie de Tolkien a signifié tantôt "oui", tantôt "non").
Ce que les gens apprennent sont des versions simplifiées, régularisées et éditées de façon créative, distinguées souvent par un préfixe "néo-" (néo-quenya, néo-sindarin), et que certains refusent même de considérer comme ayant vraiment à voir avec l'original. Il y a une réelle dichotomie entre l'approche "étude de la création d'un auteur" et celle "utilisation des langues", qui ne va pas sans tensions voire polémiques parfois acerbes ; ce particulièrement vers le début des années 2000, avec la sortie des films de Peter Jackson, qui comportent à côté de quelques citations de la plume de Tolkien de nombreux exemples de "néo-elfique", lesquels ont déchaîné les passions... Cela dit, il ne faudrait pas non plus faire un mur de cette différence d'approche : si la plupart des gens que je connais dans ce (tout petit) monde penchent plutôt d'un côté ou de l'autre, la majorité ont tâté quelque jour de l'approche "utilisation" - et l'expérience montre que même pour les philologues les plus exclusifs, lorsque l'approche devient vraiment trop aride et académique, le champ perd en fertilité : combien de messages ces derniers temps sur Lambengolmor ? combien d'articles sur Tengwestië ?
Pour répondre plus directement : la difficulté principale vient de la complexité même du matériel, qui de plus n'était le plus souvent pas directement destiné à la publication et qui nécessite un important travail d'édition et d'élucidation. Le travail d'édition est réalisé par un petit groupe de l' Elvish Linguistic Fellowship et est toujours en cours. Cela signifie que le corpus est évolutif, de sorte qu'il faut régulièrement mettre à jour ses connaissances... et réviser ses théories explicatives.
- Par quelles méthodes avez-vous étudié l'elfique ?
Dans un tout premier temps, en compulsant les appendices du SdA et du Silmarillion et en essayant d'y trouver un ordre. Peu convaincant... Mes bases ont réellement été jetées lorsque j'ai pu avoir accès à des publications secondaires, qui vers 2000 étaient principalement le Dictionnaire des langues elfiques d'Edouard Kloczko et quelques sites, dont évidemment Ardalambion de Helge K. Fauskanger, incontournable à l'époque (et sans doute encore aujourd'hui, bien que son contenu ait vieilli), et dont j'ai traduit certains articles. J'ai beaucoup utilisé de lexiques divers à l'époque, je me suis fait des fiches papiers de déclinaisons et de conjugaisons, des tableaux de prépositions (pour les spatiales, de petits dessins clarifient bien les idées...), et j'ai pratiqué diverses traductions en néo-elfique. Je ne me suis plus penché dessus de longtemps et ne sais ce que j'en penserais aujourd'hui.
Plus tard, ma compréhension du sujet croissant, ainsi que ma connaissance des sources primaires et des méthodes de la linguistique historique, j'ai pris de la distance par rapport à ce que j'avais appris auparavant et suis passé de l'"utilisation" à l'"étude" proprement dite (tels que j'ai expliqués ces termes plus haut), et j'ai commencé à me construire des théories plus personnelles. Les forums et listes de discussions ont été importants à ce moment charnière. Je suis nettement moins actif aujourd'hui - d'une part parce que l'intérêt, sans disparaître, perd quand même de son acuité initiale, et que la vie présente d'autres objets concurrents ; mais aussi parce que je suis plus intéressé aujourd'hui par la réflexion au long cours que par l'échange quotidien. J'ai toujours l'espoir d'en incarner une partie dans des articles - dont la majorité ne verra jamais le jour... Et plus bêtement, mon emploi actuel ne me laisse pas la disponibilité intellectuelle nécessaire.
- Utilisez-vous l'elfique ? À quelles occasions ?
Au début, j'ai traduit divers textes (surtout des poèmes, en essayant d'y garder une structure poétique), pour pratiquer les langues (des néo-elfiques, en l'occurrence) et me familiariser avec leurs mécanismes. Il y a bien longtemps que je ne l'ai plus fait ; mon intérêt pour la traduction s'est déplacé vers le rendu de poèmes en vers français. Il m'arrive encore d'utiliser des formules elfiques ponctuellement pour une salutation, un voeu... des occasions où il peut y avoir complicité entre passionnés.
Bertrand Bellet
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18.02.2011, 00:18
(Modification du message : 18.02.2011, 00:18 par vincent.)
@ Hisweloke, Isengar & Bertrand :
oui, c'est intéressant. continuez...
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Bonsoir à tous !
Le mémoire avance bien, et mon deuxième questionnaire a enfin été validé ; je peux commencer à le diffuser. Il est un peu plus long et plus précis que le précédent. Vous pouvez ne pas répondre à toutes les questions si certaines ne vous parlent pas bien sûr
Vous pouvez me répondre par MP si vous préférez Merci d'avance à ceux qui répondront ! C'est parti :
NB : dans le questionnaire suivant, j’utiliserai le mot « elfique » pour parler des langues elfiques.
1 - Si vous avez étudié une langue étrangère : le fait d’étudier une langue étrangère vous a-t-il aidé dans l’étude de l’elfique ?
2 - Par rapport aux autres langues que vous avez-pu apprendre, quelles sont les points communs et les différences avec l’elfique ?
3 - Pensez-vous que l’elfique peut être comparé à l’esperanto dans le domaine de langues inventées ? Pourquoi ?
4 – En sociolinguistique, on parle de « langue blanche » pour désigner une langue qu’on ne parle pas forcément couramment mais qui a tout de même un impact, aussi minime soit-il ; pensez-vous que l’elfique agit comme une « langue blanche » sur vous ?
5 - Certains mots vous viennent-ils parfois en elfique ? Si oui, lesquels ?
6 - Maintenant que les supports se sont multipliés (Internet, nombreux ouvrages), pensez-vous que davantage de gens s’intéresseront à l’elfique, ou à l’œuvre de Tolkien de manière plus générale ?
7 - Combien de temps en moyenne consacrez-vous (ou avez-vous consacré) à l’étude de l’elfique ? (par jour, par semaine, par mois ?)
8 - Précisément, quelles difficultés avez-vous rencontré lorsque vous avez appris ces langues (points grammaticaux particuliers, alphabet…) ?
9. Quels conseils donneriez-vous à ceux qui voudraient l'apprendre ?
10 - Pensez-vous que l’elfique pourrait faire l’objet d’un apprentissage (même optionnel) dans l’enseignement supérieur ? (dans un cursus tel que Lettres Médiévales par exemple)
11 - Tirez-vous une satisfaction personnelle de votre étude de l’elfique ?
12 - Qu'est-ce que l’étude de l’elfique a changé en vous et que vous a t-elle apporté ?
13 - L’étude de l’elfique vous a-t-elle ouvert les yeux sur d’autres domaines ?
14 - Si vous utilisez peu ou n’utilisez pas l’elfique, pourquoi prendre la peine de l’étudier ?
15 - Pensez-vous mieux comprendre l’œuvre de Tolkien grâce à votre étude de ses langues ?
16 - Avez-vous le sentiment d’appartenir à une communauté du fait d’apprendre l’elfique ou de vous intéresser à l’œuvre de Tolkien ?
17 - Comment décririez-vous la communauté des Tolkiendili ?
18 - Provoquez-vous ou assistez-vous à des rencontres entre Tolkiendili (fans de l’univers de Tolkien) ?
19 - Le fait d’apprendre l’elfique, ou plus largement de s’intéresser à l’univers de Tolkien et autres, a t-il eu une influence sur votre mode de vie, vos loisirs ?
20 - Quel regard portez-vous sur l’œuvre de Tolkien ?
21 - Selon vous, comment expliquer le regain d’intérêt récent pour la littérature du style de Tolkien ?
22 - Selon vous, existe-t-il une culture elfique ? Si oui pouvez-vous la décrire ?
23 - Dans quelle tranche de notre société vous situez-vous ?
24 - Vous décririez-vous comme « geek » ?
25 - Que vous évoquent les mots « communauté » et « identité » ?
26 – Quelle est votre langue maternelle ?
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Citation :23 - Dans quelle tranche de notre société vous situez-vous ?
"tranche" = "classe" ?
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19.03.2011, 12:33
(Modification du message : 19.03.2011, 21:36 par Alecto.)
Oui c'est ça, avec la profession si ça ne gêne pas
Edit petite précision pour la question 25 : rien à voir avec Tolkien, je demande juste une définition personnelle
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Salut Alecto. Puisque j'avais répondu en privé au précédent, je vais poster celui-ci directement.
(16.03.2011, 20:25)Alecto a écrit : 1 - Si vous avez étudié une langue étrangère : le fait d’étudier une langue étrangère vous a-t-il aidé dans l’étude de l’elfique ?
Pour étudier les langues elfiques de façon sérieuse, une bonne maîtrise de l'anglais m'a toujours paru indispensable afin d'avoir accès à certains textes de nature technique.
Une compréhension de l'évolution du latin au français m'a aussi aidé à mieux comprendre le projet de Tolkien et sa façon d'aborder l'évolution interne de ses langues inventées.
(16.03.2011, 20:25)Alecto a écrit : 2 - Par rapport aux autres langues que vous avez-pu apprendre, quelles sont les points communs et les différences avec l’elfique ?
À part le fait que le latin comporte un système de déclinaisons comparables à celui du quenya, j'ai plutôt constaté des différences avec les langues que je connaissais que des similarités. Ce qui m'a d'ailleurs poussé à étudier (superficiellement) d'autres langues réelles, dont Tolkien s'était visiblement inspiré (vieil anglais, vieux norrois, finnois).
(16.03.2011, 20:25)Alecto a écrit : 3 - Pensez-vous que l’elfique peut être comparé à l’esperanto dans le domaine de langues inventées ? Pourquoi ?
Pas vraiment (voir mon article pour le Dictionnaire Tolkien pour un résumé de mes raisons à ce propos).
(16.03.2011, 20:25)Alecto a écrit : 4 – En sociolinguistique, on parle de « langue blanche » pour désigner une langue qu’on ne parle pas forcément couramment mais qui a tout de même un impact, aussi minime soit-il ; pensez-vous que l’elfique agit comme une « langue blanche » sur vous ?
Pour le q(u)enya, l'ilkorin / doriathrin : indubitablement ; pour le sindarin / noldorin : dans une certaine mesure. Pour les autres, probablement pas.
