03.02.2009, 01:02
... du raisonnable.
Du moins, j'en ai bien peur. Mais comme depuis plusieurs mois il hante mon esprit dès que j'ai un instant de libre, il m'a bien fallu passer à l'action.
Bref, mon inspiration provient de ce chef-d'œuvre que sont The wanderings of Húrin (HoME XI).
Et j'ai conçu l'idée – certes extravagante – d'en tirer une tragédie...
... en cinq actes...
en alexandrins classiques.
Comme la première scène de l'acte I m'a demandé une semaine de travail, une règle de trois m'apprend que le tout devrait me demander environ six mois.
Mais cessons ces vaines paroles, voici le texte :
EDIT : Mise à jour et ajout de la scène suivante.
Acte I, scène 1
Entrent Asgon, Ragnir, et les autres suivants de Húrin. Ils s’arrêtent.
Scène 2
Surgissent de tous côtés des soldats de Brethil, l’épée tirée et l’arc à la main.
Ragnir tente de résister, deux soldats s’unissent pour le restreindre.
Du moins, j'en ai bien peur. Mais comme depuis plusieurs mois il hante mon esprit dès que j'ai un instant de libre, il m'a bien fallu passer à l'action.
Bref, mon inspiration provient de ce chef-d'œuvre que sont The wanderings of Húrin (HoME XI).
Et j'ai conçu l'idée – certes extravagante – d'en tirer une tragédie...
... en cinq actes...
en alexandrins classiques.
Comme la première scène de l'acte I m'a demandé une semaine de travail, une règle de trois m'apprend que le tout devrait me demander environ six mois.
Mais cessons ces vaines paroles, voici le texte :
EDIT : Mise à jour et ajout de la scène suivante.
Acte I, scène 1
Entrent Asgon, Ragnir, et les autres suivants de Húrin. Ils s’arrêtent.
ASGON
Depuis le point du jour nous battons la forêt,
Nul taillis, nul hallier qui soit resté secret.
Mais lui que nous cherchons déjoue toutes nos peines
Et sa disparition rend nos marches bien vaines.
Nous sommes depuis peu devenus paresseux.
Encore faudrait-il nous estimer chanceux
De n’avoir point été victimes d’embuscade,
Marchant sans précaution depuis une décade.
Tranquille est ce pays, trop tranquille à mon gré.
Ce matin le brouillard s’élevant par degré
Semblait dissimuler des yeux et des oreilles
Aux aguets sous les rocs et derrière les treilles.
Pas le moindre détail qui veuille révéler
Le chemin par lequel Húrin s’en est allé.
C’est à le croire proie d’une bête sauvage.
Il est pourtant vaillant en dépit de son âge,
Acculé il aurait livré un pugilat,
Le sol aurait gardé les marques d’un combat.
RAGNIR
Depuis une heure et plus, je n’ai vu nulle empreinte,
La piste allant aux gués devait être une feinte.
Nous faisons fausse route, Asgon, je le redis ;
De partir seul notre homme avait longtemps ourdi.
ASGON
Peu de vivres il prit ; où pourrait-il se rendre ?
Il n’est pas d’autre voie qu’il ait pu vouloir prendre.
RAGNIR
Qu’il aille où bon lui semble, s’il en a l’intention !
Retournons au pays, c’est ma résolution.
Il a perdu l’esprit, voilà ce que je pense.
Nuit après nuit, j’entends sa voix qui recommence
À marmonner des mots étranges quand il dort,
Comme s’il maudissait ceux qui lui firent tort.
ASGON
Ne médis pas de lui, ton seigneur légitime !
Sa force dans l’épreuve appelle notre estime.
Je ne suis pas surpris que sa captivité
Revienne le troubler et que l’obscurité
Évoque à sa mémoire un tourment effroyable.
Mais aurait-il pourtant un nom moins admirable
Un serment solennel nous oblige à l’aider
Et là où il ira nous suivrons sans céder.
UN DES SUIVANTS
Même s’il s’avérait qu’une autre extravagance
L’ait fait partir vers l’Est, au Pays du Silence ?
ASGON
J’admets ce pronostic assez intimidant
Pour me faire hésiter. Mais il est évident
Qu’il ne saurait aller fort loin sur cette route.
Ses paroles d’ailleurs peuvent ôter ce doute :
Visiter ses parents, tel était son projet.
Seule Brethil peut être au bout de son trajet.
RAGNIR
Il reste une question si tu veux nous conduire ;
Tu n’as aucun cousin qui puisse t’introduire.
