02.04.2021, 18:55
(Modification du message : 15.04.2021, 18:09 par Chiara Cadrich.)
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Bergil gravit la colline couverte de feuillages, surveillant ses arrières. La sente serpente dans les massifs de sorbiers envahis de lauriers, franchit des tonnelles armées de rosiers aux longues épines. Mais partout le suit la rumeur du fauve en chasse.
L’aventurier surveille les taillis, où tressaillent des rongeurs, dérangés dans leur quête nocturne. Il traverse des parterres d’agapanthes pâles couronnées de palmiers noirs, s’incline sous des treilles surchargées exsudant des vapeurs entêtantes.
L’aventurier surveille les taillis, où tressaillent des rongeurs, dérangés dans leur quête nocturne. Il traverse des parterres d’agapanthes pâles couronnées de palmiers noirs, s’incline sous des treilles surchargées exsudant des vapeurs entêtantes.
Au fil du lacis de vivants feuillages, une volonté métissée semble avoir marié les capiteuses essences du Sud aux fruits charnus des vallées du Gondor. Au passage du visiteur, les bosquets chuintent d’étranges mélopées, des araignées tombent des eucalyptus sur ses épaules. Bergil se sent l’intrus surprenant les desseins d’une enchanteresse dans le secret de sa retraite.
Des pêchers embaument là dans la brise du Val d’Anduin, mais les citronniers y bruissent du zéphyr d’autres régions de ce monde. Des fougères du cru se balancent mollement sous des troncs évasés transplantés d’arides contrées. Un bosquet de cyprès enserre une lourde pierre plate, que marque d’effroi un fin rayon de lune. Est-ce là un sépulcre où s’entassent les restes des visiteurs indésirables ? Et toujours un feulement impatient contraint l’intrus à poursuivre.
Enfin Bergil rejoint une voie pavée. Des pins parasol la bordaient autrefois, chantant dans la brise venue de l’océan. Ils gisent à présent débités en monceaux suintant une résine épaisse et odorante.
Un hameau se blottit au sommet de la colline assiégée par l’hostile jardin. Une villa luxueuse, à l’architecture torturée, a remplacé une partie des gradins d’un antique théâtre circulaire. Au centre de cette arène trône un dais majestueux entouré de flambeaux, près d’un bassin. Des plantes de toutes sortes ont envahi l’ancienne scène, à présent îlot vivace de verdure borné de marbres en ruine.
La Dame l’attend là, sondant son miroir félin au milieu de ses gardiens...
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