27.12.2024, 02:52
(Modification du message : 27.12.2024, 02:55 par Chiara Cadrich.)
Le vieillard lissa sa longue barbe grise, alluma sa pipe, en tira quelques bouffées puis, une lueur amusée dans le regard, commença :
– Il était une fois, dans une oasis lointaine au cœur du désert du Vatra, quatre hommes aveugles vivant ensemble en harmonie. Leur amitié était légendaire, car ils partageaient tout et s'aidaient mutuellement dans toutes les tâches quotidiennes. Ils tenaient de main de maître le caravansérail et les voyageurs louaient leur prévenance et leur chaleureux accueil. Un jour, s’en vint à l'oasis l’Oloya du Harj, avec sa suite nombreuse. Elle était une princesse généreuse, désireuse d’ouvrir des voies commerciales, de maintenir la paix avec ses voisins et d’entretenir le respect des croyances de tous.
Il y eut un mouvement dans l’auditoire. Les sectateurs de l’Œil Rouge, qui s’agitaient, furent enjoints de ne point troubler l’orateur. L’ombre d’un sourire satisfait passa sur le visage ridé d’Attas Incânus, qui reprit :
– Notre Oloya, clairvoyante et généreuse parmi les puissants de ce monde, fit un grand présent aux habitants, quelque chose qu’aucun d’eux n’avait jamais vu auparavant. Des murmures étonnés, admiratifs, certains même un peu craintifs, s’élevèrent parmi les domestiques du caravansérail.
Les quatre aveugles furent évidemment très curieux de découvrir ce cadeau qui laissait leurs serviteurs bouche bée. Chacun voulut toucher ce présent pour comprendre à quoi il ressemblait.
Le premier aveugle s'approcha du cadeau et découvrit un tube long et sinueux. Il déclara avec assurance : "Le cadeau est comme un grand serpent!"
Le deuxième aveugle, en palpant plus bas, toucha une assise solide d’où émergeait un vigoureux tronçon. Il s'exclama : "Voilà un arbre fruitier solidement enraciné dans le sol !"
Le troisième aveugle, se faisant hisser, caressa une large étendue couronnée d’un sommet pointu. Il protesta : "Vous vous trompez tous les deux! Le cadeau est comme une montagne!"
Enfin, le quatrième aveugle, palpant une sorte de corde soyeuse, tira doucement et conclut : "Vous êtes tous dans l'erreur. Le cadeau est un épais cordon, tressé d’étoffe précieuse."
Les quatre hommes commencèrent à se disputer, chacun étant convaincu de la justesse de son expérience et se moquant de l’inconséquence des autres. Leur querelle attira l'attention de l’Oloya, qui les observa un moment. La dispute s’envenimait au point que l’on dut séparer les quatre amis, qui prenaient leur entourage à témoin. Les serviteurs n’osaient donner raison à l’un ou à l’autre de leurs maîtres, si bien que la dame du Harj dut les départager.
– Il était une fois, dans une oasis lointaine au cœur du désert du Vatra, quatre hommes aveugles vivant ensemble en harmonie. Leur amitié était légendaire, car ils partageaient tout et s'aidaient mutuellement dans toutes les tâches quotidiennes. Ils tenaient de main de maître le caravansérail et les voyageurs louaient leur prévenance et leur chaleureux accueil. Un jour, s’en vint à l'oasis l’Oloya du Harj, avec sa suite nombreuse. Elle était une princesse généreuse, désireuse d’ouvrir des voies commerciales, de maintenir la paix avec ses voisins et d’entretenir le respect des croyances de tous.
Il y eut un mouvement dans l’auditoire. Les sectateurs de l’Œil Rouge, qui s’agitaient, furent enjoints de ne point troubler l’orateur. L’ombre d’un sourire satisfait passa sur le visage ridé d’Attas Incânus, qui reprit :
– Notre Oloya, clairvoyante et généreuse parmi les puissants de ce monde, fit un grand présent aux habitants, quelque chose qu’aucun d’eux n’avait jamais vu auparavant. Des murmures étonnés, admiratifs, certains même un peu craintifs, s’élevèrent parmi les domestiques du caravansérail.
Les quatre aveugles furent évidemment très curieux de découvrir ce cadeau qui laissait leurs serviteurs bouche bée. Chacun voulut toucher ce présent pour comprendre à quoi il ressemblait.
Le premier aveugle s'approcha du cadeau et découvrit un tube long et sinueux. Il déclara avec assurance : "Le cadeau est comme un grand serpent!"
Le deuxième aveugle, en palpant plus bas, toucha une assise solide d’où émergeait un vigoureux tronçon. Il s'exclama : "Voilà un arbre fruitier solidement enraciné dans le sol !"
Le troisième aveugle, se faisant hisser, caressa une large étendue couronnée d’un sommet pointu. Il protesta : "Vous vous trompez tous les deux! Le cadeau est comme une montagne!"
Enfin, le quatrième aveugle, palpant une sorte de corde soyeuse, tira doucement et conclut : "Vous êtes tous dans l'erreur. Le cadeau est un épais cordon, tressé d’étoffe précieuse."
Les quatre hommes commencèrent à se disputer, chacun étant convaincu de la justesse de son expérience et se moquant de l’inconséquence des autres. Leur querelle attira l'attention de l’Oloya, qui les observa un moment. La dispute s’envenimait au point que l’on dut séparer les quatre amis, qui prenaient leur entourage à témoin. Les serviteurs n’osaient donner raison à l’un ou à l’autre de leurs maîtres, si bien que la dame du Harj dut les départager.
.oOo.
A suivre...