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La Dernière Maison Simple [fanfiction]
#1
Dans ce sujet, je posterai la dernière version de cette histoire, que je mettrai régulièrement à jour. Si vous souhaitez le commenter, apporter vos idées..., nous pouvons en discuter ici.
Bonne lecture!



Prologue
On était au milieu de l’après-midi ; haut dans le ciel, le soleil envoyait sans pitié sa morsure brûlante sur la Cité-Refuge d’Imladris, cachée en pleine montagne. Pourtant, la cascade qui tombait non loin n’avait pas diminué son débit, car elle était alimentée par les neiges blanches des plus hauts sommets, qui ne disparaissaient jamais totalement.
Il faisait une chaleur torride dans les jardins qui entouraient la belle demeure. Personne n’osait s’attarder à l’extérieur quand le soleil atteignait le zénith. Les Elfes avaient pris l’habitude de se rassembler dans la Salle Commune durant les heures brûlantes, car c’était la pièce la plus fraîche grâce à son orientation vers le nord. Mais, en ce mois d’août, la température y restait tout de même péniblement élevée.
Quelques Elfes, assis par petits groupes, chantaient à mi-voix en pinçant les cordes de leurs harpes, et un groupe d’enfants jouait tranquillement avec deux jeunes femmes sur le tapis qui recouvrait les dalles du sol; mais la plupart des adultes lisaient ou écrivaient, puisant leur savoir dans la riche bibliothèque de Fondcombe où d’innombrables livres s’étaient accumulés au fil des âges, preuves et gardiens du savoir ancestral de la race elfique.

Elrond se tenait debout près de la fenêtre, immobile, tourné vers le dehors. Sa longue chevelure tombait en cascades d’ébène sur sa tunique fluide. Son visage fin respirait la langueur inspirée par les jours trop chauds, mais aussi une attente patiente et vigilante.
Sans ses yeux vifs en mouvement, scrutant sans relâche l’horizon, et le souffle calme qui animait sa poitrine, on eût dit l’une de ces statues des temps anciens, que l’art des sculpteurs rendait si réalistes : élancé, plein de vigueur et de sagesse, il semblait le symbole vivant de tout son peuple, que l’âge n’altère point, mais embellit toujours davantage.
Mais pour qui regardait mieux, quelque chose dénotait chez le Semi-Elfe : tout son être exprimait la triste résignation des Hommes, destinés à mourir, et à voir mourir ceux qu’ils aiment. Elrond avait beau appartenir à la race des Premiers-Nés, il avait conservé ce sentiment au fond de lui, comme une vieille cicatrice qui élance soudain alors qu’on l’avait presque oubliée.

Pour le moment, les pensées d’Elrond étaient bien loin de ces considérations, ou de ce que son apparence révélait de lui : il guettait quelque chose, aussi avidement que les habitants de Fondcombe aspiraient à la fraîcheur du soir.
Enfin-Elbereth soit louée !-, un faible claquement de sabots monta dans la chaleur écrasante, tandis que la petite forme d’un cavalier se faufilait entre les arbres, loin dans les collines.
-Gil-Galad arrive ! dit Elrond en se retournant, un grand sourire illuminant son visage.
Presque aussitôt, le son léger d’une cloche d’argent résonna dans la vallée engourdie de chaleur, annonçant la venue du Roi.
Dans leur joie, les Elfes oublièrent soudain la lourdeur du jour ; ils revêtirent à la hâte leurs habits de fête et descendirent dans la cour pour accueillir leur souverain.
Imladris hébergeait déjà des invités de marque : Isildur fils d’Elendil, avec sa femme et ses fils. Il y avait également les seigneurs Celeborn et Galadriel, et Celebrían leur fille. Elle souriait, toute heureuse de l’arrivée du Roi. A la voir ainsi, radieuse et belle dans la lumière enfin déclinante, la joie d’Elrond redoubla.

