13.01.2010, 02:26
III
Les Halls de Thranduil
Les Halls de Thranduil
« Il y a beaucoup trop d’elfes à mon goût »
Soldat Hirin, de la 12e compagnie de combat d’Erebor
Le voyage s'était bien passé jusqu'à Aradhrynd, la capitale du royaume elfique de Mirkwood. Le trajet s'était révélé sans encombre, et en voici la fin.
Sigmin le nain pensait voir une gigantesque cité dans les arbres, ressemblant au campement d'Arafin qu'il avait visité, mais il s'étonna quand le sergent elfe, qui l'accompagnait, lui annonça qu'ils étaient arrivés.
« Où ? Je ne vois pas ces mellyrn géants dont vous m’avez parlé, et que vous les elfes utilisez comme demeure. »
L'elfe rit, puis lui dit:
« Eh bien, c'est une exception pour nous les elfes, bien que vous pourrez voir plusieurs de nos habitations parmi les arbres environnants, mais notre cité, la seule du royaume, est sous terre.
-Sous terre ? s'étonna le nain.
-Oui, comme vos demeures, maître nain. Aradhrynd a été construit sous les montagnes de Mirkwood quand mon peuple a du fuir un grand péril -trop grand pour que je vous en dise plus sur le sujet pour le moment. Maintenant, je vais vous montrer notre capitale. »
Devant eux s'étendaient les monts de Mirkwood, et à leur pied on pouvait apercevoir la Rivière Noire, qui courait jusqu’à la Rivière de la Forêt, puis jusqu’au Long Lac, où était suspendue Esgaroth, la cité des marchands construite sur des pilotis à la surface du lac.
Arafin mena sa compagnie et celle des nains vers la montagne la plus proche. Il leur fallut une heure pour l'atteindre, et une fois arrivés, des elfes furent envoyés pour chercher l'entrée de la cité, creusée dans le flanc du pic rocheux. Ils revinrent cinq minutes plus tard, accompagnés d'un elfe armé d'un arc et portant une flûte. Il était vêtu de vêtements sombres, tout comme sa cape, qui était aussi recouverte de végétation. La sentinelle, car s'en était une, était grande, belle et froide. Son visage était dur comme la pierre, et ses cheveux blonds descendaient jusqu'à ses bras. Il ne fit pas attention aux nains, ni même aux elfes, sauf à Arafin, à qui il fit signe de le suivre. Les deux compagnies se mirent en branle et marchèrent jusqu'à à arriver à un arbre très feuillu où les attendait la sentinelle. Puis, sans un mot de bienvenue, elle se tourna face à l'arbre et commença à jouer de son instrument de musique. C'était une mélodie belle et lente, digne des elfes, et qui accélérait progressivement.
Les nains écoutaient avec contentement, heureux d'entendre à nouveau de la musique. Et même les elfes sylvestres semblaient joyeux, car il n'était pas dans leur habitude de jouer d'aussi étranges mélodies. Et en effet, la mélodie était étrange, car au fur et à mesure que le rythme accélérait, les branches de l'arbre se mouvaient de plus en plus vite. Au point culminant de la mélodie, on vit l'arbre « s'écarter » littéralement de sa place, ce qui laissa découvert l'entrée d'un tunnel. Les nains étaient ébahis, et quand la mélodie diminua d'intensité et de rapidité, l'arbre s'immobilisa. Arafin invita ses compagnons rangers à entrer dans le souterrain, ce qu'ils firent bien volontiers, trop heureux de retourner sous terre, même s'ils n'étaient pas chez eux. Le sergent elfe saisit une fiole qui dégageait une paisible lumière, et trois autres elfes prirent des lanternes. Puis la mélodie de la sentinelle -restée dehors- reprit, et l'arbre regagna sa place, obstruant l'entrée du tunnel. Celui-ci était haut de plafond -environ trois mètres- et suffisant large pour que cinq nains de bonne consistance puissent marcher côte à côte sans se toucher. Par contre on ne voyait pas l'extrémité du tunnel, et un elfe particulièrement habile sous terre, du nom d'Isindir, leur indiqua qu'il fallait franchir une porte spéciale avant d'arriver à la cité elle-même. Les nains demandèrent comment était cette porte, mais l'elfe refusa de leur répondre, leur demandant un peu de patience.