Les habitants des lieux sont peu hospitaliers
Et méfiants envers tous, exceptés leurs alliés.
ASGON
Ce sont des gens de cœur, ils auront en mémoire
Qu’ensemble nos aïeux se couvrirent de gloire.
UN DES SUIVANTS
Des risques c’est le moindre, et je crains pour ma part
Que les armées de l’Ombre aient causé leur départ,
Qu’avançant en amis on nous accueille en maîtres
Dans un gîte rempli d’orques et d’autres reîtres.
ASGON
Nous le saurons tantôt. Parmi les malfaiteurs,
Les Orques valent bien les vils usurpateurs
Qui nous ont tout volé et m’ont fait corvéable.
S’il faut rester parias, il semble préférable
De rôder dans ces bois qui serviront d’abris
Plutôt qu’à Dor-Lómin parmi les rochers gris.
RAGNIR
Sur ce point il me faut marquer ma différence.
Je consens cependant à suivre ta guidance,
Je suis curieux de voir qui demeure en en ces lieux.
Si je préfère enfin partir pour d’autres cieux,
J’attendrai le redoux pour passer les montagnes
Et me fie entre temps à toi dans ces campagnes.
Depuis le point du jour nous battons la forêt,
Nul taillis, nul hallier qui soit resté secret.
Mais lui que nous cherchons déjoue toutes nos peines
Et sa disparition rend nos marches bien vaines.
Nous sommes depuis peu devenus paresseux.
Encore faudrait-il nous estimer chanceux
De n’avoir point été victimes d’embuscade,
Marchant sans précaution depuis une décade.
Tranquille est ce pays, trop tranquille à mon gré.
Ce matin le brouillard s’élevant par degré
Semblait dissimuler des yeux et des oreilles
Aux aguets sous les rocs et derrière les treilles.
Pas le moindre détail qui veuille révéler
Le chemin par lequel Húrin s’en est allé.
C’est à le croire proie d’une bête sauvage.
Il est pourtant vaillant en dépit de son âge,
Acculé il aurait livré un pugilat,
Le sol aurait gardé les marques d’un combat.
RAGNIR
Depuis une heure et plus, je n’ai vu nulle empreinte,
La piste allant aux gués devait être une feinte.
Nous faisons fausse route, Asgon, je le redis ;
De partir seul notre homme avait longtemps ourdi.
ASGON
Peu de vivres il prit ; où pourrait-il se rendre ?
Il n’est pas d’autre voie qu’il ait pu vouloir prendre.
RAGNIR
Qu’il aille où bon lui semble, s’il en a l’intention !
Retournons au pays, c’est ma résolution.
Il a perdu l’esprit, voilà ce que je pense.
Nuit après nuit, j’entends sa voix qui recommence
À marmonner des mots étranges quand il dort,
Comme s’il maudissait ceux qui lui firent tort.
ASGON
Ne médis pas de lui, ton seigneur légitime !
Sa force dans l’épreuve appelle notre estime.
Je ne suis pas surpris que sa captivité
Revienne le troubler et que l’obscurité
Évoque à sa mémoire un tourment effroyable.
Mais aurait-il pourtant un nom moins admirable
Un serment solennel nous oblige à l’aider
Et là où il ira nous suivrons sans céder.
UN DES SUIVANTS
Même s’il s’avérait qu’une autre extravagance
L’ait fait partir vers l’Est, au Pays du Silence ?
ASGON
J’admets ce pronostic assez intimidant
Pour me faire hésiter. Mais il est évident
Qu’il ne saurait aller fort loin sur cette route.
Ses paroles d’ailleurs peuvent ôter ce doute :
Visiter ses parents, tel était son projet.
Seule Brethil peut être au bout de son trajet.
RAGNIR
Il reste une question si tu veux nous conduire ;
Tu n’as aucun cousin qui puisse t’introduire.
Les habitants des lieux sont peu hospitaliers
Et méfiants envers tous, exceptés leurs alliés.
ASGON
Ce sont des gens de cœur, ils auront en mémoire
Qu’ensemble nos aïeux se couvrirent de gloire.
UN DES SUIVANTS
Des risques c’est le moindre, et je crains pour ma part
Que les armées de l’Ombre aient causé leur départ,
Qu’avançant en amis on nous accueille en maîtres
Dans un gîte rempli d’orques et d’autres reîtres.
ASGON
Nous le saurons tantôt. Parmi les malfaiteurs,
Les Orques valent bien les vils usurpateurs
Qui nous ont tout volé et m’ont fait corvéable.
