Note de ce sujet :
  • Moyenne : 0 (0 vote(s))
  • 1
  • 2
  • 3
  • 4
  • 5
Conte de Noël et du Harad
#33
Aveuglé par son casque, accablé sous les hurlements de la foule et les traits meurtriers de ses adversaires, épuisé par des semaines de privations, Taïnyota s’était terré à une extrémité de la piste. Oppressé par l’horreur, il finit par reprendre ses esprits : il aida son voisin à se débarrasser de son heaume et fut aidé en retour. Un regard avait suffi aux deux hommes pour sceller une alliance.

Mais le manège mortel des lanciers et des archers montés continuait, prélevant à chaque tour quelques vies parmi les combattants. Ensemble, les deux alliés parvinrent à récupérer un bouclier sur un cadavre, puis une lance sur un blessé.
– Il nous faut un arc !
– Là, celui-là en a un !
Un nomade, blessé à l’aine, se trainait dans le sable, pour s’écarter du milieu de la piste.
Taïnyota s’arma du bouclier et de la lance, son comparse de son glaive. Ils visèrent l’intervalle entre le passage des cavaliers et se lancèrent. Notre chevalier protégeait son comparse, qui dérobait armes et munitions au moribond.

Mais un groupe de cavaliers s’approchait, en rangs serrés. Le premier tomba sous le coup de lance de Taïnyota, mais les suivants bousculèrent les complices. Notre héros fut projeté à terre. Un cavalier fit volte-face et arma son javelot pour en finir. Mais il ne put porter son geste : son propre cheval se cabra et le désarçonna, avant de lui décocher une ruade qui l’envoya se fracasser contre la tribune centrale.

Taïnyota n’en crut pas ses yeux : les oreilles en avant, l’animal frémissait des lèvres, trépignait doucement et vint frotter sa tête à la sienne !
– Farasi !
Les comparses décrochèrent, emmenant les armes des guerriers tombés, le cheval sur leurs talons.

La foule hurla à nouveau, d’une seule voix, abominable par l’horrible synchronisme et l’unisson de ces timbres : l’aigu hystérique de la jeune mère, la basse onctueuse du commerçant, vibrant à présent de cruauté, le chevrotement pervers de la grand-mère, tous ivres de la curée.

Taïnyota, auréolé du coup d’éclat de Farasi, rassemblait à lui quelques gladiateurs. À l’extrémité de la piste, il les forma en rangs de boucliers, hérissés de lances. Derrière cette ligne s’abritaient deux archers qui tiraient lorsque les cavaliers passaient à portée. Ces derniers en vinrent à hésiter, concentrant plutôt leurs attaques sur les hyènes, qu’excitait l’odeur des chevaux.

Le spectacle tournait court. Les gladiateurs se groupaient autour du noyau déjà formé, même si quelques-uns payèrent de leur vie la tentative de rejoindre cet espoir. Le nain lui-même, isolé sur le terre-plein central, finit par quitter son îlot et clopina lui aussi vers ses camarades. Les cavaliers, de leur côté, éradiquèrent la horde de charognards et établirent un point de repos dans le virage opposé de la piste.

La foule s’animait à présent d’une houle étrange. Des portions entières de gradins scandaient des encouragements aux cavaliers nomades, d’autres avaient pris en affection les « rebelles » qui leur résistaient. Les tribus du Nord-Harad, dominées par les Variags, sifflaient abondamment, insultant tous les combattants et regrettant la défaite prématurée des monstres du Grand Œil.

Des pur-sang erraient çà et là, effarouchés par l’odeur des hyènes, la violence du carnage et les cris de la foule. Monté sur Farasi, Taïnyota tâchait de récupérer quelques chevaux, autant pour en priver ses adversaires, que pour en équiper ses camarades. Ce faisant, il rassembla sur l’îlot central quelques blessés des deux camps, les délestant de leurs armes.

Il se produisit alors une chose extraordinaire.

Suivant l’exemple des deux pur-sang remorqués par le chevalier, quelques chevaux errants vinrent le rejoindre. Certaines des montures des cavaliers que l’on reposait à l’autre bout de la piste, tentèrent de faire de même. Et progressivement, un petit troupeau se forma derrière Farasi.

La culture du cheval n’est pas un vain mot dans le Harad. On honore quiconque porte respect à sa monture. On révère aussi qui emporte l’adhésion en tant que chef de harde. La foule se calma, les spectateurs et les deux camps restants observant la scène avec curiosité.

Après quelques minutes de marche tranquille du troupeau improvisé, Taïnyota vint tirer un peu d’eau au centre de l’hippodrome, et en donna un peu à chaque cheval. Le chef des cavaliers nomades fit de même, et tous les chevaux se retrouvèrent pacifiquement. On ignore ce que se dirent les deux hommes, mais il semble que plus personne n’avait le gout de se battre.

Chaque camp commença alors à s’occuper sérieusement des blessés.
Le spectacle était gâché… mais la foule semblait respecter la paix des braves et des montures.
.oOo.
A suivre...
Répondre


Messages dans ce sujet
Conte de Noël et du Harad - par Chiara Cadrich - 17.12.2024, 19:59
RE: Conte de Noël et du Harad - par Irwin - 24.12.2024, 12:02
RE: Conte de Noël et du Harad - par Bladorthin - 27.12.2024, 14:47
RE: Conte de Noël et du Harad - par Chiara Cadrich - 28.01.2025, 01:30
RE: Conte de Noël et du Harad - par Irwin - 15.02.2025, 11:42

Sujets apparemment similaires…
Sujet Auteur Réponses Affichages Dernier message
  [Calendrier] Harad – Laura Martin-Gomez / Emmanuelle Ramberg Daeron 0 3 927 31.05.2019, 11:44
Dernier message: Daeron
  L'otage du Harad Chiara Cadrich 16 12 921 25.05.2019, 13:43
Dernier message: Chiara Cadrich
  Petit conte de Noël * Chiara Cadrich 16 15 989 09.01.2018, 23:42
Dernier message: Chiara Cadrich
  Les voeux de Noël de Dαεroη Daeron 7 12 090 29.12.2017, 11:32
Dernier message: Agmar
  Le conte de Círdan le charpentier des navires [Fanfiction] Re-Van 6 14 019 16.12.2011, 23:17
Dernier message: Arwen

Atteindre :


Utilisateur(s) parcourant ce sujet : 1 visiteur(s)