04.05.2019, 19:23
(02.05.2019, 18:27)Tikidiki a écrit : D'abord parce qu'on attendrait ces données de la part d'États plus modernes plutôt que des royaumes archaïques (ou légendaires, selon le point de vue) ; ensuite parce qu'il s'agit d'une préoccupation historique moderne. Plus on remonte l'histoire et moins les Anciens se soucient de la réalité des chiffres qu'ils avancent.
Que Tolkien ait choisi de limiter les informations disponibles, c'est tout à fait vrai. Il se comtente de donner les listes des forces des Peuples Libres, parce que ce sont celles sur lesquelles Frodo et Sam ont eu le plus d'informations, c'est tout à fait logique. Et comme il s'agit d'un roman plutôt que d'une compilation d'informations, les chiffres sur les forces en présence sont présentées de manière lacunaire et différente à chaque fois.
Toutefois, qu'un passionné des romans se préoccupe de cette question n'est nullement surprenant, puisque les spécialistes de l'histoire s'intéressent aussi de près à cela pour les batailles réelles, quand bien même aucun des opposant n'aurait-il laissé de chiffre précis ou réaliste.
Par ailleurs, je suis en désaccord avec l'affirmation — assez gratuite, ou tout au moins empreinte de supériorité, je pense — comme quoi les Anciens n'auraient pas eu le souci des chiffres réels pour les batailles. Suffit de voir la comptabilité minutieuse des Égyptiens, des Perses, des Mésopotamiens pour être convaincus du contraire. Même les Grecs démontrent cet intérêt très tôt, au moins à partir d'Hérodote. J'oserais même dire que la liste homérique des troupes de l'Iliade va encore dans ce sens : si la réalité précise des chiffres n'est pas démontrable et si la bataille elle-même est sujette à caution, les proportions entre les troupes semblent particulièrement représentatives de la puissance respective des cités achéennes de l'époque.
Bien sûr, cet intérêt pour les chiffres n'a pas non plus été universel, loin de là. Les exemples que je cite n'ont pas vocation à être universellement extrapolés.
Rollant est proz e Oliver est sage.
Ambedui unt merveillus vasselage :
Puis que il sunt as chevals e as armes,
Ja pur murir n’eschiverunt bataille.
— La Chanson de Roland
Ambedui unt merveillus vasselage :
Puis que il sunt as chevals e as armes,
Ja pur murir n’eschiverunt bataille.
— La Chanson de Roland