(16.03.2011, 20:25)Alecto a écrit : 5 - Certains mots vous viennent-ils parfois en elfique ? Si oui, lesquels ?
Des termes elfiques me viennent-ils naturellement à l'esprit ? Bien sûr, et les lister tous seraient trop long. Le plus souvent, ce sont des termes provenant du SdA, du Silm. et des CLI.
Par contre, je ne me souvient pas qu'un mot elfique me soit jamais venu à la place d'un mot dans une autre langue.
(16.03.2011, 20:25)Alecto a écrit : 6 - Maintenant que les supports se sont multipliés (Internet, nombreux ouvrages), pensez-vous que davantage de gens s’intéresseront à l’elfique, ou à l’œuvre de Tolkien de manière plus générale ?
S'intéresser à l'œuvre de Tolkien : certainement. Pour les langues elfiques, tout dépend de ce que l'on appelle « s'intéresser », justement. Il y a certainement plus de gens qui veulent des tatouages en elfique. Mais ce n'est certainement pas une forme d'intérêt que j'approuve ou encourage... Ces dernières années, on observerait plutôt une décroissance du nombre de personnes s'intéressant sérieusement à l'elfique, il me semble.
C'est probablement sans rapport avec l'Internet et provient sans doute du fait que le corpus elfique connu s'accroît assez vite et qu'une compréhension complète de celui-ci nécessite une gymnastique intellectuelle de plus en plus complexe. Il y a trente ans, n'importe qui pouvait apprendre par cœur l'ensemble du corpus. Aujourd'hui, j'ignore si qui que ce soit en est capable.
(16.03.2011, 20:25)Alecto a écrit : 7 - Combien de temps en moyenne consacrez-vous (ou avez-vous consacré) à l’étude de l’elfique ? (par jour, par semaine, par mois ?)
Cela peut être très variable : d'à peine une heure ou deux par mois à plus d'une cinquantaine.
(16.03.2011, 20:25)Alecto a écrit : 8 - Précisément, quelles difficultés avez-vous rencontré lorsque vous avez appris ces langues (points grammaticaux particuliers, alphabet…) ?
Le manque de disponibilité de certains magazines a longtemps été un problème pour moi. Sinon, c'est plutôt l'inachèvement et la réécriture permanente des principes grammaticaux et du vocabulaire quenya et « sindarin » (au sens large) qui rende la tâche complexe, plutôt qu'un point de grammaire en particulier.
(16.03.2011, 20:25)Alecto a écrit : 9. Quels conseils donneriez-vous à ceux qui voudraient l'apprendre ?
De lire la F.A.Q. de Tolkiendil et de venir discuter desdites difficultés sur le présent forum ou sur les listes de discussion anglaises consacrées aux langues elfiques.
(16.03.2011, 20:25)Alecto a écrit : 10 - Pensez-vous que l’elfique pourrait faire l’objet d’un apprentissage (même optionnel) dans l’enseignement supérieur ? (dans un cursus tel que Lettres Médiévales par exemple)
D'une manière générale, les langues artistiques mériteraient largement d'être étudiées en tant que telles ou tout au moins pour l'éclairage qu'elles fournissent quant au processus naturel de création et d'évolution des langues. À ce titre, je verrais plutôt une étude dans les différents départements de la linguistique et les langues de Tolkien, par leur complexité et leur aspect inachevé, me sembleraient être les meilleurs candidats à une étude de ce type.
Par ailleurs, l'étude des langues inventées par Tolkien me paraît être absolument indispensable à une étude sérieuse ou même une compréhension avancée du Légendaire, plus encore que l'étude des langues anciennes qu'enseignait Tolkien. S'en abstraire revient à ignorer plus de la moitié de sa subcréation et à comprendre de travers de nombreux textes historico-linguistiques publiés dans les HoMe. La littérature comparée devrait donc à mon sens s'emparer de ce domaine.
(16.03.2011, 20:25)Alecto a écrit : 11 - Tirez-vous une satisfaction personnelle de votre étude de l’elfique ?
Du plaisir, certainement.
(16.03.2011, 20:25)Alecto a écrit : 12 - Qu'est-ce que l’étude de l’elfique a changé en vous et que vous a t-elle apporté ?
N'étant pas psychanalyste, je ne saurait dire si cette étude a changé quoi que ce soit en moi. En revanche, elle m'a conduit à m'intéresser à la linguistique, un domaine passionnant. Et ce fut aussi une des raisons majeures qui m'ont convaincu de m'intéresser de plus près à Tolkien.
(16.03.2011, 20:25)Alecto a écrit : 13 - L’étude de l’elfique vous a-t-elle ouvert les yeux sur d’autres domaines ?
Oui, voir ma réponse à la question 2.
(16.03.2011, 20:25)Alecto a écrit : 14 - Si vous utilisez peu ou n’utilisez pas l’elfique, pourquoi prendre la peine de l’étudier ?
Pourquoi prendre la peine d'étudier n'importe quelle langue morte ? Parce qu'il s'agit d'une fenêtre sur le monde, dotée d'un panorama qui nous intéresse.
(16.03.2011, 20:25)Alecto a écrit : 15 - Pensez-vous mieux comprendre l’œuvre de Tolkien grâce à votre étude de ses langues ?
Indubitablement (voir ma réponse à la question 10).
(16.03.2011, 20:25)Alecto a écrit : 16 - Avez-vous le sentiment d’appartenir à une communauté du fait d’apprendre l’elfique ou de vous intéresser à l’œuvre de Tolkien ?
Étant membre d'une association consacrée à Tolkien, j'aurais du mal à nier appartenir à une communauté regroupée sur ce thème.
Pour l'elfique, j'aurais tendance à dire qu'il existe plusieurs communautés, selon leur lien avec le Tolkien Estate et le type d'intérêt porté à l'elfique. Je n'ai pas le sentiment d'appartenir à un bord plutôt qu'à un autre, même si je suis plus intéressé par l'étude que l'utilisation, en ce moment.
(16.03.2011, 20:25)Alecto a écrit : 17 - Comment décririez-vous la communauté des Tolkiendili ?
Diverse.
(16.03.2011, 20:25)Alecto a écrit : 18 - Provoquez-vous ou assistez-vous à des rencontres entre Tolkiendili (fans de l’univers de Tolkien) ?
Aussi régulièrement que possible.
(16.03.2011, 20:25)Alecto a écrit : 19 - Le fait d’apprendre l’elfique, ou plus largement de s’intéresser à l’univers de Tolkien et autres, a t-il eu une influence sur votre mode de vie, vos loisirs ?
Dans la mesure où une grande partie de mes loisirs tournent autour de l'étude de l'œuvre de Tolkien et de la littérature médiévale, je répondrais oui, sans aucun doute.
(16.03.2011, 20:25)Alecto a écrit : 20 - Quel regard portez-vous sur l’œuvre de Tolkien ?
Une œuvre d'une rare richesse et cohérence. Je partage l'avis de Lewis à propos de Tolkien et de l'Arioste.
(16.03.2011, 20:25)Alecto a écrit : 21 - Selon vous, comment expliquer le regain d’intérêt récent pour la littérature du style de Tolkien ?
On pourrait polémiquer sur ce qui est vraiment de la « littérature du style de Tolkien » et s'il existe vraiment de nombreux continuateurs. Mais si l'on considère que cette périphrase désigne la fantasy en général, ce regain d'intérêt s'explique à mon sens par la loi de l'offre et de la demande : la fantasy est un genre populaire.
L'intérêt universitaire pour l'œuvre de Tolkien (et la fantasy) est évidemment aussi porté par cette popularité, en partie.
(16.03.2011, 20:25)Alecto a écrit : 22 - Selon vous, existe-t-il une culture elfique ? Si oui pouvez-vous la décrire ?
Il en existe même plusieurs : les cultures elfiques décrites par Tolkien dans ses livres (je renvois principalement au Silm. et au SdA pour plus de détails).
Dans la littérature antérieure à Tolkien, on ne pourrait guère parler de « culture » elfique, les auteurs décrivant des elfes le faisant de façon trop superficielle pour que cela puisse s'apparenter à une culture. Dans les ouvrages de fantasy plus récents (et les divers jeux du même tonneau), de nombreuses cultures elfiques sont aussi décrites plus ou moins en détail, évidemment. Mais on s'éloigne du sujet.
(16.03.2011, 20:25)Alecto a écrit : 23 - Dans quelle tranche de notre société vous situez-vous ?
Ingénieur en aéronautique, pour être précis.
(16.03.2011, 20:25)Alecto a écrit : 24 - Vous décririez-vous comme « geek » ?
Négatif.
(16.03.2011, 20:25)Alecto a écrit : 25 - Que vous évoquent les mots « communauté » et « identité » ?
La définition du dictionnaire. Pour le premier, évidemment, cela me fait aussi immanquablement penser à la Communauté de l'Anneau.
(16.03.2011, 20:25)Alecto a écrit : 26 – Quelle est votre langue maternelle ?
Le français.
Rollant est proz e Oliver est sage.
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Puis que il sunt as chevals e as armes,
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26.03.2011, 19:12
(Modification du message : 30.03.2011, 00:10 par 2B².)
Voici mes réponses, j'espère que ça n'aura pas trop tardé. Je pense que je m'y prendrai par morceaux, car certaines questions méritent pas mal de réflexion... et ma connexion est un peu incertaine, sans parler de mon temps libre
(16.03.2011, 20:25)Alecto a écrit : Si vous avez étudié une langue étrangère : le fait d’étudier une langue étrangère vous a-t-il aidé dans l’étude de l’elfique ?
Pour situer : avant de commencer à m'intéresser aux langues de Tolkien, j'avais appris en classe l'allemand, l'anglais, et le latin ; j'avais aussi acquis quelques rudiments de grec ancien par intérêt personnel. Tolkien m'a conduit à apprendre des éléments de gallois et de vieil anglais, et a attisé un intérêt linguistique général.
Comme le soulignait Elendil, une bonne maîtrise de l'anglais est indispensable à une étude sérieuse des langues de Tolkien, car peu de ses sources sont disponibles en français, et les traductions existantes sont souvent entachées d'erreurs et de fautes de composition, du fait de l'extrême difficulté pour le traducteur et l'éditeur, en l'absence de contexte et de référence secondaire, de comprendre vraiment de quoi il retourne et de se rendre compte de possibles erreurs.