Les deux compagnies reprirent leur route pendant quelques temps avant d'arriver à la fameuse porte. Sigmin s'étonna, car il ne voyait devant lui qu'un mur de pierre, semblable à morceau de falaise, qui bloquait le passage. Puis Arafin approcha sa fiole de la roche, et de fines lignes argentées commencèrent à se dévoiler, au fur et à mesure que le sergent promenait sa fiole sur la paroi. Quand ce fut fini, on pouvait voir une arche et des piliers, semblables à une porte, ainsi que des inscriptions elfiques sur le pourtour.
« Parlez, ami, et entrez » leur traduisit le sergent elfe.
-On raconte que les portes du royaume de Khazad-Dum sont...commença Sigmin.
-Identiques, oui je sais, le coupa Arafin.
-Comment le savez-vous ? demanda le nain, passablement agité. Nul elfe n'a jamais foulé le sol de ce royaume.
-Je vous expliquerais plus tard, si vous le voulez bien. »
Sigmin se calma, puis le sous-officier elfe prononça quelques mots dans sa langue. Et là, ce fut remarquable: le mur sembla se briser en deux, de haut en bas. Mais c'était belle et bien la porte, et on en voyait l'ouverture, maintenant. Quand les pans de murs furent totalement écartés, les nains s'avancèrent prudemment, exhortés par Arafin. Quelques mètres plus loin, le passage s'élargissait pour s'ouvrir sur une salle, où on pouvait voir des elfes. Certains étaient debout, montant la garde derrière des barricades, d'autres s'entrainaient au maniement de leur lame elfique, mais la plupart se reposaient, allongés en cercle autour d'un anneau de lumière, qui provenait d'un puits creusé dans le plafond. A ce moment-là, tous les elfes présents, sauf la compagnie d'Arafin, se retournèrent pour dévisager les nains. Certains soldats dans la salle s’étaient relevés et avaient saisis leur arme. Un des gardes s'adressa au sergent elfe dans leur propre langue, et il paraissait tendu et mécontent. Mais voici leur conversation :
« Pourquoi avez-vous amenez des nains ici ? commença le garde.
-Ne vous inquiétez pas, ce sont des amis, répondit Arafin.
-Des amis ?! Comment des nains peuvent-t-ils être des amis des elfes ?
-Ils m'ont sauvé la vie, à moi et à ma compagnie, et pour cela ils méritent notre amitié. De plus, ce sont des émissaires du Roi sous la Montagne, Daïn II Pied-de-Fer, et ils sont venus pour rencontrer notre propre roi, alors laissez-les passer ! continua le sergent elfe, commençant à s'énerver.
-Je veux bien les laisser passer, mais ils devront laisser leurs armes ici, et seul leur capitaine pourra rentrer dans Aradhrynd pour rencontrer Thranduil.
-Laissez-moi leur expliquer cela.
-Bien. Mais dépêchez-vous, je n’aime pas cette situation. »
Arafin se retourna vers Sigmin -et se pencha- et lui parla dans le Langage Commun :
« Le garde veut bien vous laissez passer, mais vous devrez laisser toutes vos armes et vos armures ici, et vos compagnons ne pourront vous suivre dans la cité, ils resteront dans une salle proche d’ici.
-Bien, mais je parlerai à votre roi de la façon dont vous nous accueillez, dit-il, haussant le ton pour que la garde l'entende.
-Je lui dirai aussi, car je vous accompagnerai, il vous faudra un guide et je dois moi-même voir le roi.
-Je vous remercie, maître elfe. »
Puis Sigmin se tourna vers le garde et s'inclina tout en souriant, marmonnant quelques injures dans sa langue maternelle. Il expliqua la situation à ses nains et confia le commandement à Filin. Le sergent s'avança en compagnie de son homologue elfe, et confia ses armes -arc, hache de combat- et son armure à un elfe qui les emporta et les rangea dans un coffre avec tout le respect qu'il pouvait avoir pour des objets nains (c'est-à-dire pas beaucoup). Puis ses rangers firent de même et on les conduisit dans une salle de repos à côté de celle de garde. Sigmin dut suivre un elfe, accompagné par Arafin, et se dirigea vers la sortie principale, qui leur permettrait de rejoindre la cité elle-même. Le sergent elfe avait demandé à sa compagnie de rester avec les rangers nains, pour leur tenir compagnie. De plus, certains, à l'image de Sigmin et d'Arafin, s'étaient liés d'amitié, ce qui leur permettrait de rester ensemble. Filin souhaita bon courage à son supérieur, et lui remit le rouleau de parchemin qui contenait la demande de relations entre Erebor et Mirkwood, écrite par Daïn lui-même.
