03.01.2018, 01:32
(Modification du message : 29.05.2018, 21:13 par Chiara Cadrich.)
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Un loup gisait raide mort au pied de la charrette, un couteau de boucher effilé profondément enfoncé dans l’oreille. La courageuse petite hobbite, qui répondait au nom de Primevère, avait chèrement défendu les siens, en frappant le monstre qui avait aventuré sa gueule répugnante dans la charette. Miraculeusement, elle ne souffrait de rien d’autre que quelques ecchymoses – le sang dont elle était aspergée était celui de son agresseur. Mais elle avait horreur de ce contact poisseux…
Le magicien avait rapidement pris les choses en main, chargé son propre barda dans la charrette et mené la famille à une bergerie toute proche, presque entièrement enfouie sous la neige.
- Je sais où nous sommes, déclara Bosso, c’est la réserve à bois au Fredegar Touque ! C’est le cousin au troisième degré de…
- Bien entendu ! interrompit le magicien d’un air un peu irrité, où voulez-vous donc que nous nous trouvions ? Cet endroit est parfait pour ce que je compte en faire…
Les occupants - à commencer par Mme Myriamel Lafutaie, qui était fort stoïquement entrée en travail - et le contenu de la charrette furent promptement débarqués. Tout le monde, même le bœuf et l’âne, fut logé dans la petite cabane, que l’on vida des réserves de bois d’œuvre qu’elle abritait, pendant que le magicien manigançait quelque tour de sa façon.
Josso Lafutaie, qui était charpentier de la grande cognée, se mit en devoir de « retaper tout ça » et avant que la nuit ne fût tombée, lui et ses fils avaient renforcé la structure, bouché les béances et monté une porte que l’on pouvait barrer de l’intérieur. Le poële du benjamin permit même de faire bouillir de la neige et de les chauffer un peu. Il était temps ! Car Pâquier et Cabochon auraient eu bien du mal à réchauffer de leur souffle, le dernier-né des Lafutaie qui vint au monde par cette froide nuit.
Au dehors mugissait le blizzard cruel, tandis que rôdaient les hordes de loups mangeurs de hobbits. Par moment des glapissements étranglés se faisaient entendre autour de l’abri de fortune. Après avoir prononcé des mots de sauvegarde et d’apaisement, le magicien monta la garde près de la porte, se remémorant les maléfices qu’ourdissait autrefois le Roi-Sorcier d’Angmar, dans le nord, lorsque ses séides traversaient le Baranduin gelé. Non, décidément, ce long hiver 1311 ne lui paraissait pas entièrement naturel, son cousin du Vertbois avait certainement raison… Les hobbits étaient contraints de se terrer dans leurs trous. Si les grands smials ancestraux comme Bourg-de-Touque ou Château-Brande, pourvus d’amples greniers enterrés, ne craignaient pas la famine, les petites fermes isolées comme celle des Lafutaie restaient très exposées. L’heure était sombre et le magicien ruminait sa réplique.
Mais dans la petite cabane, la famille agrandie reposait assoupie, sous la protection du vieux bonhomme. Pâquier et Cabochon mâchaient tranquillement la paille dans leur coin. Le souffle apaisé des enfants endormis évoquait la sérénité de l’existence campagnarde de leur Comté bien-aimée. Les petits bruits de succion avide du nouveau-né à la poitrine de sa maman rythmaient les heures nocturnes, comme une ritournelle protectrice répétée pour exorciser la peur. Le bonheur simple d’une épreuve surmontée et l’espoir de lendemains meilleurs, accompagnaient la naissance de l’enfant.
Le magicien avait rapidement pris les choses en main, chargé son propre barda dans la charrette et mené la famille à une bergerie toute proche, presque entièrement enfouie sous la neige.
- Je sais où nous sommes, déclara Bosso, c’est la réserve à bois au Fredegar Touque ! C’est le cousin au troisième degré de…
- Bien entendu ! interrompit le magicien d’un air un peu irrité, où voulez-vous donc que nous nous trouvions ? Cet endroit est parfait pour ce que je compte en faire…
Les occupants - à commencer par Mme Myriamel Lafutaie, qui était fort stoïquement entrée en travail - et le contenu de la charrette furent promptement débarqués. Tout le monde, même le bœuf et l’âne, fut logé dans la petite cabane, que l’on vida des réserves de bois d’œuvre qu’elle abritait, pendant que le magicien manigançait quelque tour de sa façon.
Josso Lafutaie, qui était charpentier de la grande cognée, se mit en devoir de « retaper tout ça » et avant que la nuit ne fût tombée, lui et ses fils avaient renforcé la structure, bouché les béances et monté une porte que l’on pouvait barrer de l’intérieur. Le poële du benjamin permit même de faire bouillir de la neige et de les chauffer un peu. Il était temps ! Car Pâquier et Cabochon auraient eu bien du mal à réchauffer de leur souffle, le dernier-né des Lafutaie qui vint au monde par cette froide nuit.
Au dehors mugissait le blizzard cruel, tandis que rôdaient les hordes de loups mangeurs de hobbits. Par moment des glapissements étranglés se faisaient entendre autour de l’abri de fortune. Après avoir prononcé des mots de sauvegarde et d’apaisement, le magicien monta la garde près de la porte, se remémorant les maléfices qu’ourdissait autrefois le Roi-Sorcier d’Angmar, dans le nord, lorsque ses séides traversaient le Baranduin gelé. Non, décidément, ce long hiver 1311 ne lui paraissait pas entièrement naturel, son cousin du Vertbois avait certainement raison… Les hobbits étaient contraints de se terrer dans leurs trous. Si les grands smials ancestraux comme Bourg-de-Touque ou Château-Brande, pourvus d’amples greniers enterrés, ne craignaient pas la famine, les petites fermes isolées comme celle des Lafutaie restaient très exposées. L’heure était sombre et le magicien ruminait sa réplique.
Mais dans la petite cabane, la famille agrandie reposait assoupie, sous la protection du vieux bonhomme. Pâquier et Cabochon mâchaient tranquillement la paille dans leur coin. Le souffle apaisé des enfants endormis évoquait la sérénité de l’existence campagnarde de leur Comté bien-aimée. Les petits bruits de succion avide du nouveau-né à la poitrine de sa maman rythmaient les heures nocturnes, comme une ritournelle protectrice répétée pour exorciser la peur. Le bonheur simple d’une épreuve surmontée et l’espoir de lendemains meilleurs, accompagnaient la naissance de l’enfant.
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A suivre...