Lomelinde a écrit :Et bien le dernier PE semble répondre à certaines questions (...)
Le dernier PE fournit des réponses à de nombreuses questions, oui. Certaines sont étonnantes et inattendues (dans le sens où elles auraient été difficilement prédictibles), certaines sont un brin décevantes (après tout on voit Tolkien douter à plus d'une reprise et parfois ne pas réussir à trancher, on voit parfois aussi Tolkien revenir sur ses propres explications précédentes), d'autres encore semblent tantôt infirmer, tantôt confirmer certaines théories que les uns ou les autres avaient esquissées... C'est la part d'arbitraire de toute création. Et j'insiste sur le "semblent" dans me phrase précédente, car nous comparons là souvent des textes de différentes périodes.
Tout cela est très intéressant pour espérer comprendre un peu mieux, comme à chaque fois, comment fonctionne le processus créatif de Tolkien. Et si on en doutait encore, c'est un nouvel exemple qu'il n'y a pas une vérité (que nous ne connaitrions pas parce que tout n'a pas été publié) mais au contraire un foisonnement d'idées changeantes, de telle sorte que plus nous avons de textes, moins l'idée même d'une vision "finie" et définitive des langues de Tolkien apparaît possible. Il y a des questions auxquelles toute nouvelle publication n'apporte pas de réponses, il y a des faits tenus pour certains qu'une nouvelle publication contredira. (Qui aurait mis en toute par ex. que le govannen du SdA est le participe du *govad- inf. gevedi des Etymologies? C'était sans aucun doute "vrai" (et explicable méthodologiquement) au moment où Tolkien rédigea ce texte, n'empèche que PE17 nous en propose une autre interprétation tardive, Tolkien ayant tenté de re-interpréter ce terme différemment parce qu'il butait sur un problème de mutation (lui aussi pertinent, méthodologiquement...)
A cet égard, je me permets de rebondir sur la façon dont les discussions ici semblent avoir été perçues:
jean person a écrit :(...) si tel est le cas alors vous aviez raison et j'avais tord.
Belgarion a écrit :Ce qui est surtout bien, c'est que vous allez pouvoir trancher en toute sérénité
Elendil a écrit :Mais c'était finalement bien vu de la part de jean person que de proposer cette solution
Tort/Raison...
Il importe vraiment peu de savoir qui a raison ou a tort. A aucun moment cela n'a été ma posture, il me semble pourtant avoir essayé de la dire clairement, en prenant bien des précautions de forme. La part d'arbitraire, disais-je plus haut : on peut tomber "juste" au hasard même avec de mauvais arguments, on peut se "planter" même avec de bons arguments. La seule validité intrinsèque de nos discours est celle de leur méthode. C'est cette absence de méthode que j'ai reproché à Jean - dans son approche enthousiaste mais un peu brouillonne, il a jeté quelques pièces en l'air. Certaines retombent sur le côté pile, d'autre face, mais pour pousser la comparaison, leur coincidence avec le même jeu de pièces lancées par Tolkien ne saurait alors qu'être fortuite.
Je pense que de part leur double nature interne et externe, les langues de Tolkien ne se prêtent pas à une approche purement linguistique. Nous ne pouvons être qu'en pleine meta-linguistique.
Trancher/Solution...
On ne peut pas trancher quand il n'y a pas de solution (cf. l'exemple de govannen plus haut... un autre exemple qui me revient à l'esprit est celui d'Emyn Arnen dont la "solution" donnée par un VT ne permet apparemment pas, a priori, d'expliquer les formes comme Lonnath-Ernin apparaissant dans les brouillons du texte).
Didier.
EDIT: Pour les anglophones, je complète avec ce lien où Carl Hostetter développe certains points similaires à ce que je dis ci-dessus.