Les deux sergents ne marchèrent pas longtemps avant de rentrer dans la cité, car d'un coup, tout devint plus lumineux. Sigmin ferma les yeux tellement la lumière était forte, car il était juste avant dans un tunnel sombre. Quand le sergent fut habitué à cette brusque clarté, il ouvrit grand les yeux, ébahi, devant la capitale des elfes sylvestres. Une grande salle, aussi géante que Cavenain, s'ouvrait à Sigmin. La lumière venait d'un grand puits creusé dans le plafond et jusqu’à l'air libre, haut dans la montagne. En Lorien, Caras Galadhon était construite parmi les arbres, son nom signifiait d'ailleurs « Forteresse d'arbres ». Ici, malgré le fait d'être sous terre, il y avait aussi des arbres, mellyrn et autres. La plupart des habitations étaient construites autour ou dans ces arbres, mais on pouvait voir quelques constructions sur le sol.
Une seule structure dépassait les mellyrn et surplombait cette ville: le Palais de Thranduil. Merveille d'architecture, ce palais a été bâti en deux parties: une surplombant Aradhrynd, et installée dans des arbres, l'autre partie dans la montagne, comprenant un réseau de tunnels bien éclairés joignant de multiples salles souterraines. Ces salles étaient utilisées comme réserves pour la plupart, mais on trouvait aussi les cuisines, les chambres d'amis, mais on les utilisait surtout comme refuge pour les civils si l'Ennemi entrait dans la ville (Heureusement, cela n’était pas encore arrivé). Dans la partie «aérienne», dans les arbres, on trouvait les appartements privés de Thranduil, ceux des invités - elfes- qui préféraient dormir en hauteur, il y avait aussi la salle du trône, la salle de réception (si on pouvait appeler cela une salle, car elle était à l'air libre) et aussi quelques salles de repos, la bibliothèque et les jardins suspendus d'Aradhrynd. Sigmin était toujours admiratif, et Arafin s'en amusait. Puis il lui demanda de le suivre:
« Maître nain, nous devons au plus vite rencontrer mon roi, vous pour votre mission diplomatique, moi pour les attaques à la frontière. Je vous ferai visiter la cité plus tard si nous en avons le temps.
-Allons-y, mon ami, répondit le sergent nain. »
L'elfe mena son compagnon à travers la rue principale de la capitale sous la montagne. Sur leur chemin, ils croisèrent quelques elfes, qui saluèrent Arafin mais qui se méfièrent de Sigmin. Une fois repartis, le petit dit au grand:
« On dirait qu'ils n'aiment pas trop les nains ici. S'ils savaient ce que nous avons fait pour votre peuple.
-Ne vous inquiétez-pas, ami, ils savent ce que votre race a apporté à la nôtre, et ils s'en souviendront toujours. Seulement on ne voit pas beaucoup de Petites Personnes dans cette cité, et seuls les plus vieux et les plus sages des nôtres étaient là lors de l'édification de la ville, et ils sont pratiquement les seuls à vous considérer comme des alliés et des amis. Mais ils sont minoritaires et ne sont plus influents dans ce royaume, c’est pourquoi nous avons l’habitude d’éviter votre peuple, comme nos ancêtres depuis des générations. Je crois que cette demande de renouer les relations entre nos deux peuples va être la bienvenue pour certains, car elle prouvera que les nains veulent eux aussi établir une amitié durable avec les elfes. Toutefois, cela sera très difficile de convaincre notre roi, car lui-même est peu enclin à vous faire confiance. »
Tout en parlant, les deux sergents s'approchaient des portes du palais. Celles-ci étaient gardées par deux sentinelles en armure dorée, et qui portaient une lance, avec accrochées dessus deux petits fanions bleus et verts brodés de fils dorés. Les plaques de leur protection étaient finement ouvragées, en forme de longues feuilles plates, et protégeaient le torse ainsi que les cuisses. L'armure venait recouvrir une cotte de mailles de la même couleur, qui elle, descendait jusqu'aux chevilles, et protégeait ainsi tout le corps du guerrier. Venaient renforcer cette protection un casque gravé de motifs de feuilles, et une cape verte –plus une indication de leur rang qu’une réelle défense. Ces protections dorées accroissaient l'impression de puissance qui se dégageait des sentinelles. Et heureusement que ces elfes voulaient bien les laisser passer, car Sigmin n'aurait pas été de taille à les affronter, qui plus est à mains nues. Les lances se décroisèrent, et les portes s'ouvrirent. Les gardes ne les regardèrent même pas. Les deux sergents franchirent l’ouverture et furent accueillis par un grand elfe.
