15.05.2019, 11:05
Dans le dernier paru de l'autrice, Conduire sa barque, une sorte de guide pour tous ceux qui souhaitent ou se sont lancés dans l'écriture, et qui fait écho à son essai Schémas rythmiques dans le Seigneur des Anneaux publié dans l'A&H HS, je cite encore une fois un passage prenant appui sur Tolkien. Dans le premier chapitre intitulé "La sonorité de votre écriture", Le Guin aborde la recherche artificielle d'une belle écriture (p. 31-32) :
Citation :La recherche artificielle d'une "belle" écriture pose question et cette question mérite que l'on s'y arrête et que l'on en parle. Comment réagissez-vous à la lecture d'un roman ou d'un essai où de toute évidence, l'auteur s'applique à donner à sa prose un tour saisissant ou poétique, enchaînant expressions rares et archaïsmes, multipliant les associations de mots déroutantes, et se complaisant dans les effets sonores ? Cela vous plaît ? La recherche de l'art pour l'art fonctionne-t-elle avec la prose ? Est-ce qu'elle souligne et renforce le propos, ou est-ce qu'elle le dilue ?
Les noms possèdent des qualités orales/auditives intéressantes, et le nom d'un personnage, sa sonorité, les allusions cachées auxquelles il fait écho, peuvent être d'une intense expressivité : Uriah Heep... Jane Eyre... Bien-aimé... Il en va de même avec les noms de lieux : ainsi du comté de Yoknapatawpha, de Faulkner, de l'envoûtante Lothlórien, de Tolkien, ou de sa plus simple et pourtant si profondément évocatrice Terre du Milieu. Il peut être amusant de se pencher sur les noms dans les œuvres de fiction, et de chercher ce qui, dans leur sonorité même les investit du sens qui est le leur.
What's the point of all this pedantry if you can't get a detail like this right?