22.01.2005, 22:52
Athelior a écrit :Je trouve cependant dommage quaucune étude nait été créée à ce sujet. Les motifs dintonation font quand même parties, il me semble, des aspects importants d'une langueEn effet, mais l'aspect intonatif (ou prosodique) des langues, même décrites de fort longtemps (comme les langues européennes), n'est étudié de façon scientifique que depuis peu de temps (20, 30 ans au plus).
Et cela tient à l'objet étudié : les intonations peuvent grandement varier. Ainsi, on dit que les unités prosodiques sont non-discrètes, c'est-à-dire qu'elles ne sont pas dénombrables, contrairement aux phonèmes d'une langue qui sont en nombre limité.
Par exemple, si on fait varier progressivement un a vers un o (en arrondissant très progressivement les lèvres), un auditeur percevra d'abord a et à un moment o (le seuil pouvant varié selon l'auditeur et sa langue maternelle) : c'est l'un ou l'autre (ainsi, un phonème ambigu, mal prononcé ou perçu, sera restitué "automatiquement" par un auditeur en fonction de son contexte, le reste de l'énoncé).
Par contre, si l'on fait varier d'une menière infime l'intonation d'un énoncé, le sens de l'énoncé peut changer sensiblement mais les résultats ne sont pas du tout tranchés : la valeur expressive ou l'intention peuvent évoluer dans une large palette (assertion, ordre, question, négation, ironie, etc.) qui rende leur interprétation par l'auditeur difficile (celle-ci dépend beaucoup du contexte extralinguistique, ce qu'on appelle l'aspect pragmatique).
L'intonation et les phonèmes n'ont donc pas le même rôle (sauf dans les langues tonales d'Asie ou d'Afrique, voir plus haut) : les phonèmes permettent de différencier les unités lexicales (les "mots") alors que l'intonation a une simple valeur expressive qui s'ajoute à la valeur sémantique de l'énoncé et peut éventuellement l'influencer : ex. ordre ("debout !"), question ("tu vois." vs. "tu vois ?"), etc.
Les phénomènes prosodiques sont difficilement "mesurables", c'est pourquoi ils sont longtemps restés inaccessibles aux linguistes. Il a fallu attendre des développements technologiques récents permettant une analyse du spectre sonore pour les mettre en évidence (formants révélés par un spectrogrammes). Bref, l'étude de l'intonation est une science neuve dont la systématisation n'a été rendue possible que grâce à l'ère informatique et à des logiciels d'analyse sonore.
Le problème avec l'elfique, c'est qu'hormis les exemples sonores enregistrés par Tolkien (qui sont très peu nombreux), nous n'auront jamais l'occasion d'étudier la prosodie des langues imaginaires que celui-ci créa, faute de locuteurs natifs ! Bien sûr, l'étude des quelques échantillons produits par le Professeur pourrait être intéressante (bien que limitée), mais il est fort probable qu'elle révèle des intonations teintées par l'anglais (comme la prononciation de Tolkien est influencée par celle de l'anglais dans son énonciation de ces échantillons, parfois en désaccord avec ses propres indications à ce sujet !).