« Nous vous attendions, nain, dit-il froidement. Je me nomme Celdior, et je suis l'intendant de Sa Majesté. Celle-ci vous attend dans la salle du trône, vous et le sergent Arafin. »
Sigmin était étonné du fait qu'on l'attendait ici, mais, tandis qu'il marchait vers la salle, il n'osa pas parler à Celdior, ni à Arafin.
Le trio arriva aux portes de la Grande Salle. Celle-ci aussi était gardée par des gardes vêtus de la même façon que ceux de dehors. Mais ici il y en avait quatre, et leur cape était rouge. Ils décroisèrent leur lance et ouvrirent les portes quand l'Intendant s'avança. Celui-ci s'avança dans la salle, suivis par les deux sergents. Sigmin était époustouflé par la beauté de ces lieux: une grande salle où les piliers étaient des troncs d'arbres, et la charpente et le toit, des branches et des feuillages. Les murs semblaient être d'écorce, et le sol était en bois, gravés de motifs elfiques, s'entrelaçant et se perdant sur les colonnes et les murs. Entre les piliers, au fond de la salle -qui n'était pas bien grande-, il y avait une estrade et plusieurs marches, elles aussi recouvertes de motifs, qui menaient au trône du roi des elfes. Et y siégeait Thranduil de la Forêt Noire. Au fur et à mesure qu'il s'approchait, Sigmin le distinguait de mieux en mieux: grand, aux cheveux blond descendant jusqu'aux bras (comme tout elfe qui se respecte), et aux yeux verts. Sur sa tête était posée une couronne de feuilles. Il était vêtu d'une grande cape verte recouvrant ses vêtements d’excellente qualité, vert eux aussi, et brodés de fils d'or. Il avait juste une paire de chaussures elfiques toutes simples, sans ornements. On disait aussi qu'il avait toujours du lembas -le pain de route elfique- dans ses poches, et à côté de lui était posée sa lame elfique, rangée dans son fourreau, ainsi que son arc et son carquois.
Arrivé tout près de Thranduil, Celdior s'inclina. Sigmin et Arafin firent de même.
« Monseigneur, dit-il, voici le nain Sigmin, fils de Sigan, porteur d'un message du Roi Daïn Sous La Montagne, seigneur d'Erebor. L'accompagne le sergent Arafin, responsable d’un groupe de chasse et lui aussi porteur d'un message.
-Eh bien, que ce soit lui qui commence à parler, car à mon avis ce n'est pas une bonne nouvelle, comme toutes celles que j’ai entendu depuis bien des années. »
Ainsi parla Thranduil, d'une voix forte et claire, qui résonna dans la salle.
« Monseigneur, j'apporte effectivement de mauvaises nouvelles, déclara Arafin. L'Ennemi a passé notre frontière, une fois de plus, et il amène avec lui des rejetons d'Ungoliant. »
Thranduil prit un air grave en apprenant cette nouvelle. On entendit aussi des murmures sur les côtés de la salle, et Sigmin remarqua la présence d'une dizaine d'elfes, tous aussi richement vêtus que le roi, et qui discutaient entre eux sur la déclaration d'Arafin venaient de faire.
« Ce que vous nous annoncez là est grave, dit Celdior. Si les orques et les araignées remontent encore plus dans le Nord de la Forêt Noire, ils peuvent menacer nos foyers. Il faudrait renforcer une fois de plus nos frontières avec d'autres troupes. De plus, les attaques des gobelins ont repris au Nord, et nous manquons de guerriers pour les repousser. »
Thranduil ne disait rien, laissant son intendant parler, et réfléchissant sur la situation actuelle. Puis il déclara:
« Ne nous préoccupons pas de ça maintenant, car nous avons un invité qui doit aussi nous apporter des nouvelles, qui, je l'espère, seront meilleures. Je vous en prie, Sigmin fils de Sigan, parlez !