En dehors de cette simple question d'accès aux sources, la connaissance préalable de plusieurs langues m'a surtout fourni une culture linguistique préalable : par ex. je savais déjà ce qu'était une déclinaison, un augment, un redoublement (pour le quenya), un umlaut (pour le sindarin).
(16.03.2011, 20:25)Alecto a écrit : 2 - Par rapport aux autres langues que vous avez-pu apprendre, quelles sont les points communs et les différences avec l’elfique ?
C'est avec l'apprentissage des langues anciennes que j'ai trouvé le plus de similarités, comme il s'agit de se familiariser avec une langue et une culture dans un but d'enrichissement personnel et non à des fins directement pratiques. (Non que cet aspect culturel soit inexistant dans l'apprentissage des langues vivantes, mais il est naturellement moins dominant.)
L'analogie est particulièrement nette pour le quenya, d'une part parce qu'il a ce rôle d'une langue ancienne au sein même de son monde imaginaire, et parce qu'il a des traits linguistiques communs (morphologie complexe, souplesse syntaxique, une certaines ressemblance phonétique).
Le sindarin m'a paru beaucoup plus déroutant. Ce sentiment s'est atténué quand mes horizons linguistiques se sont élargis, que j'ai appris quelques rudiments de gallois, l'inspiration principale du sindarin, et que j'ai fait connaissance de langues encore bien plus étranges dans leur fonctionnement... mais n'a pas entièrement disparu.
(16.03.2011, 20:25)Alecto a écrit : 3 - Pensez-vous que l’elfique peut être comparé à l’esperanto dans le domaine de langues inventées ? Pourquoi ?
Non. Les démarches de Zamenhof et de Tolkien n'ont strictement rien à voir.
(16.03.2011, 20:25)Alecto a écrit : 4 – En sociolinguistique, on parle de « langue blanche » pour désigner une langue qu’on ne parle pas forcément couramment mais qui a tout de même un impact, aussi minime soit-il ; pensez-vous que l’elfique agit comme une « langue blanche » sur vous ?
C'est plutôt l'allemand qui joue ce rôle chez moi ; je ne pratique pas activement (bien que je le lise sinon souvent, du moins régulièrement), mais il est très fréquent que je me pose inopinément la question : "comment dirais-je ceci en allemand ?".
Pour l'elfique, il faut que je sois au moment même de l'étudier pour que vienne cette question. Je dirais qu'il y a cependant une influence générale de Tolkien dans l'intérêt et le soin que je porte au langage - un trait que Tolkien attribue à ses elfes. Pour quelques mots, mon usage a été directement influencé : il s'agit en particulier de la paire de mots sindarins amdir / estel, traduits tous deux en anglais par "hope" ; mais amdir est l'attente positive du vraisemblable dans ce monde, et estel plus un sentiment de ferme confiance dans la providence. Le français a l'amorce d'une semblable distinction entre "espoir" et "espérance", mais elle est loin d'être aussi constante ; cependant, je la fais régulièrement dans mon propre usage, en y projetant les valeurs "elfiques". Ce n'est pas à vrai dire une élaboration personnelle, mais le résultat de longues discussions collectives lancées et élaborées par Yyr sur JRRVF ( ici et là) et qui ont fait du chemin par la suite (par ex. reprise et critique par Michaël Devaux au colloque Tolkien de Rambures en 2008).
(16.03.2011, 20:25)Alecto a écrit : 5 - Certains mots vous viennent-ils parfois en elfique ? Si oui, lesquels ?
Mordor me vient fréquemment à l'esprit quand j'arrive dans un endroit repoussant ou saccagé, et le plus souvent, c'est dans le métro parisien. Sans doute toutes ces galeries bondées et puantes me mettent-elles dans la peau d'un gobelin... Mais c'est plutôt une réminiscence narrative que linguistique, même si techniquement c'est un mot elfique. C'est équivalent à penser à l'Enfer.
(16.03.2011, 20:25)Alecto a écrit : 6 - Maintenant que les supports se sont multipliés (Internet, nombreux ouvrages), pensez-vous que davantage de gens s’intéresseront à l’elfique, ou à l’œuvre de Tolkien de manière plus générale ?
Sans doute pas : ouvrages et sites spécialisés s'adressent à des gens déjà passionnés. Ce qui a le plus de chances de refaire parler de Tolkien à moyen terme, ce sont les deux adaptations cinématographiques de Bilbo le hobbit. En supposant, bien entendu, que l'on se souvienne alors que c'est au départ un conte de Tolkien.
(16.03.2011, 20:25)Alecto a écrit : 7 - Combien de temps en moyenne consacrez-vous (ou avez-vous consacré) à l’étude de l’elfique ? (par jour, par semaine, par mois ?)
Cela fait une dizaine d'années que je m'y intéresse. Dans les premiers temps de la découverte, j'y consacrais facilement plusieurs soirs par semaine ; il m'est arrivé de passer des journées de loisir essentiellement dessus. Cela s'est naturellement tassé avec le temps, plus concentré autour de moments forts (vacances, publication importante, colloque) ; et j'ai traversé une longue période "sans" où je pouvais n'y pas toucher pendans des mois. Je m'y suis remis plus régulièrement depuis un an et demi environ, mais je ne dois guère y passer plus que quelques heures par mois.
(16.03.2011, 20:25)Alecto a écrit : 8 - Précisément, quelles difficultés avez-vous rencontré lorsque vous avez appris ces langues (points grammaticaux particuliers, alphabet…) ?
J'ai déjà traité cette question lors du premier questionnaire. La difficulté tient principalement en deux points :
1) les sources sont peu accessibles. Pratiquement : l'essentiel ne figure pas dans les écrits de Tolkien édités à grand tirage, mais dans des publications confidentielles - encore qu'il soit infiniment plus facile de se les procurer aujourd'hui avec Internet qu'il y a seulement quinze ans, du temps des fanzines et des courriers papier : des vétérans comme Hisweloke pourraient en témoigner. Mais surtout, intellectuellement : les sources sont principalement des brouillons et notes souvent arides, confus et obscurs car Tolkien ne les destinait pas à la publication
2) les conceptions que Tolkien se faisait de ses langues ont toujours été mouvantes au cours de sa vie, ce qui fait qu'il est difficile de s'en faire une image nette : il faut se représenter une structure connue par morceaux, qui évolue au cours du temps à la fois pendant la vie de l'auteur mais aussi dans le temps interne du monde imaginaire, puisque Tolkien imaginait ses langues de façon essentiellement diachronique.
C'est à cause de ces difficultés que la majorité des gens qui étudient l'elfique se limitent en fait à des néo-elfiques : c'est à dire des recréations éditées, simplifiées et régularisées avec plus ou moins de maîtrise de l'original de Tolkien, mais qui ne peuvent être celui-là même. C'est de toute façon ce dont il est besoin si l'on veut se servir effectivement de ces langues : car en leur état brut, elles ne s'y prêtent que dans de très étroites limites. La question est alors de bien garder à l'esprit la distinction entre l'original et la recréation, ce qui a été source de maints échanges houleux.
A côté de ces difficultés pratiques et conceptuelles, les difficultés grammaticales ne sont finalement pas bien lourdes, quoiqu'il faille sans aucun doute un certain bagage linguistique pour s'y retrouver. Quant aux écritures, leur seule difficulté est la variété des modes (sans entrer dans les détails : il n'y a pas de valeur fixe attachée à chaque caractère, elles leurs sont affectées selon un "mode" déterminé d'une part par la phonologie de la langue transcrite, et d'autre part par des correspondances usuelles entre relations phonologiques des phonèmes et relations graphiques des caractères) ; elles ne sont en aucun cas un obstacle à l'approche de la langue, car en pratique les écritures elfiques ne sont guère employés que dans un but esthétique ; quand on discute des langues, c'est toujours dans leur transcription romanisée.
(16.03.2011, 20:25)Alecto a écrit : 9. Quels conseils donneriez-vous à ceux qui voudraient l'apprendre ?
N'allez pas demander conseil aux Elfes, car leur réponse sera en même temps non et oui.
Blague à part (encore que la citation soit en un sens hautement appropriée), c'est plutôt un cadre explicatif général, des repères plutôt que des conseils, qu'il est utile de donner : pour savoir comment se présente le domaine, quelles sont les approches, et simplement... ce qu'on peut y faire. Savoir, par exemple, que l'elfique n'est guère "apprenable" sinon sous la forme de néo-elfiques qui ne sont pas de la plume de Tolkien. Ensuite... il n'y a guère d'autre conseil à donner que de suivre la règle de l'abbaye de Thélème.
(16.03.2011, 20:25)Alecto a écrit : 10 - Pensez-vous que l’elfique pourrait faire l’objet d’un apprentissage (même optionnel) dans l’enseignement supérieur ? (dans un cursus tel que Lettres Médiévales par exemple)
L'idée me semble saugrenue. Il s'agit d'un domaine bien trop confidentiel et, tout de même, restreint pour faire l'objet d'un enseignement formalisé. Ceux qui s'y intéressent ont-il vraiment besoin d'un cours ? Et qui serait qualifié pour le donner ?
En revanche, dans le cadre d'une étude littéraire de Tolkien, d'une étude sociologique sur les communautés de fans, d'une étude poétique sur les jeux de langage, il peut être pertinent d'en toucher un mot. De faire savoir que ça existe et que ça peut avoir une certaine importance pour le domaine étudié ; libre à l'étudiant ensuite d'y mettre ou non son nez.
De toute façon, la tendance actuelle dans l'enseignement supérieur est de tailler dans tout ce qui ne sert pas directement à alimenter la machine de production et de consommation. Alors, les langues inventées...
(16.03.2011, 20:25)Alecto a écrit : 11 - Tirez-vous une satisfaction personnelle de votre étude de l’elfique ?
Cela fait bien dix ans que je m'y emploie, et je ne crois pas être spécialement masochiste. Encore que... même le masochiste trouve sa satisfaction - selon son goût.
(16.03.2011, 20:25)Alecto a écrit : 12 - Qu'est-ce que l’étude de l’elfique a changé en vous et que vous a t-elle apporté ?
Elle a essentiellement alimenté mon goût (déjà présent) pour les langues, m'a fait m'assimiler à un bon bagage en linguistique (notamment historique), et a affiné ma conscience des dimensions esthétiques et ludiques du langage. Peut-être paradoxalement, j'ai traduit des poèmes en néo-elfique avant d'en traduire en vers français. Sans doute parce qu'on est moins intimidé en se lançant dans quelque chose de "pas sérieux" - c'est une dimension essentielle du jeu.
