07.10.2019, 10:30
J'aurais souhaité apporter ma petite touche à la conversation en attirant votre attention sur l'existence possible d'une quatrième fonction, "en charge du non-Ordre, de l’ambiguïté, de la transformation, de la marginalité, de l’altérité", proposée par deux messieurs dans un ouvrage paru aux prestigieuses éditions des Belles Lettres.
En suivant cette théorie, j'écarterai volontiers les Ents et les Trolls et assimilerai les Hobbits aux Hommes pour proposer la quadripartition suivante :
- Elfes
- Hommes
- Nains
- Orques.
Bien sûr, se pose le problème des Nains, qui, non contents d'être peu nombreux, sont même, jusqu'assez tard dans les écrits de Tolkien (jusqu'à la rédaction du Hobbit, en fait, qui a forcé Tolkien à reconsidérer le statut de ce peuple), tout bonnement stériles. Mais n'observe-t-on pas là un magnifique exemple d'inversion structurale, suivant la polarité fertilité/stérilité, qui tendrait à confirmer la pertinence de cette quadripartition ?
Pardonnez-moi si je joue au plaisantin, alors que votre discussion était très intéressante, mais les deux auteurs de cet ouvrage sur la "quatrième fonction" se sont amusés à traquer la tripartition (ou la quadripartition) dans tous les recoins de la culture Geek : les factions dans Starcraft (les Zergs étant les représentants de la troisième fonction, parce qu'ils prolifèrent), la structure de la société Protoss dans Starcraft, les quatre maisons de Harry Potter (je vous laisse deviner quelle maison occupe laquelle des quatre fonctions !), ou même, les Compagnons de l'Anneau.
On y retrouve une analyse similaire à celle de MrBathory : les Elfes pour la première fonction, les Hommes pour la seconde, les Hobbits et les Nains se partageant la troisième, dédoublée pour l'occasion. Mais quid alors de la quatrième fonction ? Serait-elle sans représentant ? C'est qu'il faut chercher dans les marges de la Communauté : le représentant de la quatrième fonction c'est, bien sûr, Gollum !
Croyez-moi, je trouve ce genre de tentative très amusante, j'en suis extrêmement friand et je suis heureux de vous entendre en débattre et de vous faire partager ce que j'ai trouvé. Mais je ne peux pas m'empêcher de me poser la question si, au-delà de la pure dimension ludique, cela éclaire l’œuvre en quoi que ce soit. Il me semble (et Elendil me corrigera si besoin est) que l'intérêt du schéma trifonctionnel, c'est de proposer une clef qui permet, d'une part, d'élucider certains points obscurs des mythes, d'autre part, de comprendre certaines transformations qui s'opèrent dans le renouvellement de ces mythes. Ce genre de théorie permet finalement d'avoir une grille de lecture qui permet en quelque sorte d'extrapoler le donné des sources, au sens d'une extrapolation mathématique (e.g. extrapolation de points de données en une parabole, pour comprendre "où vont" les données lorsqu'on n'y a plus accès).
Certes, la résurgence de ces schémas dans le légendaire tolkienien, si elle ne tient pas de la coïncidence ou de la lecture forcée, éclaire quant à la compréhension très fine qu'avait Tolkien de la matière mythique ; en ce sens c'est intéressant. Mais pour moi la question est surtout : est-ce que, chez Tolkien, ce genre de schéma, qu'on peut se plaire à retrouver, éclaire quoi que ce soit et nous permet d'aller un peu au-delà dans la compréhension de l’œuvre que ce que l’œuvre seule nous permet ? Je suis à peu près convaincu du contraire, mais j'aimerais beaucoup que ce soit le cas.
En suivant cette théorie, j'écarterai volontiers les Ents et les Trolls et assimilerai les Hobbits aux Hommes pour proposer la quadripartition suivante :
- Elfes
- Hommes
- Nains
- Orques.
Bien sûr, se pose le problème des Nains, qui, non contents d'être peu nombreux, sont même, jusqu'assez tard dans les écrits de Tolkien (jusqu'à la rédaction du Hobbit, en fait, qui a forcé Tolkien à reconsidérer le statut de ce peuple), tout bonnement stériles. Mais n'observe-t-on pas là un magnifique exemple d'inversion structurale, suivant la polarité fertilité/stérilité, qui tendrait à confirmer la pertinence de cette quadripartition ?
Pardonnez-moi si je joue au plaisantin, alors que votre discussion était très intéressante, mais les deux auteurs de cet ouvrage sur la "quatrième fonction" se sont amusés à traquer la tripartition (ou la quadripartition) dans tous les recoins de la culture Geek : les factions dans Starcraft (les Zergs étant les représentants de la troisième fonction, parce qu'ils prolifèrent), la structure de la société Protoss dans Starcraft, les quatre maisons de Harry Potter (je vous laisse deviner quelle maison occupe laquelle des quatre fonctions !), ou même, les Compagnons de l'Anneau.
On y retrouve une analyse similaire à celle de MrBathory : les Elfes pour la première fonction, les Hommes pour la seconde, les Hobbits et les Nains se partageant la troisième, dédoublée pour l'occasion. Mais quid alors de la quatrième fonction ? Serait-elle sans représentant ? C'est qu'il faut chercher dans les marges de la Communauté : le représentant de la quatrième fonction c'est, bien sûr, Gollum !
Croyez-moi, je trouve ce genre de tentative très amusante, j'en suis extrêmement friand et je suis heureux de vous entendre en débattre et de vous faire partager ce que j'ai trouvé. Mais je ne peux pas m'empêcher de me poser la question si, au-delà de la pure dimension ludique, cela éclaire l’œuvre en quoi que ce soit. Il me semble (et Elendil me corrigera si besoin est) que l'intérêt du schéma trifonctionnel, c'est de proposer une clef qui permet, d'une part, d'élucider certains points obscurs des mythes, d'autre part, de comprendre certaines transformations qui s'opèrent dans le renouvellement de ces mythes. Ce genre de théorie permet finalement d'avoir une grille de lecture qui permet en quelque sorte d'extrapoler le donné des sources, au sens d'une extrapolation mathématique (e.g. extrapolation de points de données en une parabole, pour comprendre "où vont" les données lorsqu'on n'y a plus accès).
Certes, la résurgence de ces schémas dans le légendaire tolkienien, si elle ne tient pas de la coïncidence ou de la lecture forcée, éclaire quant à la compréhension très fine qu'avait Tolkien de la matière mythique ; en ce sens c'est intéressant. Mais pour moi la question est surtout : est-ce que, chez Tolkien, ce genre de schéma, qu'on peut se plaire à retrouver, éclaire quoi que ce soit et nous permet d'aller un peu au-delà dans la compréhension de l’œuvre que ce que l’œuvre seule nous permet ? Je suis à peu près convaincu du contraire, mais j'aimerais beaucoup que ce soit le cas.