01.02.2025, 13:11
(Modification du message : 01.02.2025, 13:17 par Chiara Cadrich.)
Salut Sam et merci !
Quant à l'étrangeté des étoiles dans le Sud : n'est-ce pas un point de vue que peuvent partager tous les voyageurs au long cours ?
Néanmoins, tu pourrais avoir raison...
Quant à l'étrangeté des étoiles dans le Sud : n'est-ce pas un point de vue que peuvent partager tous les voyageurs au long cours ?
Néanmoins, tu pourrais avoir raison...
.oOo.
La petite troupe cheminait dans les collines du Bôzisha, courbes voluptueuses mussées entre l’indigo acéré du ciel et le saphir sinueux de l’estuaire. Taïnyota ouvrait la marche sur Farasi, avec son escouade. La colonne de cavaliers progressait lentement, forçant sa voie dans la garrigue en soulevant des effluves de thym et de romarin, écrasés sous les sabots.
La princesse devisait politique avec l’Oloye Kibir, suivie de ses fonctionnaires. Les pins parasols chuintaient doucement dans la brise marine, leurs ombres se balançant majestueusement sur les massifs de genévriers et de cistes aux fleurs délicates. L’escorte de Jipayes du Prince fermait la marche, aux aguets.
Pour ce pèlerinage au Tell de la Déesse Mère, ils avaient opté pour un chemin de traverse, pour visiter le moindre village : la régente Luuma avait besoin de ranimer le sentiment d’unité du pays. Elle parcourait inlassablement la contrée, restaurait l’autorité des juges, rétablissait les sources sacrées de la Déesse que l’ordre de l’Œil Rouge avait souillées du poison de ses mensonges. Elle faisait réparer routes et ponts, appelait au service des armes les jeunes gens en âge d’y participer. Surtout, elle manifestait sa présence et la réalité de son pouvoir. L’Oloye Kibir, le représentant du puissant voisin, tenait à montrer son indéfectible soutien, tant à titre diplomatique que personnel. Il s’était joint au pèlerinage et ne quittait pas la princesse.
Les cavaliers firent halte à l'orée d’une forêt de châtaigniers, près d’une source bénie. Des villageois ramassaient le « blé des coteaux », dont la farine permettrait de passer l’hiver. Ils invitèrent l’Obaya et sa suite, qui se restaurèrent au chant des oiseaux, dans le parfum suave des fruits mûrs et des vins résinés. En contrebas, la colline s’évasait en terrasses striées de rangées de vignes, leurs feuilles brillant sous le soleil.
On força l’allure pour passer un col. Des chèvres paissaient nonchalamment dans les pentes de garrigues, leurs clochettes tintant doucement. Non loin, trésor des collines du Raj, une mine d'étain résonnait des coups de pioche et des éclats de roche.
Au détour d’un massif de cyprès, apparut le village, grappe de maisonnettes ocre cachées sous ses pampres de figuiers. L’accueil ému, le thé brûlant, la bénédiction du nouveau-né, les nouvelles des moissons, la chasse au fauve qui harcèle les troupeaux… Et puis à nouveau en selle.
Au sommet du ravin, les cavaliers retrouvèrent la route. Elle traversait un plateau lugubre, hanté de formes tordues jaillissant du sol, des troncs noirs dressés, rejetons d’oliviers détruits par le feu, qui poussaient en cercles autour de chaque souche multiséculaire.
.oOo.
A suivre...