02.05.2021, 19:49
(Modification du message : 15.05.2021, 17:06 par Chiara Cadrich.)
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Sa fureur épuisée, gît la Dame alanguie.
Après la chevauchée, le Preux berce sa mie...
Après la chevauchée, le Preux berce sa mie...
Le jardin somnole aux lueurs diaphanes de l’aube. Les arbres assagis se balancent dans le matin clair. Les plantes assoupies ont fermé leurs fleurs pour la nuit. L’arène est libre au vainqueur, qui se rhabille et s’apprête à quitter la Dame.
Bergil se tourne une dernière fois vers son amante pour un adieu muet.
Ses yeux sont grands ouverts et le considèrent d’un air grave et attentif.
– Il te faut grandir à présent, Bergil, fils de Berodwen… Apprends et accepte un secret plus lourd que tes amourettes ancillaires...
Une nuance abrupte est venue ponctuer cette annonce, sur un ton irrévocable, presque cruel.
– Mon nom est Berùthiel. Je descends des Seigneurs d’Umbar, le port impérial de Númenor l’engloutie...
Curieusement fasciné par les propos de sa maîtresse, Bergil contemple la petite femme au poil sombre juchée sur ses draps de soie, occupée à relever sa chevelure noire en une coiffe élaborée. Toute fatigue ou trace de dépit a fui son visage intrépide. Ses yeux noirs fixent le dúnadan avec une détermination farouche, bien loin des murmures languissants de la veille. Sa peau claire se pare des ors du matin, son teint irradie de pure lumière. Au fil de sa toilette, le jardin semble s’ordonner suivant d’harmonieuses perspectives, que les rayons matinaux dévoilent grandioses. Lorsqu’elle se lève, moulée dans une robe de taffetas noir, le port régal de la Dame confond Bergil. La maîtresse du jardin règne sur des allées d’une richesse éblouissante. Au lever du soleil, l’arène rutilante chante la gloire de la plus admirable des femmes.
Devant l’air pantelant de désir de cet ahuri de Bergil, la Dame lève les yeux au ciel avec une pointe d’agacement et lui plonge ces derniers mots dans le cœur :
– Ainsi, notre chevalier sans-avoirs n’a pas non plus beaucoup d’esprit... Je suis l’épouse de ton frère, la Reine de ce Pays ! Peut-être vais-je enfin porter un héritier à cet époux qui n'étreint que des songes d'océan...
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