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La Dernière Maison Simple [fanfiction]
#9
Chapitre 15 : Adieux à la Cité cachée
Le temps s’écoula trop vite. Peu à peu, l’atmosphère changea, comme si chacun était anxieux de profiter de tous les instants, mais déjà angoissé d’ignorer s’il les revivrait jamais. Le dernier soir, après la traditionnelle veillée durant laquelle les Elfes implorèrent les Valar -et en particulier Tulkas-, chacun alla rassembler ses affaires pour partir dès l’aube.
Elrond, qui avait déjà fait ses préparatifs, s’échappa dans les jardins ; il traversa une allée de bouleaux, descendit un petit sentier pavé et se retrouva à l’entrée d’une vaste pelouse. La pleine lune déposait des gouttes argentées sur les feuilles de rosiers entourant l’espace sans arbres. Un cerisier poussait à son centre, projetant sur le sol son ombre étrange. C’est là que Celebrían et Elrond se rencontrèrent pour se dire adieu. Peu de paroles furent prononcées, car ce qu’ils portaient en eux dépassait tous les mots ; mais ils restèrent longtemps l’un devant l’autre, se tenant les mains et se contemplant l’un l’autre.
Ils s’échangèrent un anneau doré, qu’ils mirent à l’index droit, promesse de leur prochaine union par le mariage, dès le retour du Semi-Elfe.
Le lendemain, alors que les premiers rayons du soleil commençaient juste à dorer les beaux bâtiments de Fondcombe, l’armée de Gil-galad se rassembla dans la cour. Les Elfes avaient fière allure : leurs cuirasses étincelaient dans les feux de l’aurore, leurs fougueux étalons piaffaient d’impatience, et il semblait qu’aucune ombre ne pourrait les vaincre. Pourtant, leurs visages étaient sombres et empreints de cette étrange résignation des soldats qui partent à la guerre sans savoir s’ils reverraient un jour leur maison et leur famille.
Le Roi et son héraut sortirent en dernier de la maison, après un long entretien avec le Seigneur et la Dame. Malgré l’émotion du départ, ceux qui les virent arriver ne purent s’empêcher de sourire, car, en bons militaires, ils réglaient inconsciemment leur allure pour marcher au même pas.
A la suite de son souverain, Elrond salua tous ceux qui restaient ; il se contenta de s’incliner devant Celebrían en la regardant intensément, comme pour graver en sa mémoire ce visage tant aimé. Emplie d’émoi, elle demeura silencieuse, mais ses yeux brillants lui criaient : « Reviens ! »
Arrivé à Erestor, ils se donnèrent l’accolade, puis l’Elfe aveugle le fixa de ses deux prunelles sans vie - Elrond se demandait toujours comment il faisait cela- et lui dit :
« Tu reviendras, car tu ne vis plus seulement pour toi-même. »
Et, à tâtons, sa main effleura l’anneau d’or qu’Elrond portait au doigt.
Puis le Semi-Elfe monta sur son cheval, vint se placer aux côtés de Gil-Galad en queue de cortège et brandit l’étendard royal, trois étoiles brillant dans un ciel d’azur.

Il y eut soudain de l’agitation: les chevaux piaffaient et les soldats murmuraient. Passant au milieu d’eux, Sadorhen s’avança vers le Roi et s’inclina. Il semblait fatigué, comme quelqu’un qui sort de maladie ; mais il se tenait droit, et son regard était clair. C’était un Elfe ; mais un Elfe qui avait bien connu la souffrance.
-Désires-tu partir avec nous ? demanda Gil-Galad avec bonté.
Sadorhen hésita, puis hocha un peu la tête.
-C’est pour cela que je suis venu, mais j’ignore si j’en suis digne, dit-il d’une voix rauque.
Gil-Galad étendit la main et la posa sur la tête de Sadorhen. Il soupira.
-Un hiver a suffi pour faire de toi un serviteur du Mal; mais combien de printemps ont été nécessaires à ta renaissance!
Puis il sourit.
-Sois désormais des nôtres. Qu’on trouve une armure et un cheval !
-Aucun cheval ne voudra me porter, déclara Sadorhen. Mon compagnon s’en chargera.
Il lança un doux appel, puis revêtit la belle armure avec un plaisir évident tandis qu’un cerf sortait timidement des bois. Sadorhen l’enfourcha souplement, puis vint se placer aux côtés de Limtal, qui se contenta de lui sourire, trop heureux pour pouvoir parler.

Les adieux furent rapides, car ils avaient déjà été faits la veille ou dans la nuit, puis les soldats s’engagèrent l’un après l’autre sur le pont et le chemin qui menaient hors de la vallée.
Tandis qu’ils s’éloignaient de leur demeure, les soldats entonnèrent un chant de marche pour masquer leur tristesse ; mais beaucoup se retournèrent encore pour un dernier adieu à leur cité.
Celebrían les regarda partir, se demandant si sa vie aurait encore un sens si Elrond ne revenait pas. Et près d’elle se serra Nyamar, la jeune épouse d’Isildur, assaillie par les mêmes pensées.
Les deux femmes restèrent dehors jusqu’à ce que les chants s’éteignent au loin ; puis, soudainement étreintes par un vent froid, elles rentrèrent dans la maison, la fragile humaine appuyée contre l’Elfe élancée. Il leur fallait désormais vivre avec leurs occupations quotidiennes, tourner leurs pensées vers des soucis plus matériels ; mais jamais l’anneau que chacune portait à son doigt n’eut autant de valeur pour elles.
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