S’il faut rester parias, il semble préférable
De rôder dans ces bois qui serviront d’abris
Plutôt qu’à Dor-Lómin parmi les rochers gris.
RAGNIR
Sur ce point il me faut marquer ma différence.
Je consens cependant à suivre ta guidance,
Je suis curieux de voir qui demeure en en ces lieux.
Si je préfère enfin partir pour d’autres cieux,
J’attendrai le redoux pour passer les montagnes
Et me fie entre temps à toi dans ces campagnes.
Scène 2
Surgissent de tous côtés des soldats de Brethil, l’épée tirée et l’arc à la main.
ASGON
Amis ne cherchez point à résister en vain,
Nous sommes encerclés et à un contre vingt.
Cherchons à éviter toute erreur dommageable,
La Fortune, je crois, se montre favorable.
UN SOLDAT DE BRETHIL
Favorable journée que la vôtre messieurs !
Marcher droit dans nos rets est un geste astucieux.
ASGON
Quand bien nous l’aurions su, nous avancions de même,
Votre venue nous cause un agrément extrême.
Du peuple de Haleth nous cherchions le foyer,
J’estime désormais n’être point fourvoyé.
LE MEME SOLDAT
Avant de vous réjouir, sachez que nos frontières
Pour tous les importuns font de bons cimetières.
Ordre nous est donné d’arrêter les fouineurs,
En cas d’hostilité de tuer les gêneurs.
ASGON
Songez que nous venons dans un but pacifique
Et ne méritons pas un traitement inique.
Nous sommes des Edain qui ont passé les monts
Et loin de Dor-Lómin nous fuyons les démons.
Nous avons voyagé en quête d’un refuge,
Vous n’avez point à craindre un honteux subterfuge.
UN AUTRE SOLDAT
Pour juger de la chose il sera plus aisé
D’attendre que le jour levant ait exposé
Vos traits à nos regards. Pour l’heure il est utile
De prévenir chez vous toute intention hostile.
Compagnons ôtez-leur armes et munitions,
Empêchez à tout prix les dissimulations.
Amis ne cherchez point à résister en vain,
Nous sommes encerclés et à un contre vingt.
Cherchons à éviter toute erreur dommageable,
La Fortune, je crois, se montre favorable.
UN SOLDAT DE BRETHIL
Favorable journée que la vôtre messieurs !
Marcher droit dans nos rets est un geste astucieux.
ASGON
Quand bien nous l’aurions su, nous avancions de même,
Votre venue nous cause un agrément extrême.
Du peuple de Haleth nous cherchions le foyer,
J’estime désormais n’être point fourvoyé.
LE MEME SOLDAT
Avant de vous réjouir, sachez que nos frontières
Pour tous les importuns font de bons cimetières.
Ordre nous est donné d’arrêter les fouineurs,
En cas d’hostilité de tuer les gêneurs.
ASGON
Songez que nous venons dans un but pacifique
Et ne méritons pas un traitement inique.
Nous sommes des Edain qui ont passé les monts
Et loin de Dor-Lómin nous fuyons les démons.
Nous avons voyagé en quête d’un refuge,
Vous n’avez point à craindre un honteux subterfuge.
UN AUTRE SOLDAT
Pour juger de la chose il sera plus aisé
D’attendre que le jour levant ait exposé
Vos traits à nos regards. Pour l’heure il est utile
De prévenir chez vous toute intention hostile.
Compagnons ôtez-leur armes et munitions,
Empêchez à tout prix les dissimulations.
Ragnir tente de résister, deux soldats s’unissent pour le restreindre.
LE DEUXIEME SOLDAT
Puisqu’ils ont pris parti de faire de l’esclandre,
Maîtrisez-les, liez leurs mains sans plus attendre,
Car notre capitaine arrivera bientôt ;
De la capture il fut averti aussitôt.
Je ne veux point laisser toute cette canaille
Rendre ce lieu pareil à un champ de bataille.
Puisqu’ils ont pris parti de faire de l’esclandre,
Maîtrisez-les, liez leurs mains sans plus attendre,
Car notre capitaine arrivera bientôt ;
De la capture il fut averti aussitôt.
Je ne veux point laisser toute cette canaille
Rendre ce lieu pareil à un champ de bataille.
Rollant est proz e Oliver est sage.
Ambedui unt merveillus vasselage :
Puis que il sunt as chevals e as armes,
Ja pur murir n’eschiverunt bataille.
— La Chanson de Roland
Ambedui unt merveillus vasselage :
Puis que il sunt as chevals e as armes,
Ja pur murir n’eschiverunt bataille.
— La Chanson de Roland