Gil-Galad traversa le pont étroit puis entra dans la cour en passant sous un large porche. « Gloire à notre roi ! Qu’Elbereth te garde ! » Au milieu des cris de bienvenue, il descendit de cheval pour saluer le maître des lieux et ses nobles hôtes. Il était très grand, revêtu de son armure étincelante marquetée d’étoiles d’argent, et de son manteau bleu, couleur de Manwë, symbole de son autorité. Il était empli de vigueur et de sagesse, mais la bonté se lisait dans ses yeux, et il restait accessible à tous ceux qui désiraient venir à lui.
Il tint à saluer tous ceux qui habitaient la Cité-Refuge, puis il se plaça sur le seuil de la maison aux côtés de son hôte :
-Je suis heureux de vous retrouver tous ! La route est longue jusqu’ici, mais son souvenir s’efface déjà à revoir enfin tous vos visages. Je n’apporte pas de bonnes nouvelles : l’Ennemi est puissant à nouveau, et la bataille sera rude. Bien des nôtres tomberont avant la destruction de l’Ombre. Mais nous parlerons de ceci demain ; ce soir, nous fêtons le Mitan de l’année, en l’honneur d’Elbereth qui plaça au ciel ses précieux joyaux pour notre joie !
Il entra alors dans la maison, claire et agréablement fraîche. Elrond le conduisit à sa chambre, une belle pièce calme que le Roi affectionnait particulièrement.
-As-tu fait un bon voyage, mon Seigneur ? demanda une servante en lui apportant une bassine d’eau pure qu’elle venait de puiser à la rivière.
-J’ai surtout cheminé de nuit à cause de la chaleur, répondit Gil-Galad. Mais aujourd’hui, j’étais si impatient d’arriver que je n’ai pas attendu la fraîcheur du soir. Sois mille fois bénie ! Je rêve depuis ce matin de me baigner le visage.
Ce qu’il fit aussitôt avec un soupir de satisfaction, sous le regard amusé de la servante.
Elrond et Gil-Galad se retrouvèrent seuls un moment ; le Semi-Elfe semblait soucieux. Le Roi lui posa la main sur l’épaule.
-Voici mon seul et unique ordre de la journée. Tu vas tâcher d’oublier tes soucis pour profiter pleinement de cette soirée. Nous parlerons sérieusement plus tard.
-Oui, mon Roi. Je ferai de mon mieux, répondit Elrond en essayant de sourire. Je te laisse prendre un peu de repos avant la tombée de la nuit.
Gil-Galad lui tapota l’épaule.
-Bien. A tout à l’heure.

Elrond laissa le Roi et descendit aux cuisines. L’immense pièce au haut plafond ressemblait à une fourmilière : des Elfes préparaient les plats, d’autres les apportaient dans la salle à manger… Le Semi-Elfe faillit heurter une servante affairée, chargée de beaux verres en cristal, et préféra longer les murs, ce qui était nettement moins dangereux.
Celebrían était penchée sur une grande marmite d’où s’échappait une odeur alléchante. Le Semi-Elfe ne put s'empêcher de sourire: malgré sa noblesse, la jeune femme insistait toujours pour participer à la vie quotidienne de la Cité, comme si elle avait contracté une dette en y habitant comme invitée.
-Puis-je t’aider ? proposa Elrond.
-Pourrais-tu m’apporter du bois, s’il te plaît ? Le feu n’est pas assez fort pour réchauffer cette soupe.
-Mais il l’est déjà suffisamment pour te cuire, toi !
Celebrían sourit jusqu’aux oreilles, le visage rougi par la chaleur. Malgré cet inconfort, elle n’aurait donné sa place pour rien au monde ! En plus du fagot demandé, Elrond lui apporta des verres et une jarre d’eau fraîche, qui circulèrent parmi ceux qui s’occupaient du feu. Puis il fit d’innombrables allées et venues jusqu’à la salle à manger, apportant des assiettes, de grands chandeliers d’argent, et des bouquets délicatement parfumés.
La table fut finalement dressée : une cloche au son grave annonça le dîner en même temps que le coucher du soleil. La température se mit enfin à descendre ; il devenait plus facile de respirer et de se mouvoir.
Les Elfes et les Hommes entrèrent dans la salle à manger baignée d’une douce lumière dorée, et se disposèrent autour de la table. Comment décrire cette atmosphère paisible et bienheureuse, ces beaux visages illuminés par la joie, la table blanche chargée de mets délicieux, les fleurs colorées et odorantes qui éclataient çà et là, le reflet précieux des flammes sur les chandeliers ?
Gil-Galad fut mis à la place d’honneur, en bout de table, avec Elrond à sa droite et Isildur à sa gauche. Les autres se disposèrent à leur guise, sans prendre en compte les rangs et lignées. Celeborn prit place près du groupe de musiciens qui allait jouer pendant la veillée ; Galadriel préféra la discussion du jardinier qui s’occupait des plantes médicinales. Quant à Celebrían, elle s’assit à côté du potier, qui avait façonné tous les plats qui ornaient la table –très admirative d’un tel talent, elle souhaitait apprendre son art-.
Les nombreux enfants de la Cité mangeaient avec les adultes. Les yeux pétillants, grands ouverts devant la beauté de la table, ils s’installèrent entre leurs parents. Les chaises étaient couvertes de piles de coussins pour installer leurs occupants à bon niveau.