Je dirais aussi qu'avoir une passion aussi "bizarre" est fort instructif quant à la façon d'assumer les aspects les plus singuliers de son personnalité. Savoir ensuite qu'il y a d'autres pour la partager (il a fallu que m'arrive Internet pour m'en rendre compte) est une expérience assez indescriptible.
(16.03.2011, 20:25)Alecto a écrit : 13 - L’étude de l’elfique vous a-t-elle ouvert les yeux sur d’autres domaines ?
Oui, sur la poésie. Je n'étais absolument pas amateur auparavant, et c'est en apprenant à jouer et sculpter le langage en elfique que j'y ai pris goût.
Plus généralement, Tolkien au delà de ses langues pousse ses lecteurs à explorer des domaines qu'ils n'auraient jamais touchés autrement. Je n'aurais peut-être jamais lu le Kalevala, les Mabinogion ou Béowulf sans cela, et je n'aurais vraisemblablement jamais appris le moindre mot de gallois ou de vieil anglais. Je n'aurais peut-être jamais pensé non plus que la fantaisie pouvait faire de la bonne littérature... D'autres expriment cela par la peinture, la musique, la reconstitution historique, les études médiévales... les formes en sont assez variées, mais c'est quelque chose qui me paraît assez typique chez les tolkiendili les plus actifs.
(16.03.2011, 20:25)Alecto a écrit : 14 - Si vous utilisez peu ou n’utilisez pas l’elfique, pourquoi prendre la peine de l’étudier ?
J'ai déjà répondu à cette question dans le premier questionnaire, lorsqu'il fut question des motivations. Il s'agit en premier lieu d'une immersion dans un monde imaginaire que l'on aime ; en second lieu, d'un défi intellectuel, du plaisir de découvrir "comment ça marche" ; et en dernier lieu, d'une façon de mieux comprendre Tolkien et son oeuvre, du fait de la place considérable qu'y prennent ses langues.
(16.03.2011, 20:25)Alecto a écrit : 15 - Pensez-vous mieux comprendre l’œuvre de Tolkien grâce à votre étude de ses langues ?
Peut-être pas de façon profonde : je ne suis pas convaincu qu'il y ait un thème essentiel qui ne soit perceptible autrement. En revanche, comprendre Tolkien dans le détail nécessite certainement une part d'approche linguistique, car ses langues et surtout l'onomastique qu'elle permettent de bâtir fondent une bonne partie de la consistance de son monde imaginaire. Les noms sont signifiants chez Tolkien, et si les plus importants sont expliqués en clair, beaucoup ne sont qu'en arrière-plan et ne révèlent leur sens qu'à l'étude ; celui-ci ne vient pas modifier la ligne générale, mais apportent de la profondeur. Je ferais volontiers une comparaison musicale : étudier Tolkien sans ses langues inventées, c'est comme écouter une composition polyphonique en ne suivant que les mélodies sans tenir compte de l'harmonie. Le sens y est, on se souvient de l'oeuvre, mais en passant à côté d'une dimension essentielle.
(16.03.2011, 20:25)Alecto a écrit : 16 - Avez-vous le sentiment d’appartenir à une communauté du fait d’apprendre l’elfique ou de vous intéresser à l’œuvre de Tolkien ?
De fait : sinon nous ne serions pas sur un forum en train d'en discuter. Et pour le cas plus particulier des langues, c'est encore plus sensible, car les gens concernés sur la durée restent peu nombreux et l'on finit par en connaître un bon nombre de nom, de style... et parfois de visu.
(16.03.2011, 20:25)Alecto a écrit : 17 - Comment décririez-vous la communauté des Tolkiendili ?
Diverse. Pas de meilleur mot qu'Elendil. La communauté se base sur un intérêt commun ; mais au delà de ça, il y a vraiment de tout, que ce soit par l'âge, les professions, les prédilections.
(16.03.2011, 20:25)Alecto a écrit : 18 - Provoquez-vous ou assistez-vous à des rencontres entre Tolkiendili (fans de l’univers de Tolkien) ?
Oui, les deux. J'entretiens depuis un certain nombre d'années un cercle de lecture autour de Tolkien (qui s'effiloche un peu mais se maintient encore). Je me suis rendu plus d'une fois à des manifestations où rencontrer des tolkiendili - celles-ci étant le plus souvent consacrées à la fantaisie et l'imaginaire en général, mais Tolkien y est presque incontournable. Il m'est également arrivé d'assister à des conférences dans un cadre universitaire.
(16.03.2011, 20:25)Alecto a écrit : 19 - Le fait d’apprendre l’elfique, ou plus largement de s’intéresser à l’univers de Tolkien et autres, a t-il eu une influence sur votre mode de vie, vos loisirs ?
Oui, mais surtout indirectement : en rejoignant une communauté de passionnés, à ce moment important qu'est l'arrivée à l'âge adulte, je me suis fait de nombreux amis, qui m'ont donné l'occasion de faire maintes découvertes - pas forcément liées à Tolkien.
A l'exception déjà citée de la découverte de la poésie, mes prédilections en matière de loisirs n'ont pas notablement changé. Mais elles ont été certainement infléchies : j'aimais déjà les langues, les mythologies et la littérature médiévale, mais je m'y suis encore bien plus plongé après avoir découvert la Terre du Milieu.
(16.03.2011, 20:25)Alecto a écrit : 20 - Quel regard portez-vous sur l’œuvre de Tolkien ?
Trop vaste question ! Il faut mettre un pluriel à ces regards. Je dirai au moins : - l'enchantement : vous rentrez dans le monde imaginaire comme en un voyage, vous êtes pris et avez plaisir à y revenir encore et encore
- la profondeur : elle est le travail d'une vie, d'une longue fusion de multiples sources en un vaste ensemble cohérent. A la façon de la mythologie, elle aborde maintes questions fondamentales que maints lecteurs ont plaisir à discuter ensuite par le biais de la narration.
- la variété de styles : on a le conte léger et humoristique avec Bilbo le hobbit ; la saga implacable avec Les Enfants de Hurin ; la fresque mythologique puis historique avec le Silmarillion ; la quête et l'aventure dans Le Seigneur des anneaux...
- l'universalité : au-delà de la multiplicité des traductions, l'ouvre de Tolkien est remarquablement libre des contingences de l'époque et du pays de son auteur (fût-ce malgré lui-même). Sur un fondement culturel spécifique, elle recrée sa propre réalité et échappe à une temporalité précise. En se plaçant dans le monde du conte, Tolkien propose mais n'impose pas des choix de valeurs et d'interprétation à son lecteur (contrairement à son collègue et ami C. S. Lewis, par exemple) ; c'est un auteur profondément catholique (et se revendiquant tel) qui a pu être aimé par des hippies. Je gagerais volontiers qu'il sera encore lu et aimé dans un siècle (si nous ne nous sommes pas fait sauter d'ici là).
(16.03.2011, 20:25)Alecto a écrit : 21 - Selon vous, comment expliquer le regain d’intérêt récent pour la littérature du style de Tolkien ?
J'attends qu'on me démontre qu'il y a réel un regain d'intérêt du public : le conte littéraire, la légende, le récit merveilleux ne sont pas spécialement des genres récents et il y a toujours dû avoir un fonds d'amateurs.
En fait, pour Tolkien, nous serions plutôt bien en période d'étiage, actuellement. Il y a eu un pic d'activité et de visibilité au moment de la "trilogie" de Peter Jackson, qui est complètement retombé depuis. Il y aurait même plutôt moins d'activité qu'avant, l'intensité du début des années 2000 ayant sans doute créé un effet de saturation.
En revanche, il me semble en effet que la visibilité de la fantaisie comme genre a sensiblement augmenté dans les dix dernières années, en tout cas en France. Il y a d'une part, un phénomène médiatique et commercial : il y a eu plusieurs sorties d'ouvrages et d'adaptation cinématographiques qui ont connu un certain, voire beaucoup de succès public, ce qui a attiré l'attention des médias et, peut-être, amené un regard plus nuancé sur la valeur artistique de la fantaisie, qui comme maints genres populaires tend à être relégué comme la littérature de bas-étage - ce n'est souvent pas faux, mais ne peut être généralisé. Il y a eu le même phénomène auparavant avec la science-fiction ou le roman policier.
Le singulier avec la fantaisie, c'est que malgré ses racines beaucoup plus anciennes (le récit merveilleux et le roman d'aventures), il paraît pourtant plus récent de la voir discutée chez nous comme genre digne d'intérêt. Il s'agit peut-être d'un manque de familiarité en France avec la fantaisie comme roman : les auteurs relativement connus sont essentiellement anglophones, et j'ai l'impression que la fantaisie en langue française s'est plus visiblement exprimée dans la bande dessinée. Il est vrai que le romancier français moderne aurait vergogne à s'abaisser à distraire en racontant une histoire : lui, c'est un monsieur sérieux, qui ne s'amuse pas à des balivernes. (Admettons que j'abuse un peu - celui que je viens de citer est une exception fort célébrée...)
Concernant plus spécifiquement Tolkien, il faut aussi se souvenir que longtemps, seule son oeuvre de fiction "définitive" était connue ( Bilbo le hobbit, le Seigneur des Anneaux, le Silmarillion les Contes et Légendes Inachevés, et quelques petits contes séparés) : mais la traduction de l'Histoire de la Terre du Milieu, indispensable pour saisir la profondeur de sa création, n'a commencé qu'il y a une dizaine d'années. On ignorait largement aussi le Tolkien universitaire et les liens entre ses activités de philologue et d'écrivain ; cela commence à être plus perceptible grâce à la publication des Lettres, des Monstres et les Critiques, de La Légende de Sigurd et Gudrun. Il faut aussi souligner l'activité persévérante de plusieurs universitaires qui se sont attachés à le mieux faire connaître, tels que par exemple Vincent Ferré, Anne Besson, Michaël Devaux. Tout cela a dû jouer quant à sa reconnaissance dans le monde littéraire "savant".
(16.03.2011, 20:25)Alecto a écrit : 22 - Selon vous, existe-t-il une culture elfique ? Si oui pouvez-vous la décrire ?
