21.02.2005, 18:40
Kloczko a écrit :Cela est exacte. Mais la qualité du travail du SIL s'impose d'elle même, "malgrès" une idéologie forte (si je suis dire ainsi).Le bouquin de Louis-Jean Clavet, La guerre des langues, ouvrage tout à fait intéressant pour comprendre l'aspect sociolinguistique des langues (développement, évolution, phénomène de créolisation, pidgins, mort de langues, langues officielles/véhiculaires/vernaculaires, etc.), traite du SIL dans un de ses chapitres et pose des questions inquiétante sur cet organisme qui possède des privilèges assez incroyables dans tous les pays où les gouvernements ont autorisé l'implantation de centres (base aérienne dispensées de douanes et autres démarches administratives, implantation de centres dans des zones "riches" en ressources minières ou autre, grande production d'oeuvres décrivant les langues mais aucune action en direction des populations concernées, etc.). Derrière tout cela, le SIL pourrait donc être une émanation de la CIA ou en tout cas être très proche du gouvernement US (L.-J. Calvet est non seulement professeur de linguistique, mais il écrit également dans le Monde Diplomatique).
On le remarque facilement dans la précision à la fin des exposés sur la plupart des langues dans le site, avec si oui ou non des parties de la Bible y on été traduites.
Sinon, pour répondre à Lomelinde pourquoi il est important de tenter de promouvoir les langues en danger et, au pire, de les décrire avant qu'ellles ne meurent, je propose la lecture de Halte à la mort des langues de Claude Hagège, qui est un vibrant pladoyer pour la sauvegarde du patrimoine linguistique humain. Chaque langue décrit une réalité, une vision du monde, propre à une culture (elle est même l'expression ultime d'une culture, essentielle à l'identité de ses locuteurs). Ainsi, quand on parle du monde dans deux langues différentes, ce n'est jamais vraiment du même monde que l'on parle. La diversité linguistique est donc un trésor, qui permet de mieux appréhender l'homme dans ce qu'il a de plus spécifique. Chaque langue est un mode de pensée différent et cette richesse pourrait un jour nous manquer (comment pourrait-on vouloir décrire et expliquer la faculté du langage si l'on avait affaire qu'à un nombre très restreint de langues ?).