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Revue de Web
#50
A noter que l'ouvrage The Great Tales Never End comporte bel et bien une pépite à la fin, comme Druss l'a dit dans sa critique, mais sans signaler ce dont il s'agissait.

Force m'est de lever le voile sur la question, puisqu'elle est du ressort de ce forum : il s'agit rien moins qu'une dédicace de J.R.R. Tolkien à son fils Christopher sur l'exemplaire personnel de ce dernier de The Return of the King. Une dédicace en quenya, bien sûr, dont voici le texte, jusqu'alors inédit :

J.R.R. Tolkien a écrit :Sínen i·anda nyarnë metta ar taina andaurenya na quanta ; mélima yondion, lenna antanyes mélio cenwa.

Le texte est traduit ainsi :
Citation :With this the long tale ends and my extended long day is complete ; dear [one] of sons, to you I give it to be read with love.
soit littéralement :
Citation :Avec ceci le long récit se termine et mon long-jour étendu est complété ; cher parmi mes fils, pour vous je le donne pour le lire avec amour.
(On ignore si cette traduction est l'œuvre de Tolkien ou d'un spécialiste de ses langues inventées, comme Carl Hostetter, qui a contribué à ce volume.)

Dans l'ensemble, aucune difficulté notable, hormis mélio cenwa, qui ne peut littéralement signifier "pour le lire avec amour". Que mélio soit dérivé de mélë, méli- ou de mélië (les deux sont possibles), il s'agit d'un génitif "d'amour" (of love, from love) et non d'un instrumental.

Bien que cenwa ne soit pas attesté par ailleurs et que le nom lecture soit séparément attesté sous la forme cenda, il s'agit malgré tout de la signification la plus probable. S'il fallait envisager une distinction de sens plutôt qu'un changement d'avis de Tolkien (les deux sont là aussi envisageables), cenda pourrait désigner l'action de lire, tandis que cenwa devrait être la chose lue. Les significations généralement adoptées pour ces deux suffixes confortent cette seconde hypothèse. Toutefois, cenwa ne saurait être un datif ou un allatif, mais seulement un nominatif* ; il ne saurait donc signifier "pour lire", encore moins "pour le lire".

La signification réelle de ce membre de phrase se dérobe quelque peu, car on ne s'attend guère à retrouver un second nominatif après le pronom "je". Je ne vois guère de meilleure option que de faire de ces deux mots une apposition "lecture d'amour" : un livre écrit (en partie) par amour pour son fils. Cela change quelque peu la perspective de cette phrase.

*Il serait envisageable d'en faire le possessif-adjectival de cen "vue, vision", mais le sens serait encore moins clair...
Rollant est proz e Oliver est sage.
Ambedui unt merveillus vasselage :
Puis que il sunt as chevals e as armes,
Ja pur murir n’eschiverunt bataille.
La Chanson de Roland


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