10.06.2021, 23:09
(Modification du message : 12.06.2021, 22:05 par Chiara Cadrich.)
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Les coursiers étaient jalousement gardés dans des emplacements individuels au sol couvert de paille. Palefreniers et entraîneurs s’activaient autour des bêtes-à-concours, brossant leurs robes et curant leurs pattes. Enfin tous les concurrents, pomponnés, furent menés parader devant la tribune et les estrades.
On reconnut Sagette, la championne de Château-Brande, qui était aussi la reproductrice des Brandebouc. Une valeur sûre, croisement manifeste de lignées de la Comté avec les coursiers sauvages qui erraient sur les landes au-delà de la Vieille Forêt… Mais elle commençait à prendre de l’âge, entendit-on insinuer parmi les spectateurs.
Une svelte coursière beige parut ensuite, à l’œil doux et au poil lustré. L’on n’eut pas à chercher longtemps à qui appartenait cette nouvelle venue. Les fils Chaumine applaudissaient comme des enragés à la barrière, tandis que leur sœur Rosie menait la concurrente, toutes deux portant une coquette cocarde rose derrière l’oreille. Pour toute l’assemblée, elle fut désormais connue sous le nom de Chauminette !
Mais tous les regards convergeaient vers Follavoine, un énorme bai aux reflets noirs, d’une puissante musculature, ombrageux et combatif, le favori de la course, vainqueur l’an dernier, qui roulait des yeux aussi arrogants que Lothon Bessac-Descarcelles, son entraîneur.
Pour faire bonne contenance et rabattre un peu la superbe de cet adversaire redoutable, Souriceau, le champion des Touque, caracola un moment et se fendit d’une demi-volte remarquée, devant un parterre enthousiaste. Mais l’on sentait que son entraîneur « en gardait sous le jarret » !
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