Au sein même du monde imaginaire, il existe plusieurs cultures elfiques, largement décrites dans le Silmarillion. Mais je gage que la question porte plutôt sur notre monde à nous ! Auquel cas je dirai : non. Il y a maintes gens qui pratiquent des loisirs inspirés de Tolkien, mais cela ne fait pas une culture : cela n'imprègne pas l'ensemble du quotidien à l'insu partiel de ses porteurs, mais se limite à des contextes précis. Peut-être pourrait-on parler en revanche de sub-culture, comme pour d'autres fictions, musiques, loisirs en général qui agrègent des communautés de passionnés ; mais ce serait une question à poser à un sociologue.
(16.03.2011, 20:25)Alecto a écrit : 23 - Dans quelle tranche de notre société vous situez-vous ?
Je suis documentaliste dans le domaine médical.
(16.03.2011, 20:25)Alecto a écrit : 24 - Vous décririez-vous comme « geek » ?
Le mot ayant été mis à toutes les sauces, il me semble indispensable de préciser de quoi il retourne.
S'il s'agit de parler du sens initial dans le domaine de l'informatique, certainement pas. Je n'ai d'intérêt que strictement utilitaire pour les ordinateurs, et les machines en général.
S'il s'agit de désigner par extension un comportement de passionné quelque peu obsessionnel sur un centre d'intérêt abscons, sans spécifier lequel, ça peut mieux convenir. Il faut sans aucun doute avoir ce tempérament pour s'intéresser en détail à des langues inventées au sein d'un monde imaginaire... Mais alors, toute personne ayant une passion singulière devient un "geek" et le mot se vide de son sens - car c'est une situation somme toute assez commune.
S'il s'agit de la récupération mercantile sous forme de mode ado ou post-ado, j'ai sans doute passé l'âge...
(16.03.2011, 20:25)Alecto a écrit : 25 - Que vous évoquent les mots « communauté » et « identité » ?
C'est une question d'actualité ? Dans ce cas, je dirai : "une escroquerie intellectuelle manipulée par des politicards malfaisants afin d'appliquer une très vieille stratégie : diviser pour régner."
Plus sérieusement, définir ces concepts hors contexte est suffisamment délicat philosophiquement pour que je ne m'y risque pas en quelques lignes. Je répondrai donc sur mon simple sentiment en fonction de mon rapport à l'oeuvre de Tolkien : de fait, je participe à une communauté qui partage une passion et des références spécifiques. Mais je n'irai certainement pas jusqu'à parler d'identité - il m'arrive de mettre cet intérêt en veilleuse sans me sentir mis en cause dans ma personne.
(16.03.2011, 20:25)Alecto a écrit : 26 – Quelle est votre langue maternelle ?
Le français.
Cordialement,
Bertrand Bellet
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29.03.2011, 16:24
(Modification du message : 29.03.2011, 16:29 par Laegalad.)
Bon, si c'est la version définitive du questionnaire, autant répondre alors
Citation :1 - Si vous avez étudié une langue étrangère : le fait d’étudier une langue étrangère vous a-t-il aidé dans l’étude de l’elfique ?
J'avais étudié plusieurs langues, ce qui habitue à une certaine gymnastique mentale.
Citation :2 - Par rapport aux autres langues que vous avez-pu apprendre, quelles sont les points communs et les différences avec l’elfique ?
Le latin me semblait très proche du quenya, mais je préférais le sindarin, pour ses sonorités, que je ne saurai cependant associer à une autre langue.
Citation :3 - Pensez-vous que l’elfique peut être comparé à l’esperanto dans le domaine de langues inventées ? Pourquoi ?
Non ; les langues elfiques ont un but esthétique qui est, pour ce que j'en sache, absent de l'esperanto.
Citation :4 – En sociolinguistique, on parle de « langue blanche » pour désigner une langue qu’on ne parle pas forcément couramment mais qui a tout de même un impact, aussi minime soit-il ; pensez-vous que l’elfique agit comme une « langue blanche » sur vous ?
Pas compris ce qu'était une langue blanche, à part signe de maladie.
Citation :5 - Certains mots vous viennent-ils parfois en elfique ? Si oui, lesquels ?
Non – principalement parce que ce sont des langues qu'on ne peut pas utiliser, contrairement aux langues vivantes.
Citation :6 - Maintenant que les supports se sont multipliés (Internet, nombreux ouvrages), pensez-vous que davantage de gens s’intéresseront à l’elfique, ou à l’œuvre de Tolkien de manière plus générale ?
D'avantage de gens se sont intéressés à Tolkien grâce à ces supports – j'utiliserai le passé ; je ne crois pas que ce « pic » d'intérêt ne se développe de nouveau. Cela fait une dizaine d'années qu'internet s'est franchement démocratisé, la communauté Tolkiennienne est maintenant stable, je pense. Quant aux ouvrages de circuits classiques (généralement écrits par des universitaires et publiés par des éditeurs ayant pignon sur rue), ils ont à mon sens un impact limité. Très techniques, ils s'adresseront à des amateurs déjà éclairés. Très commerciaux, ils ne mèneront pas à grand chose.
Je regrette que les articles d'amateurs (au sens amateurs éclairés) peinent à s'imposer, même au travers des publications telles que l'Arc et le Heaume de Tolkiendil. C'est à mes yeux le travail le plus intéressant, diversifié et accessible, mais je crains qu'il ne manque de visibilité...
Citation :7 - Combien de temps en moyenne consacrez-vous (ou avez-vous consacré) à l’étude de l’elfique ? (par jour, par semaine, par mois ?)
J'y ai consacré, lorsque j'étais à la fac, quelques heures par mois. Depuis lors, je m'en suis désintéressée – je suis devenue « utilisatrice » de liste de vocabulaires plutôt que « étudiante » des aspects linguistiques.
Citation :8 - Précisément, quelles difficultés avez-vous rencontré lorsque vous avez appris ces langues (points grammaticaux particuliers, alphabet…) ?
La grammaire ! Les déclinaisons, mutations et autres complications ont toujours été un cauchemar. C'était amusant au début, mais dès que je n'ai plus eu le moteur de mes études, j'ai complètement abandonné.
Citation :9. Quels conseils donneriez-vous à ceux qui voudraient l'apprendre ?
Être conscient dès le départ que tout peut être remis en cause par une prochaine publication.
Citation :10 - Pensez-vous que l’elfique pourrait faire l’objet d’un apprentissage (même optionnel) dans l’enseignement supérieur ? (dans un cursus tel que Lettres Médiévales par exemple)
Non. Je n'en vois pas l'utilité. Et je ne vois pas qui pourrait s'arroger l'autorité de devenir professeur d'elfique – trop de théories différentes, trop de variation, pour pouvoir présenter autre chose que des pistes de travail. Du reste, il y a bien de choses plus utiles à apprendre dans un cursus officiel.
Citation :11 - Tirez-vous une satisfaction personnelle de votre étude de l’elfique ?
Bien sûr, sinon je ne l'aurais pas étudié.
Citation :12 - Qu'est-ce que l’étude de l’elfique a changé en vous et que vous a t-elle apporté ?
Changé... rien. C'était mêlée à une curiosité linguistique que j'ai éprouvé aussi pour l'anglais et l'espagnol. Ça m'est par contre resté utile, puisque je m'investie dans la Compagnie du Dragon Vert, où on reconstitue l'univers tolkienien ; on en a parfois besoin, pour dessiner des cartes, calligraphier des messages, etc, etc.
Citation :13 - L’étude de l’elfique vous a-t-elle ouvert les yeux sur d’autres domaines ?
Non. L'étude de Tolkien en général, par contre, oui, beaucoup. Sur la littérature, la mythologie, la philosophie, et beaucoup d'autres choses.
Citation :14 - Si vous utilisez peu ou n’utilisez pas l’elfique, pourquoi prendre la peine de l’étudier ?
Au départ, par enthousiasme, curiosité et sens poétique. Maintenant, plus par « utilité » dans mes activités de reconstitution.
Citation :15 - Pensez-vous mieux comprendre l’œuvre de Tolkien grâce à votre étude de ses langues ?
Oui et non. Disons que Tolkien a fait porter certains sens philosophiques par des termes en langue inventée – Amdir/Estel, Osanwë, etc. Même les termes qu'il a inventé pour désigner les pièces de la maison ont un sens symbolique, qui renseigne sur la valeur et l'utilité associée.
Par conséquent, l'étude du vocabulaire elfique apporte beaucoup. Mais étudier les structures grammaticales, ça ne m'a personnellement rien apporté, et j'ai d'ailleurs tout oublié.
Citation :16 - Avez-vous le sentiment d’appartenir à une communauté du fait d’apprendre l’elfique ou de vous intéresser à l’œuvre de Tolkien ?
Très clairement, c'est inévitable dès qu'on s'investit dans un groupe.
Citation :17 - Comment décririez-vous la communauté des Tolkiendili ?
Très colorée, très diversifiée, très complexe aussi. On a de tous les profils, milieux, âges, intérêts, envies, etc.
Citation :18 - Provoquez-vous ou assistez-vous à des rencontres entre Tolkiendili (fans de l’univers de Tolkien) ?
Bien sûr, et beaucoup ! Un certain nombre de Tolkiendili sont devenus des amis très proches que je vois le plus souvent possible, et Tolkien restant une passion commune, on en parle forcément. Et puis il y a des retrouvailles à plus grande échelle, des prestations, des salons, des colloques...
Citation :19 - Le fait d’apprendre l’elfique, ou plus largement de s’intéresser à l’univers de Tolkien et autres, a t-il eu une influence sur votre mode de vie, vos loisirs ?
Bien sûr aussi – enfin, surtout m'intéresser à l'univers de Tolkien. J'aborde beaucoup de choses par ce biais – y compris des activités manuelles, qui servent à nos ateliers à la Compagnie du Dragon Vert.
Citation :20 - Quel regard portez-vous sur l’œuvre de Tolkien ?
Curieux. Et émerveillé. Ça fait des années que je baigne dans ce milieu, je n'ai pas fini d'en faire le tour. Toujours un détail à découvrir, un petit truc amusant, une anecdote, une image poétique...
Citation :21 - Selon vous, comment expliquer le regain d’intérêt récent pour la littérature du style de Tolkien ?
