18.12.2024, 20:22
(Modification du message : 18.12.2024, 20:23 par Chiara Cadrich.)
Un chant s’élevait limpide dans les brumes du soir. Ses inflexions divines planaient dans l’air serein, légères comme un songe. Délaissant la plume et l’aiguière, le jeune seigneur s’avança sous la futaie de bouleaux, en quête de la voix envoûtante.
Dans une clairière baignée de nuées d’argent, dansait une silhouette souple, miracle de grâce, vivante image du monde en sa prime jeunesse. À son appel, la ballerine se tut et se tourna vers le chevalier dans un murmure de soie, ses pas effleurant la mousse.
La lumière des yeux de la jeune fille tomba sur lui. Il glissa, émerveillé à ses pieds, l’âme ravie. Le visage grave de la belle s’inclina, son souffle parfumé caressant les lèvres du chevalier, plus doux qu’un baiser.
Le cheval veillait son maître évanoui, le protégeant du soleil et lui léchant le visage. La langue râpeuse de la monture finit par tirer son maître de sa léthargie.
– Ça va, Farasi, vieux frère, je suis réveillé à présent ! gémit le cavalier.
Il leva péniblement la tête et aperçut un couple d’urubus qui patientaient, à bonne distance. Les charognards avaient manifestement laissé quelques plumes dans leur confrontation avec son fidèle compagnon, mais ils ne renonçaient pas.
Le grand coursier s’allongea à côté de l’homme. Les mains gercées par la sécheresse s’agrippèrent à la selle, l’encolure luisante de sueur et de sable se raidit, le visage taraudé de soleil grimaça et, dans un effort conjugué, cavalier et monture s’arc-boutèrent.
Chacun avait retrouvé sa juste place : ils cheminaient lentement, l’humain guidant sa monture en direction des cimes du Mîraz, guère plus proches qu’hier, et le cheval trainant son cavalier au travers des pièges de sable.
Deux urubus couleur de cendre cerclaient au-dessus d’eux.
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A suivre...