08.06.2021, 18:59
(Modification du message : 09.06.2021, 23:06 par Chiara Cadrich.)
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Une compagnie de hobbits endimanchés et d’élégantes à chapeau avait investi la sablonnière, une carrière désaffectée envahie par les herbes où les paysans de Hobbitebourg et Lézeaux avaient l’habitude de faire paître leurs troupeaux. Officiels et éleveurs se pressaient autour d’un grand plateau de bois suspendu, environné de tout un système compliqué de montants, de poulies et de ressorts. C’est là que s’accomplissait le rituel de la pesée.
Les amateurs jouaient des coudes pour voir les coursiers, que leurs entraîneurs poussaient à tour de rôle sur le plateau. Dans un profond silence empreint de gravité, le premier conestable du quartier de l’Ouest annonçait alors la masse du concurrent. Les juges-arbitres notaient, se consultaient, se perdaient dans d’interminables conciliabules avec des mines de conjurés, embusqués sous leurs tricornes.
Enfin le maire, en sa qualité de premier juge, concluait le consistoire en annonçant la surcharge dont le coursier allait être handicapé.
Alors la foule, jusque-là attentive et retenue, se lâchait soudain ! Les opinions fusaient de toutes parts. Les péroraisons offusquées, les dubitatives, les approbatives, les étonnées se mêlaient en un déchaînement cacophonique. Les déçus, les satisfaits, les indécis, les furieux et même les approximatifs, ceux qui n’avaient pas tout compris, exprimaient bruyamment leurs avis quant à la pertinence ou la partialité des juges, qui bien entendu passaient outre à ce tapage purement consultatif.
Tout juste advint-il – une seule fois, pour Picottine, l’adorable reproductrice pommelée des Touque de Longuefaille – que, devant la réprobation générale, le premier conestable vérifia et corrigea sa mesure pour fournir aux juges un prétexte à ajuster un handicap manifestement sous-évalué.
Telle était l’étrange coutume des hobbits, que de vouloir à toute force donner sa chance de victoire au moindre tocard et d’épicer la course d’une glorieuse incertitude.
Les amateurs jouaient des coudes pour voir les coursiers, que leurs entraîneurs poussaient à tour de rôle sur le plateau. Dans un profond silence empreint de gravité, le premier conestable du quartier de l’Ouest annonçait alors la masse du concurrent. Les juges-arbitres notaient, se consultaient, se perdaient dans d’interminables conciliabules avec des mines de conjurés, embusqués sous leurs tricornes.
Enfin le maire, en sa qualité de premier juge, concluait le consistoire en annonçant la surcharge dont le coursier allait être handicapé.
Alors la foule, jusque-là attentive et retenue, se lâchait soudain ! Les opinions fusaient de toutes parts. Les péroraisons offusquées, les dubitatives, les approbatives, les étonnées se mêlaient en un déchaînement cacophonique. Les déçus, les satisfaits, les indécis, les furieux et même les approximatifs, ceux qui n’avaient pas tout compris, exprimaient bruyamment leurs avis quant à la pertinence ou la partialité des juges, qui bien entendu passaient outre à ce tapage purement consultatif.
Tout juste advint-il – une seule fois, pour Picottine, l’adorable reproductrice pommelée des Touque de Longuefaille – que, devant la réprobation générale, le premier conestable vérifia et corrigea sa mesure pour fournir aux juges un prétexte à ajuster un handicap manifestement sous-évalué.
Telle était l’étrange coutume des hobbits, que de vouloir à toute force donner sa chance de victoire au moindre tocard et d’épicer la course d’une glorieuse incertitude.
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