22.01.2006, 11:23
Samwise a écrit :D'accord pour les pseudo-linguistes, mais si les traductions sont faites à partir d'éléments connus et attestés, alors je vois pas trop où se situe le problème.Comme l'a dit Edouard plus haut, pour traduire dans une langue il faut en connaître la grammaire. Le problème c'est qu'on ne possède pour l'instant qu'une seule grammaire à peu près complète du qenya (sic), qui date de la fin des années 20. Elle n'est donc pas tout à fait cohérente avec le quenya du SdA.
Citation :Ce qui me surprend dans ces débats, c'est que tout le monde semble considérer les langues de Tolkien comme n'ayant aucune cohérence. Je veux dire par là que toutes les langues ont une structure, une cohérence, même s'il y a toujours des exceptions aux règles.Il y a un vrai problème de cohérence des langues de Tolkien qui tient à leur spécificité : ce sont des langues construites (par opposition aux langues dites "naturelles") par un seul homme, et ce tout au long de sa vie. Or celui-ci était libre à tout moment de changer, modifier voire complétement remanier la structure de la langue. C'est ce qu'il a fait à plusieurs reprises puisque la création des langues elfiques (et autres) s'est étalée tout au long de sa vie, des années 20 jusqu'à sa mort en 1973. Même si l'on perçoit une sorte de "fil directeur" entre le qenya des années 15-20 et le quenya du SdA et ultérieur, ce ne sont pas vraiment les mêmes langues. Et cela est encore plus vrai en ce qui concerne le sindarin et ses "ancêtres" d'un point de vue externe, le gnomique puis le noldorin.
Pourtant, Tolkien, féru de langues, tendait vers une certaine cohérence de ses langues qu'il souhaitait à l'image des langues naturelles. C'est pour cela que toutes les formes ne sont pas régulières mais que certaines ont été modifiées par analogie, comme c'est le cas dans les langues réelles. C'est aussi pour cela qu'il a envisagé ses langues sous leur aspect historique, au sein du monde fictif (Tolkien a subi l'influence de la linguistique historique et diachronique qui était très prégnante au XIXe et au début du XXe siècle, et il était très attaché à l'évolution de ces langues à partir de racines anciennes, à l'image de l'évolution des langues indo-européennes à partir de racines du proto-indoeuropéen reconstruit par les linguistes des XIXe et XXe siècles). Mais cette dimension historique interne au monde fictif est source de complexités supplémentaires.
Établir un état de langue permettant la description de celle-ci est très difficile dans le cas de ces constructions linguistiques puisqu'il faut à la fois tenir compte de l'évolution interne et externe. Bref, c'est très délicat. Ceux qui tentent de masquer ces difficultés (comme c'est le cas sur la plupart des sites internet, peu fiables, sur le sujet) sont des imposteurs et des menteurs.
Citation :Tolkien n'a certes pas créé un dictionnaire complet de ses langues, laissant une part de mystère, mais en bon professionnel je pense qu'il les a créées pour qu'elles se "tiennent".Au contraire, Tolkien a créé plusieurs dictionnaires, certains incomplets, d'autres montrant plusieurs "strates" de révisions et modifications (comme les Etymologies par exemple). Cela illustre bien la difficulté de la tâche de ceux qui se penchent sur ces constructions linguistiques pour tenter de les décrire. Comment rendre compte d'une réalité multiple ? Comment tenter de rendre accessible au néophyte cette complexité sans pour autant trahir leur nature et la volonté de l'auteur ? C'est là toute la difficulté à laquelle font face les Lambengolmor comme Edouard Kloczko...
Sébastien.