Avant de s’asseoir, les convives entonnèrent un chant de remerciement envers Yavanna, la remerciant pour tous ses dons :

Depuis les racines profondes
Jusques aux cimes les plus vertes
Par les collines éventées
Et les vallons frais et ombreux,
Gloire à toi, Reine de la Terre !
Nous, les enfants d’Illuvatar,
Nous qui partageons avec toi
Ce même père qui nous créa,
Nous te chantons dans les futaies
Parmi les arbustes en fleurs
Et dans ce lieu, où nous allons jouir
De tous les dons que tu nous fais,
N’oubliant jamais que nos vies
S’attachent à ceux que ta main
Toucha, fit croître et donner fruit.

Elrond aimait beaucoup ce chant, même si la voix rauque des Hommes effaçait un peu sa pureté originelle. Sans l’aide et la protection de la Reine de la Terre, la Cité-Refuge n’aurait jamais existé…
Sur une note aigüe, le harpiste pinça la plus fine corde de son instrument, et la musique cessa. Il sembla pourtant qu’elle n’avait pas disparue tout à fait, flottant silencieusement dans l’air comme un parfum, emplissant les convives d’une reconnaissance et d’une joie si profondes qu’elles avoisinaient la douleur.

Gil-Galad s’assit ; tous l’imitèrent, et le repas commença. Il est une chose chez les Elfes, si évidente pour eux qu’ils n’en parlent presque jamais. Si l’on devait la transcrire en adage, cela donnerait : « Bon gîte, bon hôte et bonne chère font bonheur ». En effet, ce peuple a la capacité de pouvoir jeûner de longs jours, tant que les arts et la beauté continuent à les soutenir ; mais ils savent mieux que quiconque apprécier les plaisirs que les Hommes connaissent pourtant bien.
Trop souvent, ces derniers passent à côté des petites choses qui procurent tant de joie au peuple des Premiers-Nés ; malgré leur immortalité, ils ont le don, si difficile à acquérir, de profiter pleinement du parfum fugace d’une rose, de la fraîcheur caressante des sous-bois, ou de la simple et saine nourriture de tous les jours.

Pour l’arrivée de leur souverain, les cuisiniers s’étaient surpassés : les mets les plus fins, les boissons les plus douces, se succédaient sans cesse, circulant de convive en convive grâce à des serviteurs silencieux et attentifs. Ces derniers se relayaient pendant le repas afin d’en profiter eux aussi. Des places leur étaient réservées près de l’entrée de la cuisine.

La gaieté montait au fur et à mesure, comme si, dissimulée dans les aliments, elle éclatait dans tous les cœurs. On entendait plus de rires que de paroles. Isildur demanda à Gil-galad des nouvelles de son père Elendil, qui rassemblait une armée dans son royaume du Nord, mais ce fut la seule conversation sérieuse de toute la soirée. Elrond oublia bientôt les soucis de la guerre et de l’Obscurité ; saisi par l’atmosphère, il savourait les merveilleux plats qui réjouissait autant le palais que l’esprit, et souriait à en avoir mal aux joues. Et quand son regard croisait celui de Celebrían, où brillaient des diamants de bonheur, il avait l’impression de mourir d’un trop-plein de bienfaits.