-Je remercie Sa Majesté de m'accueillir dans son palais, et en disant cela il s’inclina une fois de plus. Je vous apporte un message de mon roi, Daïn II d'Erebor. »
Puis il sortit le parchemin, le déroula puis déclama calmement et lentement :
« Moi, Dàin II, fils de Nàin, roi du Peuple de Durin et descendant de Durin Ier, seigneur sous la Montagne, maître d'Erebor et des Monts d’Acier, s'adresse au roi du royaume sylvestre de Mirkwood, Thranduil fils d'Oropher. Moi, Dàin, demande le rétablissement des échanges entre Aradhrynd et Erebor, afin de renouer les relations amicales entre elfes et nains qui existaient autrefois. Les querelles qui existent entre nos deux peuples ne sont pas de notre responsabilité, et ce qui est fait est fait. Maintenant, il ne tient qu’à nous d’oublier cet ancien conflit, et de redevenir des alliés sans méfiance l’un envers l’autre. Moi et tout mon peuple somme prêts à faire de considérables efforts dans cet objectif. Sur tous les plans, nous pourrons vous aider : des routes commerciales sont prêtes à être rouvertes entre nos cités, et l’armée royale d’Erebor se tint prête à partir pour Vertbois-le-Grand en tant que renforts alliés si besoin est. En espérant recevoir des réponses positives de votre part, nous vous saluons, roi Thranduil de Mirkwood, seigneur des elfes sylvains de Rhovanion. Puisse votre règne être aussi long que l’existence des étoiles au-dessus de nous. »
-Merci, maître nain, de m’avoir transmis ce message, répondit le roi elfe. Je ne peux, vous comprendrez, vous donner une réponse tout de suite, car je préfère y réfléchir plus longuement. De plus, j’ai d’autres problèmes très urgents à régler. Je vais donc vous laisser, Celdior se chargera de vous montrer vos appartements. »
Sur ces mots, il indiqua d'un geste son intendant qui les attendait, à la sortie principale. Arrivés près de lui, Celdior leur dit:
« Je vais vous montrer vos quartiers, maître nain, ainsi que ceux de vos compagnons qui vous ont accompagnés jusqu’ici.
-Je croyais que mes rangers devaient rester dans une salle à l’entrée du royaume ? demanda le nain, interloqué.
-Notre roi a pris connaissance de la troupe que vous menez. Il préfère accueillir plus convenablement les sujets du roi Dàin ici, dans son propre palais. Vos guerriers pourront ainsi rejoindre leurs compatriotes déjà présents ici.
-Il y a déjà des nains ici ? s'étrangla Sigmin.
-Oui, une trentaine de soldats sont arrivés il y a quelques jours, avec pour ordre de prendre contact avec vous, une fois la mission diplomatique réussie. Et comme je crois que cette mission est réussie, vous allez pouvoir les rencontrer.
-Effectivement, et j'aimerais beaucoup les rencontrer.
-Ne vous inquiétez pas, maître nain. J'ai aussi envoyé quelqu'un récupérer vos affaires et guider vos rangers jusqu'à leurs quartiers. Vous comprendrez que nous ne pouvons pas offrir le même accueil à tous vos compagnons, c’est pourquoi ils devront se contenter d’un dortoir commun.
-Je vous en remercie, maître elfe. Je crois que cela leur suffira amplement. »
Puis Celdior sortit de la grande salle, suivi par le nain. Arafin les avait quitté quelques minutes auparavant, car il devait s'entretenir avec le roi Thranduil à propos des attaques aux frontières. Les deux personnes traversèrent une passerelle pour arriver jusqu’au flanc de la montagne, à l'entrée d'un tunnel.
« Voila l'entrée d'un réseau de galeries et de salles. Vous avez le choix pour votre chambre, vous pouvez en prendre une qui s'ouvre sur ce côté de la montagne, sur le palais de Thranduil, ou alors choisir des appartements qui donnent au-dehors, sur la forêt qui surplombent la Rivière de la Forêt.
-Où sont logés les nains qui sont déjà arrivés ? demanda simplement Sigmin.
-Et bien, nous avons mis à leur disposition une salle commune ainsi que plusieurs chambres à plusieurs lits. Vos rangers seront logés au même endroit, car il y a suffisamment de lits pour une centaine de personnes.