J'imagine que nous avons de plus en plus besoin de nous évader. On remarque la même chose pour toutes les associations de reconstitution : un très net regain d'intérêt pour l'époque médiévale, napoléonienne, et autres encore. Le monde du travail est déprimant, le reste du monde le devient aussi, alors la fantaisie est une fenêtre ouverte sur l'imaginaire, qui sert de soupape.
Citation :22 - Selon vous, existe-t-il une culture elfique ? Si oui pouvez-vous la décrire ?
Je dirais même qu'il y a DES cultures elfiques. La Lorien n'est pas Imladris, ni Mirkwood, ni Mithlond (pour en rester aux royaumes elfiques du Troisième Âge).
Imladris est resté une « maison » ouverte aux gens de passage, Elfes, Humains ou Hobbits, et c'est tout naturellement que s'y tient le Conseil qui réuni aussi des Nains. La culture y est forcément plus « ouverte », plus métissée qu'en Lorien, par exemple. La Lorien est un Royaume fermé, tourné vers le passé et le souvenir, très méfiant envers les étrangers. Mirkwood, présenté comme sauvage, a pourtant des relations commerciales avec les Humains et les Nains ; leur culture est plus simple, leur rapport au monde différent.
A Mithlond, dernier royaume de passage pour les Elfes partant d'Arda, cité portuaire, idem, on aura une culture différente aussi.
Citation :23 - Dans quelle tranche de notre société vous situez-vous ?
Je ne sais pas. La génération Y ?
Citation :24 - Vous décririez-vous comme « geek » ?
Pas franchement. Mais comme je travaille dans l'informatique, j'ai forcément une utilisation poussée d'internet et des réseaux sociaux. Maintenant, pas plus que n'importe qui, et j'ai des centres d'intérêts suffisamment diversifiés pour échapper au catalogage dans la catégorie « geek », je pense.
Citation :25 - Que vous évoquent les mots « communauté » et « identité » ?
Identité m'évoque le terme d'unicité, de personnalité.
Le terme de communauté est à double tranchant. Tant qu'on reste dans les loisirs, ça m'évoquera une bande de copains, qui ne perdent pas leur identité s'ils restent ensemble ; si on passe au monde du travail, je deviens allergique, puisque l'identité individuelle risque fort de s'y perdre au profit d'une identité « corporate » (berk).
Citation :26 – Quelle est votre langue maternelle ?
Le français.
"[Faerie] represents love: that is, a love and respect for all things, 'inanimate' and 'animate', an unpossessive love of them as 'other'."
J.R.R. Tolkien, Essay on Smith of Wootton Major.
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Bigre que c'est long...
Bon, je tente de rattraper mon retard.
(16.03.2011, 20:25)Alecto a écrit : 1 - Si vous avez étudié une langue étrangère : le fait d’étudier une langue étrangère vous a-t-il aidé dans l’étude de l’elfique ?
Au collège puis au lycée, j’ai étudié l’anglais, l’allemand en seconde langue et le grec ancien en option. L’étude du grec ancien m’a passionné... bien plus que l’allemand pour lequel je n’ai jamais excellé... Le grec ancien m’a certainement beaucoup aidé dans mon approche des langues elfiques, en particulier pour le quenya, qui est une langue à flexion. Pour le sindarin, c’est une autre histoire, mais je me suis brièvement intéressé au gallois — je ne l’ai pas étudié scolairement et je ne le parle absolument pas, mais j’ai simplement parcouru quelques grammaires par curiosité — et là oui, cela m’a aidé à mieux appréhender le sindarin.
(16.03.2011, 20:25)Alecto a écrit : 2 - Par rapport aux autres langues que vous avez-pu apprendre, quelles sont les points communs et les différences avec l’elfique ?
Avant tout, il me semble y avoir une différence majeure dans le processus d’apprentissage : Tolkien nous a finalement laissé assez peu de textes en elfique — quelques poèmes, quelques phrases ci-ou-là, et surtout la nomenclature de son monde (toponymes, noms de personnages, etc.). Depuis quelques années, une partie de ses notes linguistiques a été publiée, et nous en savons plus sur le morphologie, la syntaxe, etc. Mais nous n’avons guère plus de textes complets.
C’est une situation très différente des langues mortes, où l’étude peut s’appuyer sur un corpus important de textes. C’est tout aussi différent des langues vivantes, où tous les manuels scolaires s’appuient sur des dialogues, des articles de presse, des extraits de littérature, etc. On ne dispose de pratiquement rien de semblable en elfique !
Quant aux points communs, le quenya a par exemple un système de cas comme en grec ou en latin, le sindarin met en œuvre des mutations consonantiques comme en gallois ou en breton, etc. — autrement dit, la connaissance d’autres langues (et donc d’autres structures linguistiques que celles, très normées, du français) permet de retrouver des concepts similaires. Mais ceci est finalement vrai pour toute nouvelle langue que l’on apprend !
(16.03.2011, 20:25)Alecto a écrit : 3 - Pensez-vous que l’elfique peut être comparé à l’esperanto dans le domaine de langues inventées ? Pourquoi ?
La comparaison, à mon avis, se fait en négatif et ne peut soulever que des différences dans les objectifs et la forme. Paraphrasant Tolkien (*), j’aurais donc volontiers tendance à penser que « ces deux langues sont inventées, et c’est là leur seule ressemblance. »
D’une part, sur le plan formel, le vocabulaire de l’esperanto est emprunté à différentes langues réelles, théoriquement pour en faciliter l’apprentissage (on parle de langue construite a posteriori). Les langues elfiques procèdent de leur propres règles de formation des mots (langue construite a priori). C’est une différence importante, même si elle est un petit peu moins vraie pour la grammaire, où l’elfique semble calquer de manière plus simple les structures de langues existantes.
D’autre part, l’esperanto de Zamenhof a, par conception, l’objectif de se poser comme une langue auxiliaire internationale, à vocation utilitaire. Il se veut (idéalement) neutre idéologiquement, transcendant les cultures nationales. Les langues elfiques de Tolkien sont avant tout à but artistique et fictionnel. Je ne pense pas que leur auteur ait jamais vraiment souhaité qu’elles s’imposent comme moyen de communication entre les peuples.
En outre, les langues elfiques sont à mon avis loin d’être neutres, dans la mesure où elle relèvent du mode de pensée des Elfes et de leur rapport au monde. Cela demanderait des développements qui dépassent le cadre de cette réponse, mais pour faire bref, je crois fondamentalement que Tolkien, à plusieurs reprises à partir d’une certaine époque, s’est servi du prétexte des langues elfiques pour conceptualiser certaines notions. Un bon exemple parmi d’autres pourrait être celui du discours sur les formes d’espoir ( estel et amdir) dans le texte Athrabeth Finrod ah Andreth (**). Or on sait que l’existence des Elfes, dans l’esprit de Tolkien, sont un moyen littéraire de poser des questions philosophiques autour du rapport à la mort, du rapport au monde et à la nature, du dessein divin... Les Elfes expriment une forme d’altérité de nature ou d’essence par rapport à l’Homme et participent donc, littérairement, d’une réflexion sur l’Homme. Ce lien très fort chez Tolkien entre l’invention linguistique et l’invention d’une mythologie n’a pas d’équivalent, me semble-t-il, en esperanto.
(*) Cf. sa réaction à propos des ressemblances que certains commentateurs avaient cru voir entre l’anneau du cycle des Nibelungen et l’Anneau Unique du Seigneur des Anneaux : « Ces deux anneaux sont ronds, et c’est là leur seule ressemblance » (Lettres, n° 229 p. 431).
(**) publié à titre posthume dans Morgoth’s Ring.
(16.03.2011, 20:25)Alecto a écrit : 4 – En sociolinguistique, on parle de « langue blanche » pour désigner une langue qu’on ne parle pas forcément couramment mais qui a tout de même un impact, aussi minime soit-il ; pensez-vous que l’elfique agit comme une « langue blanche » sur vous ?
Je ne pense pas, mais je ne suis pas sûr de comprendre la question (et à quels impacts songer).
(16.03.2011, 20:25)Alecto a écrit : 5 - Certains mots vous viennent-ils parfois en elfique ? Si oui, lesquels ?
Comme ça, aucun !
(16.03.2011, 20:25)Alecto a écrit : 6 - Maintenant que les supports se sont multipliés (Internet, nombreux ouvrages), pensez-vous que davantage de gens s’intéresseront à l’elfique, ou à l’œuvre de Tolkien de manière plus générale ?
Question difficile, tout dépendant de ce que l'on met derrière "s'intéresser", dans quelle mesure, à quel degré, sur quelle durée... Je ne sais pas franchement répondre.
(16.03.2011, 20:25)Alecto a écrit : 7 - Combien de temps en moyenne consacrez-vous (ou avez-vous consacré) à l’étude de l’elfique ? (par jour, par semaine, par mois ?)
Je m’intéresse à Tolkien depuis des années maintenant, alors forcément, la part de temps consacrée à ses inventions linguistiques a beaucoup varié...
Au plus fort, quand je travaillais à la compilation d’un dictionnaire sindarin, cela a dû représenter deux heures par jour en moyenne, pendant six mois au moins. À l’autre extrême, de nos jours, si l’on compte les réponses ou discussions sur internet, c’est probablement autour de quelques heures par mois.
(16.03.2011, 20:25)Alecto a écrit : 8 - Précisément, quelles difficultés avez-vous rencontré lorsque vous avez appris ces langues (points grammaticaux particuliers, alphabet…) ?
J'ai déjà répondu à cette question dans le questionnaire court.
(16.03.2011, 20:25)Alecto a écrit : 9. Quels conseils donneriez-vous à ceux qui voudraient l'apprendre ?
Je rappelle systématiquement qu'on ne peut pas vraiment "utiliser" ces langues, étant donné nos informations parcellaires ou contradictoires.
(16.03.2011, 20:25)Alecto a écrit : 10 - Pensez-vous que l’elfique pourrait faire l’objet d’un apprentissage (même optionnel) dans l’enseignement supérieur ? (dans un cursus tel que Lettres Médiévales par exemple)
Un enseignement d'une langue imaginaire serait une drôle d'idée, je trouve, outre le fait que je ne vois pas trop comment les professeurs se formeraient eux-mêmes. Je pense en outre que ce serait une assez mauvaise idée. Je me fais une autre idée du rôle de l'éducation, comme transmission d'un savoir : l'école a à mon sens d'autres sujets de préoccupation plus urgents à assurer.
