30.03.2021, 00:51
(Modification du message : 15.04.2021, 18:09 par Chiara Cadrich.)
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Pour échapper à ses poursuivants, Bergil s’arc-boute sur le lourd battant damasquiné qui pivote dans un crissement rouillé. Du buis et du fer forgé, ça, Madame, jubile-t-il, c’est du solide !
Il faut de quoi verrouiller, une barre pour bloquer la porte miraculeuse…
Le prince des bateleurs cherche alentours, aperçoit un madrier brisé gisant dans les genêts. Il s’en empare, revient à la porte.
La maçonnerie de pierre du haut mur est envahie de lierres et de ronces. Il ne l’avait pas remarquée, une liane épaisse et noueuse obstrue l’encadrement de la porte… qui semble bloquée à présent.
– Le lierre pousse vite ici… constate Bergil avec un soulagement entaché d’un léger malaise…
Des jurons de corps de garde filtrent de derrière la porte solidement arrimée aux racines serpentines, bientôt étouffés par un foisonnement de ramilles bourgeonnantes.
Lentement s’élève alors un silence, bruissant du frémissement des fanes et de la reptation sourde des racines. Bergil se sent observé et se tourne vers le parc. Des œillets d’argent le dévisagent, des palmes se penchent gracieusement, des calices d’or s’émeuvent avec impudeur. Des camées de jade et d’émeraude frémissent de lueurs vigilantes au cœur des verts sombres de cet étrange jardin, digne des forêts les plus sauvages.
Un félin surgit sous une frondaison ! La musculature souple de l’animal ondule sous le pelage noir d’encre, alors qu’il s’approche lentement en fixant l’intrus de ses opales implacables. Comme le visiteur n’obtempère pas assez rapidement, l’énorme matou redresse sa puissante encolure et lance un feulement, ouvrant une gueule hérissée de crocs impressionnants.
Bergil s’écarte vivement, une main sur son coutelas. Après tout, ce n’est peut-être pas un chat ! Il semble avoir grossi, depuis tout-à-l’heure… Et ces grondements, bas et menaçants, ressemblent aux appels des cerviers qui hantent les ergs du sud lointain…
Jetant un dernier regard féroce à Bergil, le félin se poste devant la porte, qui déjà semble s’estomper sous les liserons blancs s’épanouissant à la nuit tombante.
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