Et encore, après de substantielles recherches pour trouver un texte en latin d'Eumène sur internet, il est difficile de savoir quoi en faire.
Il s'agit du panégyrique de Constance (et non de Constantin), dont une édition du XIXe sur trouve sur Gallica : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k64...texteImage
Le passage en question (9.3, p. 98, le latin est sous le texte français) traite en effet de vagabonds, mais le terme latin est vagus, et non vargus : "Arat ergo nunc mihi chamavus et frisius et ille vagus, ille praedator exercitio squalidus operatur, et frequentat nundinas meas pecore venali, et cultuor barabrus laxat annonam".
"C'est donc pour moi que labourent maintenant le Chamave et le Frise : c'est pour moi que ces vagabonds et ces ravisseurs cultivent la terre, tout couverts de sueur, peuplent nos marchés avec leurs troupeaux à vendre, et que le laboureur barbare fait diminer le pris des subsistances."
Il y a une note près de vagus qui renvoie à la page 192, où l'on apprend que le terme n'avait pas laissé indifférent : "Dans les caractères manuscrits correspondant à "ille vagus", Arntzénius soupçonne l'existence d'un peuple voisin des Frises, et pense qu'on pourrait lire "et Ambivarius" ou "Amzivarius" ainsi appelé du fleuve Amster ou Emser qui arrosait son territoire".
Il est évident que les manuscrits donnent "vagus". Pourtant, plusieurs dictionnaires dont le Gaffiot renvoient précisément à ce passage depuis "vargus", et non depuis "vagus". Il ne semble pourtant pas qu'il y ait eu une édition du texte comportant "vargus". Hypothèse : le terme vagus est d'époque républicaine (comme le montre sa présence majoritairement chez Plaute, Cicéron, Horace, Ovide, jusqu'à Suétone) mais n'est plus en usage au IIIe-IVe siècle, et de plus il s'agissait d'un adjectif (http://www.perseus.tufts.edu/hopper/morp...s-contents) . Vagus, en nom, semble réapparaître à cette époque, non plus dans un langage imagé et poétique, mais pour désigner des vagabonds, ce qui justifieriait le classement de l'occurrence "vagus" chez Eumène à l'entrée "vargus" à côté de Sidoine, et non à l'entrée "vagus".
Si c'est juste, cela pourrait être expliqué par le fait que le terme était issu du langage commun gaulois, et qu'il fait avec Eumène une apparition à l'écrit, avant que sa prononciation et sa graphie changent avec Sidoine.
Le problème est qu'entre l'étymologie gallo-germanique varg (vagabond) et celle latine vagus (vague, errant), il pourrait y avoir eu rencontre et mélange, d'abord à l'oral en Gaule au début de l'Empire, puis à l'écrit.
Il s'agit du panégyrique de Constance (et non de Constantin), dont une édition du XIXe sur trouve sur Gallica : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k64...texteImage
Le passage en question (9.3, p. 98, le latin est sous le texte français) traite en effet de vagabonds, mais le terme latin est vagus, et non vargus : "Arat ergo nunc mihi chamavus et frisius et ille vagus, ille praedator exercitio squalidus operatur, et frequentat nundinas meas pecore venali, et cultuor barabrus laxat annonam".
"C'est donc pour moi que labourent maintenant le Chamave et le Frise : c'est pour moi que ces vagabonds et ces ravisseurs cultivent la terre, tout couverts de sueur, peuplent nos marchés avec leurs troupeaux à vendre, et que le laboureur barbare fait diminer le pris des subsistances."
Il y a une note près de vagus qui renvoie à la page 192, où l'on apprend que le terme n'avait pas laissé indifférent : "Dans les caractères manuscrits correspondant à "ille vagus", Arntzénius soupçonne l'existence d'un peuple voisin des Frises, et pense qu'on pourrait lire "et Ambivarius" ou "Amzivarius" ainsi appelé du fleuve Amster ou Emser qui arrosait son territoire".
Il est évident que les manuscrits donnent "vagus". Pourtant, plusieurs dictionnaires dont le Gaffiot renvoient précisément à ce passage depuis "vargus", et non depuis "vagus". Il ne semble pourtant pas qu'il y ait eu une édition du texte comportant "vargus". Hypothèse : le terme vagus est d'époque républicaine (comme le montre sa présence majoritairement chez Plaute, Cicéron, Horace, Ovide, jusqu'à Suétone) mais n'est plus en usage au IIIe-IVe siècle, et de plus il s'agissait d'un adjectif (http://www.perseus.tufts.edu/hopper/morp...s-contents) . Vagus, en nom, semble réapparaître à cette époque, non plus dans un langage imagé et poétique, mais pour désigner des vagabonds, ce qui justifieriait le classement de l'occurrence "vagus" chez Eumène à l'entrée "vargus" à côté de Sidoine, et non à l'entrée "vagus".
Si c'est juste, cela pourrait être expliqué par le fait que le terme était issu du langage commun gaulois, et qu'il fait avec Eumène une apparition à l'écrit, avant que sa prononciation et sa graphie changent avec Sidoine.
Le problème est qu'entre l'étymologie gallo-germanique varg (vagabond) et celle latine vagus (vague, errant), il pourrait y avoir eu rencontre et mélange, d'abord à l'oral en Gaule au début de l'Empire, puis à l'écrit.