-Je vous remercie de votre hospitalité, intendant Celdior, mais sans vouloir vous offenser, je préfèrerai dormir avec mes compagnons, car nous sommes toujours ensemble, et jamais je n'ai passé de nuit sans eux depuis plusieurs années.
-Je comprends, maître nain, et nous ferons comme bon vous semble. Je demanderais donc aux valets d'apporter vos affaires dans cette salle. Je vous y conduis maintenant, suivez-moi.
-Allons-y ! lança le sergent nain.
L'elfe entra dans le tunnel, prenant une lanterne à l'entrée et l'allumant simplement en passant sa main sur la bougie à l’intérieur. Suivi par le nain, il marcha dans les galeries jusqu'à à arriver devant une double porte en bois. Sur les côtés et au-dessus de la porte, de grands piliers de pierre étaient gravés de runes naines.
« Ce sont vos ancêtres, quand ils ont construit ces demeures et ces galeries, qui ont gravé ces runes, elles disent...
-…Que cette salle sera réservée à ceux de notre peuple qui seront invités ici, répondit Sigmin, traduisant lui-même le message écrit en khuzdul.
-Oui, effectivement, maître nain. »
Sur ce, l'elfe ouvrit la porte. Celle-ci donnait sur une grande salle, avec elle-aussi un puits de lumière au milieu. Sur un côté, il y avait une grande cheminée, où un feu flamboyait. Au milieu, une dizaine de tables étaient alignées dans la longueur de la salle, et il y avait des bancs. On pouvait aussi voir des couvertures sur le sol, près de la cheminée, et des fauteuils autour. Des torches étaient fixées sur les murs tout autour de la pièce, et il y avait plusieurs portes en bois sur les côtés. Et, plus important -en tout cas pour Sigmin-, il y avait plusieurs nains dans la pièce, une quinzaine environ. Certains se reposaient autour du feu, une pipe à la bouche, d'autres discutaient, trois autres aiguisaient leur hache avec des silex, et deux refaisaient les empennes de leurs flèches. Le sergent nain se précipita dans la pièce, et lança, dans sa propre langue:
« Mes amis ! »
Tous les nains présents se retournèrent, dévisageant le nouvel arrivant. Puis, l'ayant reconnu comme un des leurs, ils se levèrent tous et coururent saluer Sigmin, le serrant dans leurs bras, et lui parlant en langue naine (nous vous éviterons les palabres et les cris de joie). Puis les invités nains expliquèrent au sergent qu'ils étaient arrivés ici il y a quelques jours, pensant rejoindre les messagers de Daïn dans la capitale. La mission diplomatique terminée, ils devaient se mettre se mettre sous le commandement de Sigmin, puis rejoindre les territoires de Dale, près des Monts d'Acier. Un seigneur gobelin et ses troupes étaient descendus de leurs cavernes et attaquaient les villages avoisinants, ainsi que les caravanes qui faisaient la liaison jusqu’en Erebor. Sigmin et ses guerriers -nouveaux et vétérans- devaient donc mettre un terme aux attaques des orques.
Mais pour l'instant, l'heure était aux retrouvailles, et le nouvellement promu sergent-chef avait retrouvé quelques-uns de ses anciens amis, comme celui qui avait mené les renforts jusqu'ici, nommé Meran. Celui-ci avait expliqué à son nouveau supérieur qu'ils avaient été invité à visiter les jardins sur les flancs de la montagne, et que tous ceux qui voulaient y aller devaient aller à la plate-forme de l'autre côté de l'entrée des tunnels, le lendemain.
Puis les rangers de Sigmin arrivèrent dans la salle, avec les affaires de leur sergent portés par deux elfes en tenue de valet. Etant assez fatigués, ils saluèrent quand même joyeusement les autres nains, puis demandèrent où il y avait des lits de libre. On leur indiqua certaines portes, donnant sur des chambres d'une demi-douzaine de places. Les dix-neuf nains allèrent donc se reposer, et Sigmin ne tarda pas à les rejoindre, lui aussi très épuisé.
Le lendemain, quand les rangers se réveillèrent, ils eurent la surprise de trouver de la nourriture et de la boisson sur les tables, dont ils se délectèrent rapidement. Ensuite, les nains souhaitant visiter les jardins d’Aradhrynd allèrent à la plate-forme, dirigés par Sigmin et son ami Meran. Un elfe les attendait, et ils s’aperçurent que c'était Celdior. Il les salua puis les guida à travers le dédale de plates-formes, puis entra dans un tunnel, mais rapidement, ils ressortirent dehors, sur les flancs de la montagne. La dizaine de nain se sépara à travers les arbres, profitant du paysage et de l’air frais qui se glissaient entre les Monts de Mirkwood.