Quand tous furent finalement rassasiés, tant de nourriture et de boisson que de la compagnie des autres convives, l’heure de la veillée arriva. Les serviteurs se levèrent, et la table fut déchargée en quelques minutes. Seuls y restèrent les beaux chandeliers d’argent, unique source de lumière maintenant que la nuit était tombée. Les voix se turent progressivement, laissant le paisible silence vespéral envahir la pièce. Elrond se leva et saisit un chandelier :
-Que les rires prennent fin à présent, et que nos cœurs s’ouvrent à la Beauté, dit-il selon la coutume. Place maintenant au Rêve et à la Poésie !
Les hôtes se levèrent et prirent les autres chandeliers. Une porte à deux battants fut ouverte au fond de la salle, découvrant un couloir sombre. Le Semi-Elfe s’y engagea, Gil-Galad à ses côtés ; puis vinrent Celeborn et Galadriel, Celebrían et une petite fille qui portait un candélabre avec une grave fierté, Isildur et sa femme, et ses enfants. Les habitants d’Imladris suivaient derrière.
Ils s’avancèrent ainsi deux par deux, n’habitant le silence que par le doux bruit de leur démarche lente et le bruissement du tissu autour d’eux. La lueur vacillante des bougies projetait de grandes ombres tremblantes sur les murs, comme si les personnages qu’ils allaient évoquer pendant la veillée les escortaient déjà. Les visages étaient sereins, tout empreints du calme attentif que chacun ressent en pareil moment.
De l’extrémité du couloir provenait une musique à peine perceptible. C’était toujours la même mélodie qui débutait les veillées, un morceau de harpe très doux, presque timide. Il arrive souvent que les Hommes, pendant leur sommeil, en perçoivent les accords. Il leur semble alors connaître cette musique depuis toujours ; mais au réveil, il n’en garde qu’un faible souvenir de délices, et ils sont incapables de la restituer.

L’entrée de la Salle du Feu était petite et étroite, si bien qu’on ne pouvait y passer qu’un par un. Elrond s’effaça derrière Gil-Galad, puis pénétra à son tour dans une vaste pièce dont les recoins baignaient dans la pénombre. Au centre, dans une grande vasque de pierre, un haut foyer crépitait gaiement, comme pour accompagner le son de la harpe. Son placement original permettait à tous de recevoir la même quantité de lumière et de chaleur.
Au-dessus était percée une ouverture triangulaire pour laisser la fumée s’échapper. Levant la tête, le Semi-Elfe aperçut un morceau de ciel couleur d’améthyste, où étincelaient quelques étoiles. Les musiciens se tenaient assis autour du feu, sur de petits tabourets. Leurs instruments -cithare, flûte, hautbois, violon- reposaient sur leurs genoux, silencieux, hormis la harpe qui lançait l’Appel à la Veillée.

Elrond conduisit Gil-Galad jusqu’à un profond fauteuil d’ébène, puis s’assit auprès de lui sur un siège plus bas. Les autres convives prirent place à leur tour, qui adossé au mur dans un coin d’ombre, qui confortablement installé sur un divan moelleux. Quant aux enfants, ils se couchèrent à moitié sur d’épaisses peaux de mouton, tout près du foyer, fourrant avec plaisir leurs petites mains dans les boucles soyeuses.

La paume du harpiste se posa doucement sur les cordes vibrantes. La dernière note résonna un moment dans la salle haute avant de s’éteindre. Un musicien se leva et s’avança vers Gil-Galad.
-Avec ta permission, mon roi, je chanterai ce soir la fondation d’Imladris, à laquelle beaucoup d’entre nous ont participé.
-C’est avec plaisir que nous t’entendrons, Lindir, répondit Gil-Galad en souriant.
Elrond hocha la tête et fit un signe de la main. Il laissait toujours le chanteur choisir le lai de la veillée ; mais ce soir, la joie serait plus grande que d’habitude !
L’Elfe s’inclina et retourna s’asseoir. Les convives semblaient apprécier son choix, eux aussi : ils remuèrent légèrement dans l’obscurité, et des dizaines de paires de prunelles se mirent à briller davantage.
Les musiciens commencèrent à jouer. La mélodie, d’abord à peine perceptible, s’éleva peu à peu avec plus de force, puis Lindir se mit à chanter, d’une voix claire et profonde. Là encore, les mots des Hommes sont faibles : la flûte jouait un thème légèrement discordant ; le hautbois lançait quelques notes comme des interrogations ; les cordes de la harpe, pincées nerveusement, y ajoutait de l’inquiétude ; seuls le violon et la voix, en arrière-plan, rappelait avec douceur que tout n’était pas perdu.
Le temps sembla s’arrêter, tandis que la musique faisait renaître le passé dans les esprits. Les notes se muaient en sentiments, et les mots devenaient des images.

Comme à chaque fois, le Semi-Elfe sentait un engourdissement l’envahir, un peu comme celui qu’on ressent, hypnotisé par un serpent ; mais cette fascination-là était infiniment délicieuse. Chaque parole lui rappelait des heures de labeur, de peine, mais aussi d’entraide et de fierté quand la Cité avait enfin été achevée.
Des images repassaient devant ses yeux : c’était plus de dix-sept siècles auparavant…
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La Dernière Maison Simple [fanfiction] - par Tinakë - 23.06.2009, 19:08

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