En revanche, très ponctuellement, plutôt dans les petites classes, j'y verrais un travail d'éveil intéressant, avec un double enjeu : revaloriser la lecture et susciter un intérêt ludique pour les langues.
(16.03.2011, 20:25)Alecto a écrit : 11 - Tirez-vous une satisfaction personnelle de votre étude de l’elfique ?
Une satisfaction, non. Un plaisir, certainement.
(16.03.2011, 20:25)Alecto a écrit : 12 - Qu'est-ce que l’étude de l’elfique a changé en vous et que vous a t-elle apporté ?
Je ne sais pas (un peu comme pour la question 19).
(16.03.2011, 20:25)Alecto a écrit : 13 - L’étude de l’elfique vous a-t-elle ouvert les yeux sur d’autres domaines ?
L'étude de Tolkien, oui, en creusant autour des thèmes qu'il aborde et en lisant sur divers sujets (botanique, histoire, géographie, mythologie, astronomie, philosophie...) pour mieux les appréhender et en discourir.
Les langues ne sont qu'un aspect de cette étude.
(16.03.2011, 20:25)Alecto a écrit : 14 - Si vous utilisez peu ou n’utilisez pas l’elfique, pourquoi prendre la peine de l’étudier ?
Je l'avais déjà abordé dans le premier questionnaire ("Quelles ont été vos motivations pour étudier l'elfique ?").
(16.03.2011, 20:25)Alecto a écrit : 15 - Pensez-vous mieux comprendre l’œuvre de Tolkien grâce à votre étude de ses langues ?
Oui, là encore détaillé dans le premier questionnaire à la même question que ci-dessus ("Quelles ont été vos motivations pour étudier l'elfique ?").
(16.03.2011, 20:25)Alecto a écrit : 16 - Avez-vous le sentiment d’appartenir à une communauté du fait d’apprendre l’elfique ou de vous intéresser à l’œuvre de Tolkien ?
Non, je n'ai pas de sentiment d'appartenance fort et les communautés sont diverses (voir question suivante), je préfère l'image du papillon attiré par la lumière - j'aime participer là où je me sens bien, à discuter avec des gens qui m'intéressent ou m'intriguent et avec lesquels on peut échanger et s'enrichir mutuellement.
(16.03.2011, 20:25)Alecto a écrit : 17 - Comment décririez-vous la communauté des Tolkiendili ?
J'ai le sentiment qu'il y a autant de communautés que d'intérêts divers et variés.
Je ferais déjà une distinction entre les passionnés par l’œuvre de Tolkien au sens large et ceux qui s’intéressent surtout, voire exclusivement, aux langues inventées par Tolkien.
Les premiers constituent des communautés informelles (autour d’un site internet donné, d’une association, d’amis communs, etc.) où les échanges sont souvent chaleureux et dynamiques.
Les seconds forment aujourd'hui, dans mon expérience, des groupes où s'expriment des tensions opposées, avec des querelles d'école persistantes dans une ambiance globalement assez peu plaisante. Bref, les "linguistes" tolkieniens sont souvent des gens intraitables, aux avis trop tranchés et se targuant d'expertise réelle ou non en s'invectivant rapidement. Ce n'est pas un univers de toute gentillesse
(16.03.2011, 20:25)Alecto a écrit : 18 - Provoquez-vous ou assistez-vous à des rencontres entre Tolkiendili (fans de l’univers de Tolkien) ?
Oui, avec grand plaisir quand l'occasion se présente et s'y prête !
(16.03.2011, 20:25)Alecto a écrit : 19 - Le fait d’apprendre l’elfique, ou plus largement de s’intéresser à l’univers de Tolkien et autres, a t-il eu une influence sur votre mode de vie, vos loisirs ?
Sur mes loisirs, oui, étant donné le temps investi - ce temps aurait probablement pu être passé à d'autres choses, plus d'autres lectures, etc.
Après, je ne sais pas vraiment.
Oh et puis si, sans doute : ça m'a donné - et ça me donne encore - du rêve. Et le rêve, loin d'être une activité futile, c'est ce qui nous pousse dans la vie. Enfin je crois. Peut-être !
(16.03.2011, 20:25)Alecto a écrit : 20 - Quel regard portez-vous sur l’œuvre de Tolkien ?
D'une grande richesse, peut-être pas inépuisable mais ouverte vers de nombreux horizons parfois inattendus et pleins de questionnements.
(16.03.2011, 20:25)Alecto a écrit : 21 - Selon vous, comment expliquer le regain d’intérêt récent pour la littérature du style de Tolkien ?
Quel regain récent ?
(16.03.2011, 20:25)Alecto a écrit : 22 - Selon vous, existe-t-il une culture elfique ? Si oui pouvez-vous la décrire ?
Au sein du monde de fiction inventé par Tolkien ? Sans doute.
Mais la question porte peut-être sur une culture elfique déclinée dans notre société ? Certains hippies le pensaient peut-être dans les années 68, avec leur badges "Frodo lives" ou "Gandalf president", mais je ne crois pas qu'il en reste grand chose aujourd'hui.
(16.03.2011, 20:25)Alecto a écrit : 23 - Dans quelle tranche de notre société vous situez-vous ?
Ingénieur en informatique.
(16.03.2011, 20:25)Alecto a écrit : 24 - Vous décririez-vous comme « geek » ?
Arf... Je ne le revendique absolument pas, je n'aime pas les étiquettes.
Mais j'admets qu'on pourrait me définir ainsi, pour tout un tas de critères.
(16.03.2011, 20:25)Alecto a écrit : 25 - Que vous évoquent les mots « communauté » et « identité » ?
Euh... ce sont juste des mots, tout dépend de ce que l’on en fait...
De but en blanc, hors de tout contexte précisé, j’entends « sectarisme » et « tentation fasciste » respectivement, et ça n'est pas pour me rassurer *rire*.
(16.03.2011, 20:25)Alecto a écrit : 26 – Quelle est votre langue maternelle ?
Le français.
D.
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Il se trouve que j'avais déjà communiqué avec Alecto par ailleurs. Mais en lisant ici, et prenant beaucoup de plaisir à cela, les diverses contributions, je me dis qu'il est sans doute juste de publier la mienne. Comme le dit Didier, ça fait toujours un peu drôle de livrer une partie de soi, et c'est souvent enrichissant. En outre, c'est l'occasion pour moi de récupérer mon mot de passe sur Tolkiendil (merci Zelp' ;))
(16.03.2011, 20:25)Alecto a écrit : 1 - Si vous avez étudié une langue étrangère : le fait d’étudier une langue étrangère vous a-t-il aidé dans l’étude de l’elfique ?
Oui, par exemple le latin (vieux souvenirs) pour le quenya.
(16.03.2011, 20:25)Alecto a écrit : 2 - Par rapport aux autres langues que vous avez-pu apprendre, quelles sont les points communs et les différences avec l’elfique ?
Exemple du latin pour le quenya :
- en commun : les déclinaisons, les genres, un peu la structure des phrases
- en propre : les nombres (duel, pluriel collectif), …
(16.03.2011, 20:25)Alecto a écrit : 3 - Pensez-vous que l’elfique peut être comparé à l’esperanto dans le domaine de langues inventées ? Pourquoi ?
Non. En ce que les langues elfiques sont langues de peuples, ce qui précisément n’est pas le cas de l’esperanto. Cf. question n°10.
(16.03.2011, 20:25)Alecto a écrit : 4 – En sociolinguistique, on parle de « langue blanche » pour désigner une langue qu’on ne parle pas forcément couramment mais qui a tout de même un impact, aussi minime soit-il ; pensez-vous que l’elfique agit comme une « langue blanche » sur vous ?
Je ne connaissais pas le concept de « langue blanche ». Par rapport à la définition qui en est faite ici la réponse est clairement oui. De la même manière par exemple que l’allemand permet de rendre compte de plus nuances que le français dans la compréhension du corps par des mots différents ( körper, leib), ou que le français permet éventuellement des nuances utiles entre espoir et espérance, que ne possède pas l’anglais hope, etc. De la même manière donc, le quenya par exemple m’a parfois donné des concepts pour mieux comprendre la réalité.
(16.03.2011, 20:25)Alecto a écrit : 5 - Certains mots vous viennent-ils parfois en elfique ? Si oui, lesquels ?
Moui … très peu et très rarement.
La locution Órenya quetë nin : « mon cœur, mon intuition, ma conscience me dit que … »
(16.03.2011, 20:25)Alecto a écrit : 6 - Maintenant que les supports se sont multipliés (Internet, nombreux ouvrages), pensez-vous que davantage de gens s’intéresseront à l’elfique, ou à l’œuvre de Tolkien de manière plus générale ?
Difficile à dire. Peut-être, à condition de ne pas confondre dispositions techniques avec dispositions pédagogiques ;).
(16.03.2011, 20:25)Alecto a écrit : 7 - Combien de temps en moyenne consacrez-vous (ou avez-vous consacré) à l’étude de l’elfique ? (par jour, par semaine, par mois ?)
À un moment cela devait bien représenter une heure par jour, mais je ne sais plus si cela a duré en mois ou en années …
(16.03.2011, 20:25)Alecto a écrit : 8 - Précisément, quelles difficultés avez-vous rencontré[es] lorsque vous avez appris ces langues (points grammaticaux particuliers, alphabet…) ?
L’incomplétude des données à disposition.
(16.03.2011, 20:25)Alecto a écrit : 9. Quels conseils donneriez-vous à ceux qui voudraient l'apprendre ?
Se garder de vouloir « apprendre » dans le sens d’ utiliser ces langues, ce qui n’est pas vraiment possible, et ce qui n’est pas le but de ces langues. Comprendre qu’il s’agit d’« apprendre » dans le sens d’ étudier, de découvrir, de pénétrer ces langues comme on entre en Terre du Milieu : non pour y vivre « réellement » mais pour en être enchanté et en retirer plaisir, émerveillement, évasion, recouvrement … (cf. l’essai du conte de fées de Tolkien in Faërie). Les langues elfiques font partie de la mythopoésie tolkienienne. Il s’agit de la composante philologique de sa (sub)création qui, si elle peut être distinguée, ne saurait en être séparée.
