12.06.2021, 00:13
(Modification du message : 11.01.2022, 12:10 par Chiara Cadrich.)
Alors bonne traversée à toi, Bladorthin !
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Les connaisseurs échangeaient de savants commentaires sur les préférences et petits travers des entraîneurs. Les uns tenaient pour un endurcissement énergique et prolongé ; d’autres, en bons hobbits, ne juraient que par l’alimentation. Un original prétendait mettre son champion en confiance en le faisant courir en harde, avec instruction de le laisser gagner :
– La fierté du coureur, y a que ça qui marche !
– Oh ben alors si y marche, y risque pas de gagner ! lança un farceur, traduisant là l’avis général.
La tribune s'esclaffa en voyant un entraîneur masser son coursier, le décontracter avant l’épreuve. On rit moins en voyant le dit coursier s'élancer avec souplesse pour un petit galop d'essai. Les connaisseurs s’extasièrent sur les attributs de Belbuirets, un reproducteur sur lequel les Sanglebuc fondaient de grands espoirs, tandis que d'autres lui préféraient la silhouette élancée des concurrents croisés de coursiers sauvages.
Aux estrades, on louait les robes des coursiers, mais il faut reconnaître que les toilettes extravagantes se pavanaient également dans la tribune : on y échangeait des politesses, on laissait choir son éventail, on exhibait son chapeau sous couvert d’élégantes révérences… Les hobbits goûtaient l’ambiance festive, observant en connaisseurs, sans gêne aucune, le défilé des champions et le manège de leurs propriétaires. Seuls les vrais mordus des courses s’en retournaient faire un petit pari supplémentaire, sur la bonne mine de leur favori.
Lorsque le petit Rigodon s’avança, mené par Sam, un silence mi-surpris, mi-amusé se fit sur l’estrade, mais Ted Rouquin s’écria en ricanant :
– Prends garde, le pompon passe à la casserole !
Il n’était pas rare, en effet, qu’un propriétaire malheureux à la course, dût vendre son champion pour couvrir ses frais. Et bien souvent seul le boucher acceptait d’acheter le « Pompon », le dernier de la course…
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