Mais ils n'eurent pas le temps de profiter de la vue splendide, car des gobelins leur tombèrent dessus. Les nains en furent très surpris, car ils pensaient que les frontières internes du royaume des elfes étaient mieux gardées que cela. Les ennemis étaient peu nombreux, une douzaine, et mal armés. Quelques uns avaient des lances ou des épées, mais la plupart avaient seulement une dague dentée. Ils prirent les nains par surprise, et ils en blessèrent un avant qu'il n'ait put réagir. Les autres nains se regroupèrent, menés par Meran, car Sigmin était introuvable. Les natifs d'Erebor chargèrent les gobelins désorganisés, et les attaquèrent à mains nues. Même un nain désarmé est plus dangereux qu'un gobelin avec une dague, et c'est pourquoi les guerriers d’Erebor prirent rapidement l'avantage, étranglant la plupart des ennemis, et mettant en fuite les survivants.
Quant à Sigmin, il s'était éloigné rapidement, et quand il avait cherché à rejoindre les autres nains, trois gobelins l'avaient intercepté, et l'avaient de suite attaqué. Sigmin évita les coups d'épée du premier, passa derrière-lui et lui botta l'arrière-train, le jetant à terre. Il récupéra l'épée de son adversaire et la lui planta dans la nuque. Puis il se retourna, et eut juste le temps de frapper de son épée l’orque qui lui avait bondit dessus. Le dernier avait disparu, croyait Sigmin. Mais en réalité, il était monté dans un arbre, et il sauta sur le sergent nain. Celui-ci ne put riposter, et tenta de décrocher le gobelin. Mais ses bras étaient trop courts, et il ne put l'attraper, alors que l’orque commençait à l'étrangler. Sigmin commençait à suffoquer, et sa vue commençait à vaciller. Puis il sentit un relâchement sur sa nuque, les mains du gobelin s’écartèrent et il tomba au sol. Le nain se retourna et vit que son adversaire était mort, puis il releva la tête et découvrit Meran, une hache de jet à la main; une deuxième était plantée dans le corps du gobelin. Sigmin ramassa la hache et remercia son ami, puis les deux nains rejoignirent le groupe. Les autres furent contents de les retrouver, et Celdior, affolé, leur demanda de retourner rapidement dans leurs appartements, pendant qu'il prévenait les sentinelles elfes, pour qu'elles ratissent la région à la recherche d’autres orques.
Une fois dans la salle commune, Sigmin décida que lui et ses nains devraient quitter rapidement la capitale des elfes, pour rejoindre les Monts d’Acier et s'occuper de la menace orque. Pendant que Meran prévenait leurs hôtes, les autres faisaient leurs préparatifs. Sigmin avait également réorganisé sa compagnie, nouvellement agrandie. Il décida de laisser la responsabilité de ses rangers à Filin, promu sergent. Hemli devint caporal et prit la tête de la deuxième escouade, à la place de Sigmin. Meran était sergent, il prit le commandement des nains en armure lourde, c'est-à-dire quinze guerriers et cinq archers. Un des cinq tireurs, Tugnus, fut élevé au rang de caporal, à la tête de son escouade. Une fois que toutes les troupes furent attribuées à un sous-officier et que Meran revint accompagné de Celdior, ils sortirent de la salle. L'intendant leur avait donné du lembas et d'autres provisions, et maintenant il les menait vers l'entrée Nord (ou sortie Nord). Une fois arrivés au bout de tunnel, on entendit une mélodie, puis l'arbre qui était devant le passage se déplaça, et le groupe de combat sortit. Celdior leur souhaita bonne chance et les salua, après leur avoir indiqué la direction à prendre. La troupe se mit en marche, quelques rangers furent envoyés en éclaireur, et d'autres restèrent derrière. Sigmin menait le contingent, accompagné par ses gardes Khazad, des troupes d’élite surarmées et protégées par de lourdes armures d’acier et des cottes de Mithril. Venaient ensuite les guerriers nains formant un anneau de boucliers qui protégeaient les rangers restants et les archers. Le groupe de combat prit la direction du Nord, et marcha toute l'après-midi.