22.12.2024, 01:35
(Modification du message : 01.02.2025, 13:34 par Chiara Cadrich.)
L’eau sourdait au flanc des éboulis de grès, pure et froide. La Déesse versait là Ses larmes précieuses, comme au creux de grandes paumes bistre.
De larges veines claires striaient la pierre, comme autant de rides creusées par le chagrin de la Déesse pour les malheurs des humains, Ses enfants.
L’aube s’annonçait, rumeur grise au tréfond du monde. Taïnyota avait fini son tour de garde nocturne.
Il descendit la colline et s’accroupit pour recueillir de l’eau et étancher sa soif.
Mais une vieille femme se tenait là, recueillie au bord de la source. Le guetteur, qui avait pourtant été sensé veiller, ne l’avait pas entendue venir…
Taïnyota s’écarta, ne dérangea pas la quiétude du point d’eau : c’était l’heure de la première prière à la Déesse, qui appelait quiconque en mal d’un moment de clarté, d’un instant volé au temps qui court, suspendu entre l’oubli de la nuit et l’effervescence du jour.
La vieille semblait psalmodier les versets sacrés en souvenir de ceux qu’elle avait laissés derrière elle.
Mezror, à son tour, monta le chemin de son pas posé, où pesaient tous les soucis de sa charge.
Une jeune femme se glissa hors de sa tente et serra son châle de laines rouges autour de ses épaules menues. Les larmes de la déesse ornaient son front juvénile : trois gouttes d’opale au long d’une chaînette. Elle chemina vers la source, svelte et légère, le regard tourné vers ses pensées, dans le doux cliquetis de ses bracelets d’argent. Elle venait chercher réconfort dans la prière du matin.
En parvenant au bord du bassin, elle posa un instant ses yeux de biche sur Taïnyota. Il y lut l’espoir chevillé au corps, la bravoure secrète des femmes, l’humilité d’une vie devant la toute-puissance de la Déesse.
Il rêva qu’une autre jeune fille, peut-être, à mille miles des déserts du Harad, s’adressait à Elbereth, pour voir plus clair en son cœur indécis.
A suivre...
De larges veines claires striaient la pierre, comme autant de rides creusées par le chagrin de la Déesse pour les malheurs des humains, Ses enfants.
L’aube s’annonçait, rumeur grise au tréfond du monde. Taïnyota avait fini son tour de garde nocturne.
Il descendit la colline et s’accroupit pour recueillir de l’eau et étancher sa soif.
Mais une vieille femme se tenait là, recueillie au bord de la source. Le guetteur, qui avait pourtant été sensé veiller, ne l’avait pas entendue venir…
Taïnyota s’écarta, ne dérangea pas la quiétude du point d’eau : c’était l’heure de la première prière à la Déesse, qui appelait quiconque en mal d’un moment de clarté, d’un instant volé au temps qui court, suspendu entre l’oubli de la nuit et l’effervescence du jour.
La vieille semblait psalmodier les versets sacrés en souvenir de ceux qu’elle avait laissés derrière elle.
Mezror, à son tour, monta le chemin de son pas posé, où pesaient tous les soucis de sa charge.
Une jeune femme se glissa hors de sa tente et serra son châle de laines rouges autour de ses épaules menues. Les larmes de la déesse ornaient son front juvénile : trois gouttes d’opale au long d’une chaînette. Elle chemina vers la source, svelte et légère, le regard tourné vers ses pensées, dans le doux cliquetis de ses bracelets d’argent. Elle venait chercher réconfort dans la prière du matin.
En parvenant au bord du bassin, elle posa un instant ses yeux de biche sur Taïnyota. Il y lut l’espoir chevillé au corps, la bravoure secrète des femmes, l’humilité d’une vie devant la toute-puissance de la Déesse.
Il rêva qu’une autre jeune fille, peut-être, à mille miles des déserts du Harad, s’adressait à Elbereth, pour voir plus clair en son cœur indécis.
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A suivre...