07.01.2018, 13:29
(Modification du message : 27.01.2018, 01:57 par Chiara Cadrich.)
.oOo.
Josso Lafutaie, ayant pris courage au fond d’un broc de bière blanche bien mérité, alla trouver le Thain et, sur son conseil, vint présenter son nouveau-né au digne magicien. Il s’approcha d’un air gauche :
- Sauf vot’respect, Myriamel vous remercie bien de vos bons soins ! Et pis aussi grâce à vot’quincaillerie nous aut’ allons bouter c’te sale engeance de loups blancs par-delà le Brandevin ! Alors en façon de vous honorer, comme qui dirait, nous serions ben contents que vous acceptiez d’être nommé parrain du petit dernier des Lafutaie !
Surpris, le magicien surmonta son embarras et prit le nouveau-né dans ses bras. La cantonade appuyait la demande avec entrain et insistance ! L’espace d’un instant, on eût dit que maintes ridules avaient disparu aux tempes du vieux magicien, qui posa sa grande main calleuse sur le font du bébé, tandis qu’une douce lueur auréolait l’enfant et son parrain :
- J’ai déjà de nombreux noms dans les langues des elfes, des nains et des hommes…
Le magicien sourit à la petite forme remuante qui vagissait à présent en maltraitant sa barbe grise :
- Mais soit ! En langue ancienne, je serai donc Adar Nostomereth . Cela ne sonne pas si mal !
Et l’on tosta encore et encore à la santé du petit Hobbit et de son parrain.
- Sauf vot’respect, Myriamel vous remercie bien de vos bons soins ! Et pis aussi grâce à vot’quincaillerie nous aut’ allons bouter c’te sale engeance de loups blancs par-delà le Brandevin ! Alors en façon de vous honorer, comme qui dirait, nous serions ben contents que vous acceptiez d’être nommé parrain du petit dernier des Lafutaie !
Surpris, le magicien surmonta son embarras et prit le nouveau-né dans ses bras. La cantonade appuyait la demande avec entrain et insistance ! L’espace d’un instant, on eût dit que maintes ridules avaient disparu aux tempes du vieux magicien, qui posa sa grande main calleuse sur le font du bébé, tandis qu’une douce lueur auréolait l’enfant et son parrain :
- J’ai déjà de nombreux noms dans les langues des elfes, des nains et des hommes…
Le magicien sourit à la petite forme remuante qui vagissait à présent en maltraitant sa barbe grise :
- Mais soit ! En langue ancienne, je serai donc Adar Nostomereth . Cela ne sonne pas si mal !
Et l’on tosta encore et encore à la santé du petit Hobbit et de son parrain.
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EpilogueLe lendemain, le Thain fit ouvrir les mystérieux colis. Les Hobbits découvrirent un arsenal de guerre – des torches qui brûlent toute la nuit, des pièges à loup forgés par les nains, des colliers bardés pour protéger les chiens, des piques d’acier qui ne se brisent pas par grand froid, outre divers remèdes et remontants.
Le magicien gris s’attaqua au grand portail qu’il libéra de sa gangue de glace, et enfin l’armée des Touque put lever le pays et repousser méthodiquement les loups blancs,
Les formidables chutes de neige qui ont enseveli Eriador au cours de cet hiver mémorable, furent suivies, au printemps, d’un dégel laborieux, qui finit par se précipiter vers la fin avril. Une crue sans précédent envahit alors la vallée du Gwathlô, inondant la grande cité de Tharbad, carrefour commercial de première importance.
Pourtant la tradition des cadeaux distribués lors de Yule, et la fête du solstice d’hiver, survécurent à cette catastrophe, et aux épreuves nombreuses qui devaient suivre. C’est ainsi que parvint jusqu’à nous ce conte un peu baroque mais d’une incontestable authenticité, d’une naissance venant marquer le renouveau de la lumière et de l’espoir, sous l’auspice de forces merveilleuses.
Oh, bien sûr, cette aventure a été réassimilée et transformée par les peuples qui se disputèrent la suprématie culturelle et religieuse de notre monde… [1]
Mais à présent, vous avez certainement deviné, ami lecteur, qui se cache vraiment derrière la légende du Père Noël…
Le magicien gris s’attaqua au grand portail qu’il libéra de sa gangue de glace, et enfin l’armée des Touque put lever le pays et repousser méthodiquement les loups blancs,
Les formidables chutes de neige qui ont enseveli Eriador au cours de cet hiver mémorable, furent suivies, au printemps, d’un dégel laborieux, qui finit par se précipiter vers la fin avril. Une crue sans précédent envahit alors la vallée du Gwathlô, inondant la grande cité de Tharbad, carrefour commercial de première importance.
Pourtant la tradition des cadeaux distribués lors de Yule, et la fête du solstice d’hiver, survécurent à cette catastrophe, et aux épreuves nombreuses qui devaient suivre. C’est ainsi que parvint jusqu’à nous ce conte un peu baroque mais d’une incontestable authenticité, d’une naissance venant marquer le renouveau de la lumière et de l’espoir, sous l’auspice de forces merveilleuses.
Oh, bien sûr, cette aventure a été réassimilée et transformée par les peuples qui se disputèrent la suprématie culturelle et religieuse de notre monde… [1]
Mais à présent, vous avez certainement deviné, ami lecteur, qui se cache vraiment derrière la légende du Père Noël…
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Fin.NOTES
Adar Nostomereth - Petit thème elfique, à mes risques et périls :
Le père Noël : Adar Nostomereth en Sindarin, et Atto Nostameren en Quenya
Quenya : atto, le père ; nosta, la naissance ; meren, la fête.
Sindarin : adar, le père ; nostor, la naissance ; mereth, la fête.
En admettant que Noël dérive de « natalis » via natal/dal
[1] La fête de la nativité ne s’est imposée que tardivement dans le canon chrétien. Un empereur romain a d’abord institué une fête impériale syncrétique en surimposant à la fête du solstice d’hiver (Yule chez les celtes, Jôl/Jul en Germanie-Scandinavie), la fête romaine de la naissance du soleil invaincu (sol invictus) et celle du culte de Mithra, célébrant la naissance de la divinité et la victoire de la lumière sur les ténèbres.