20.10.2025, 01:10
Ce que je voulais dire, c'est que Tolkien est parti d'un projet politique, celui de donner une mythologie à l'Angleterre, ou à tout le moins un équivalent des mythologies d'autres peuples européens (d'où les correspondances entre certaines dates et certains lieux, et donc des points de jonction entre plusieurs espaces-temps, fictifs, mythiques et réels) ; pour reprendre l'un des deux exemples que tu cites, c'est le cas aussi de l'Odyssée, qui s'ancre directement dans la mythologie grecque et dans sa pratique sociale : le fait de réciter des chants sur l'histoire des Dieux et des héros, puis de les "compiler" afin de constituer une référence unifiée, relève de l'extension sociale de la mythologie et y contribue donc. Ces chants font le lien (entre autres) entre les poètes, la population, les croyances...
Au même titre que ces oeuvres poétiques, les premiers livres historiques s'ancrent dans un projet politique qui vise souvent à relier les grands dirigeants politiques aux héros "mythiques" : Romulus et Remus, descendants d'Enée et donc d'Aphrodite, donnent une part de légitimité et de noblesse aux familles patriciennes de la République et de l'Empire.
Toutes ces productions (et les premiers textes de Tolkien, il me semble) répondent à une fonction politique, publique, qui implique une certaine écriture littéraire qui lui est soumise (en termes de chronologie, de typologie des personnages et même de grammaire et de style).
Ce n'est pas le cas en revanche des Mémoires d'Hadrien qui ne sont pas l'extension sociale d'une mythologie toujours active, et qui, de fait, ne contribuent pas à cette mythologie : il s'agit d'une inspiration libre et les Mémoires sont une oeuvre entièrement littéraire, sans projet social sous-jacent.
Je ne m'avancerais pas sur Jaworsky ; je ne l'ai pas lu.
La question en tout cas ne concernait pas les oeuvres du type des Mémoires d'Hadrien, mais celles typiquement à la frontière du contenu mythologique et du projet littéraire pur, dont celle de Tolkien fait partie. Il y a une étape de la création de ce monde où la particularité de l'entité littéraire ne peut plus supporter son attache avec une supposée réalité historico-mythique : par souci de cohérence interne et de composition purement artistique, l'oeuvre devenue autonome n'a plus besoin et n'est plus contenable dans une perspective mythique effective.
En ce sens, la question littéraire est remise au centre du jeu.
Au même titre que ces oeuvres poétiques, les premiers livres historiques s'ancrent dans un projet politique qui vise souvent à relier les grands dirigeants politiques aux héros "mythiques" : Romulus et Remus, descendants d'Enée et donc d'Aphrodite, donnent une part de légitimité et de noblesse aux familles patriciennes de la République et de l'Empire.
Toutes ces productions (et les premiers textes de Tolkien, il me semble) répondent à une fonction politique, publique, qui implique une certaine écriture littéraire qui lui est soumise (en termes de chronologie, de typologie des personnages et même de grammaire et de style).
Ce n'est pas le cas en revanche des Mémoires d'Hadrien qui ne sont pas l'extension sociale d'une mythologie toujours active, et qui, de fait, ne contribuent pas à cette mythologie : il s'agit d'une inspiration libre et les Mémoires sont une oeuvre entièrement littéraire, sans projet social sous-jacent.
Je ne m'avancerais pas sur Jaworsky ; je ne l'ai pas lu.
La question en tout cas ne concernait pas les oeuvres du type des Mémoires d'Hadrien, mais celles typiquement à la frontière du contenu mythologique et du projet littéraire pur, dont celle de Tolkien fait partie. Il y a une étape de la création de ce monde où la particularité de l'entité littéraire ne peut plus supporter son attache avec une supposée réalité historico-mythique : par souci de cohérence interne et de composition purement artistique, l'oeuvre devenue autonome n'a plus besoin et n'est plus contenable dans une perspective mythique effective.
En ce sens, la question littéraire est remise au centre du jeu.