(16.03.2011, 20:25)Alecto a écrit : 10 - Pensez-vous que l’elfique pourrait faire l’objet d’un apprentissage (même optionnel) dans l’enseignement supérieur ? (dans un cursus tel que Lettres Médiévales par exemple)
Oui à la stricte condition de ne pas séparer l’étude de ces langues de leur contexte (la légende la Terre du Milieu), qui leur est « consubstantiel » (cf. question précédente).
(16.03.2011, 20:25)Alecto a écrit : 11 - Tirez-vous une satisfaction personnelle de votre étude de l’elfique ?
Oui.
(16.03.2011, 20:25)Alecto a écrit : 12 - Qu'est-ce que l’étude de l’elfique a changé en vous et que vous a t-elle apporté ?
Le goût pour les langues et la prise de conscience de leur importance (des langues elfiques dans la Terre du Milieu à celle des langues dans notre monde).
(16.03.2011, 20:25)Alecto a écrit : 13 - L’étude de l’elfique vous a-t-elle ouvert les yeux sur d’autres domaines ?
« Ouvert les yeux » est un peu fort :). L’étude elfique m’a fait m’intéresser à la linguistique, mais aussi davantage à la poésie, la philosophie, la théologie.
(16.03.2011, 20:25)Alecto a écrit : 14 - Si vous utilisez peu ou n’utilisez pas l’elfique, pourquoi prendre la peine de l’étudier ?
L'elfique n'a pas été élaboré tant pour être « utilisé » que pour « parler » (dans le sens de résonner poétiquement) à l'âme d'un homme moderne soumis à l’empire d’un monde technique, artificiel et règne des machines. Le thème de la Machine est en effet central chez Tolkien : incarnation de l'esprit de puissance, cherchant l'efficacité en toute chose et ne connaissant aucune autre limite que ce qui devient techniquement possible. La mythopoésie tolkiénienne, qu'il associe lui-même à l'art des Elfes, est un des chemins proposés à cette âme en peine pour tenter une évasion hors de son « cercle de fer » ( essai sur Smith, Smith, éd. étendue, p. 101) et « recouvrer une vue claire » ( du Conte de Feés, Faërie) du réel. Les langues elfiques font partie de cet art. Je pense donc que Tolkien aurait ainsi réagi à cette question de « l'usage » de sa poésie (philologique ou autre) : elle n'est justement pas faite pour « être utilisée » mais au contraire pour réapprendre la beauté et la valeur des choses en dehors de toute « utilité ». Sur ce dernier point, il faut évoquer le personnage de Bombadil qui est l'antithèse de l'ingénieur qu’est devenu Saruman : Bombadil aime et étudie les choses pour elles-mêmes et ce qu'elles sont, tandis que pour le second elles se réduisent à leurs propriétés et doivent servir. Cf. cette discussion.
(16.03.2011, 20:25)Alecto a écrit : 15 - Pensez-vous mieux comprendre l’œuvre de Tolkien grâce à votre étude de ses langues ?
Oui, puisqu’il s’agit d’une seule et même œuvre. Cf. questions n°9 et 10 :)
(16.03.2011, 20:25)Alecto a écrit : 16 - Avez-vous le sentiment d’appartenir à une communauté du fait d’apprendre l’elfique ou de vous intéresser à l’œuvre de Tolkien ?
Oui et non. Bien sûr qu’il peut y avoir quelque chose de cet ordre, mais c’est insuffisant pour parler de communauté au sens plein du terme, qui implique plus que la mise en commun d’une étude.
(16.03.2011, 20:25)Alecto a écrit : 17 - Comment décririez-vous la communauté des Tolkiendili ?
Cf. question ci-dessus :)
(16.03.2011, 20:25)Alecto a écrit : 18 - Provoquez-vous ou assistez-vous à des rencontres entre Tolkiendili (fans de l’univers de Tolkien) ?
C’est arrivé et cela arrive encore (soirées lecture, week-ends détente + conférences …)
En chipotant, Tolkiendil signifie plus « ami, étudiant » que « fan » de Tolkien ;)
(16.03.2011, 20:25)Alecto a écrit : 19 - Le fait d’apprendre l’elfique, ou plus largement de s’intéresser à l’univers de Tolkien et autres, a t-il eu une influence sur votre mode de vie, vos loisirs ?
Je suis devenu beaucoup plus exigeant en matière de loisirs, en particulier en matière de littérature « d’évasion », tant sur le fond (j’attends qu’il y ait un sens) que sur la forme (qu’il y ait une véritable profondeur, une vraisemblance).
(16.03.2011, 20:25)Alecto a écrit : 20 - Quel regard portez-vous sur l’œuvre de Tolkien ?
Émerveillement (devant la beauté et la poésie de cette œuvre), gratitude (pour la joie procurée) et proximité spirituelle (dans la foi chrétienne qui vivifie cette œuvre) sont les trois éléments qui me viennent spontanément à l’esprit.
(16.03.2011, 20:25)Alecto a écrit : 21 - Selon vous, comment expliquer le regain d’intérêt récent pour la littérature du style de Tolkien ?
J’ai du mal à comprendre la question, peut-être parce que je ne suis pas très au fait des choses : qu’appelle-t-on « du style de Tolkien » ? et ensuite qu’entend-on par « regain d’intérêt » (qui laisse supposer que la littérature dont il est question a connu un intérêt, puis une perte d’intérêt et maintenant un regain) ?
(16.03.2011, 20:25)Alecto a écrit : 22 - Selon vous, existe-t-il une culture elfique ? Si oui pouvez-vous la décrire ?
Si la question concerne une culture elfique à l’intérieur de notre monde, certainement pas :).
S’il s’agit de la culture des Elfes, c’est celle d’un peuple liée au monde par un amour fervent des choses telles qu’elles sont (et non telles que l’on voudrait qu’elles soient), par un amour et un respect de leur nature, lequel amour est volontiers exprimé dans leur art. Cet amour du monde est dans un certain sens « religieux » c’est-à-dire que pour les Elfes la nature, l’ordre et la beauté du monde s’inscrivent dans le projet d’ Eru Ilúvatar (Dieu Créateur et « Père de Tout ») et de ses Valar (ses Anges pour simplifier). Les langues elfiques à nouveau rendent compte de cela : on sait que pour les Elfes, le monde aurait dû exister dans des conditions idéales c’est-à-dire libre du mal mais qu’il n’existe actuellement que sous une forme déviée de son cours normal : le premier état est par exemple nommé en quenya Arda Alahasta ‘Arda Immarrie’, le second Arda Hastaina ‘Arda Marrie’ (cf. Le Marrissement d’Arda in la 3ème Feuille de la Compagnie à paraître aux éditions Ad Solem).
(16.03.2011, 20:25)Alecto a écrit : 23 - Dans quelle tranche de notre société vous situez-vous ?
Euh … quelles sont ses tranches ? :)
Ah ... je découvre dans cette page la précision d'Alecto ... mais je ne suis pas plus avancé, étant, je suppose, multi-classé ... :)
(16.03.2011, 20:25)Alecto a écrit : 24 - Vous décririez-vous comme « geek » ?
Non par pitié :).
(16.03.2011, 20:25)Alecto a écrit : 25 - Que vous évoquent les mots « communauté » et « identité » ?
Rien de spécifiquement « tolkiendilien » si tel est le sous-entendu de la question :). Même si par Tolkien des amitiés parmi les meilleures et les plus riches se sont forgées me concernant, je ne crois pas être entré dans une communauté, et encore moins devoir défendre une identité.
Tolkien aurait sans doute cillé d’ailleurs à ce qui constituerait là, poussé à l’extrême, une « perversion » de la fantaisie. Je n’ai plus la référence en tête mais je crois bien me souvenir de la critique qui était la sienne à l’idée justement de voir un jour les langues elfiques utilisées par une communauté de personnes pour ne parler qu’entre eux [d'ailleurs si cela dit quelque chose à quelqu'un, ça me fera plaisir de savoir que je ne l'ai pas rêvé :)]. Voilà qui résume sans doute ma propre réponse. Pour ce que la fantaisie peut apporter de mieux, je renvoie derechef à son incontournable essai du conte de fées : évasion, consolation, recouvrement par rapport au (et non pas en dehors du ou contre le) monde réel.
Ach ... je découvre également la précision donnée par Alecto dans cette page ... Ma réponse était hors-sujet aparemment, et il est tard pour une composition de philosophie :) Allez, en une phrase, les mots de communauté et d'identité m'évoquent la personne humaine, laquelle est un être humain (sa dimension universelle), avec une identité (sa dimension singulière), fait pour vivre en relation (sa dimension communautaire). Hop. À cette heure-ci, de toute façon, je pense qu'on peut tout se permettre, y compris résumer ainsi la philosophie pesonnaliste :)
(16.03.2011, 20:25)Alecto a écrit : 26 – Quelle est votre langue maternelle ?
Le français.
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Je me permets ce petit lien vers ma contribution postée sur un forum voisin
I.
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Merci à tous pour vos réponses ! J'en suis à la rédaction du concept de la communauté et vos réponses très variées me donnent matière à réflexion et rédaction
À ceux qui voudraient répondre : vous pouvez passer les questions trop précises ou qui ne vous inspirent pas ! Toute opinion, tout point de vue a un sens et un intérêt
Encore merci ! J'y retourne..
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Bonsoir à tous !
Ça y est, le mémoire est rendu. Je le soutiens dans deux semaines, et je voulais encore tous vous remercier pour votre aide Je vous ferai savoir ce qu'il en sera si ça vous intéresse.
Le bébé pèse 2,3kg (oui, j'ai pesé mes trois exemplaires…) et fait environ 150 pages, soit 50 de plus que ce qui était demandé.
Merci encore Tolkiendili !
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On pourra le lire (ou le survoler) ?
What's the point of all this pedantry if you can't get a detail like this right?
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Une fois la soutenance passée (et le travail, je l'espère, validé !) je pourrai le diffuser oui
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bien que je n'ai pas participer je suis impatient de survoler ce travail
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Salut à tous !
Un petit message pour vous tenir au courant : ma soutenance était hier matin, elle s'est très bien passée. J'ai obtenu 17 (donc le Master avec mention très bien !).
Il me reste encore des modifications à apporter avant de vous envoyer mon mémoire ; comme il sera consulté par des étudiants dans l'avenir, ma directrice de recherches tient à ce que tout soit parfait !
Merci encore à vous tous, c'est en partie grâce à vous
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Félicitations
Moi, j'ai appris à lire, ben je souhaite ça à personne.
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