28.12.2024, 12:15
(Modification du message : 28.12.2024, 12:19 par Chiara Cadrich.)
Joyeux Noël à toutes et tous !
Merci d'être passés faire coucou, @Irwin et @Bladorthin !
Merci d'être passés faire coucou, @Irwin et @Bladorthin !
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Cette fois, les sectateurs de l’Œil se levèrent, s’approchant du foyer avec une bruyante mauvaise humeur. Mezror et Taïnyota se redressèrent vivement et s’interposèrent, la main sur la poignée de l’épée. Le regard d’épervier du chevalier défia le censeur de l’Œil et c’en fut assez pour le bedonnant dignitaire, qui se retira, entraînant avec lui sa suite de flagorneurs.
Le conteur, qui n’avait rien perdu de la scène, n’en maintint pas moins sur lui l’attention de l’assemblée, sans même besoin d’élever la voix :
– En vérité, ce dromadaire était un présent somptueux. Car il faut vous dire qu’en ce temps-là, les tribus ne voyageaient qu’à pied. Ce fut la Déesse qui leur accorda ce don formidable entre tous, par l’entremise de la dame du Harj. Car la Reine des Cieux n’abandonne jamais ses enfants dans le doute…
La lune montait lentement entre les étoiles, baignant la combe abritée d’une lueur laiteuse. Les nomades s’ébrouèrent, sortant peu à peu de la torpeur où les contes les avaient bercés. Il était temps de regagner sa tente ou son gourbi. Les familles se retirèrent une à une, laissant seuls Attas Incânus et Taïnyota devant le foyer qui déclinait lentement.
Le Doyen de toutes les tribus terminait sa pipe, observant l’étranger d’un air tranquille, sans guère s’en cacher.
Un peu gêné par cet examen prolongé, Taïnyota vint le saluer :
– Vous avez tenu tête aux indésirables ! Où comptez-vous aller à présent, Ô Doyen de toutes les tribus ?
– Ma voie se trouve d’elle-même ! Une caravane chemine, je la suis. Un mariage, une naissance, un cortège funèbre passe et m’emmène. Le vent souffle et me pousse. Le désert m’appelle à sa façon. Tout le monde a besoin d’un conte un jour ou l’autre.
Mais vous-même semblez un peu perdu dans ces contrées méridionales…
Mais vous-même semblez un peu perdu dans ces contrées méridionales…
– Tous ceux qui errent ne sont pas perdus.
Les yeux du vieillard luisirent un instant comme une braise ranimée par le vent. Il ajouta, comme en écho à la réponse énigmatique du cavalier :
– Tout ce qui est or ne brille pas.
Ce fut à Taïnyota de marquer un temps d’arrêt. Les deux hommes se dévisagèrent longuement, le vieillard supputant s’il pouvait compter sur son nouvel ami, le cavalier cherchant dans sa mémoire où il avait pu croiser ce vieillard si savant.
Comme s’il venait de prendre une décision, le Doyen de toutes les tribus se leva avec vivacité, ramassa son bâton et sa besace et fit mine de se remettre en route.
– Nous sommes appelés à nous revoir.
– Quand vous reverrai-je ? s’enquit Taïnyota, la gorge un peu nouée.
De dessous les larges bords de son chapeau, les yeux brillants du vieillard lui adressèrent un sourire, une lueur de connivence :
– Chaque fois que vous aurez besoin d’un conte !
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A suivre...