03.10.2017, 18:48
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Mais Gerry veillait au grain. Il avait assisté de loin à l’évasion de Landroval et s’était posté pour le second volet de son plan. Embusqué dans les fourrés, il guettait le passage de la famille, dont il ne doutait pas qu’elle aurait besoin de se consoler après la perte de son nouveau jeu. Le hobbit n’eut pas longtemps à attendre. Le géant, haut comme un sapin de dix ans, emmenait Morrg par la main droite et portait Dyya assise sur son bras gauche, ânonnant de curieuses onomatopées sur une cadence répétitive. Il chantait ! Le grand-père suivait en ronchonnant. Gerry les laissa passer puis se rendit à leur suite à l’orée du bois, près du terre-plein central. Il entreprit mille ruses pour progresser sans être vu, et parvint à se dissimuler dans un amas de fougères tout près de la table des géants.
Pendant que le jeu battait son plein, avec son lot de cris et d’encouragements, notre hobbit scrutait sans cesse le ciel. Enfin, il aperçut ce qu’il cherchait : Landroval était revenu, porteur du cadeau de la paix. Le grand aigle s’établit en vol stationnaire sur les courants ascendants et attendit. Gerry, de son côté, sortit de sa cachette et se faufila silencieusement vers la table des géants. Il eut du mal à grimper sur le banc de pierre. Une fois installé là, il resta dissimulé et observa le jeu.
Pendant que le jeu battait son plein, avec son lot de cris et d’encouragements, notre hobbit scrutait sans cesse le ciel. Enfin, il aperçut ce qu’il cherchait : Landroval était revenu, porteur du cadeau de la paix. Le grand aigle s’établit en vol stationnaire sur les courants ascendants et attendit. Gerry, de son côté, sortit de sa cachette et se faufila silencieusement vers la table des géants. Il eut du mal à grimper sur le banc de pierre. Une fois installé là, il resta dissimulé et observa le jeu.
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Au bout de quelques minutes, la chance lui sourit : les joueurs avaient poussé l’œuf, au point diamétralement opposé à la table, en terrain bien découvert. Gerry, le cœur battant la chamade, grimpa sur la table, se racla la gorge et s’égosilla à la façon d’un bonimenteur de foire :
- « Bonjour à toutes et à tous. Par ce radieux soleil estival soyez les bienvenus au beau pré clair du pays de nos amis les géants. Approchez nombreux ! Je m’en vais vous conter l’historiette du Géant… Beaupré ! »
Comme vous le savez certainement à présent, notre hobbit ne se laisse pas facilement démonter. Mais en l’occurrence, il lui fallut une grande force d’âme et beaucoup de persévérance pour attirer l’attention sur lui et l’y garder exclusivement.
Vous ne sauriez imaginer ce que fut la surprise de la famille de géants. Jamais, de mémoire de GrrPpa, des humains ne s’étaient aventurés jusqu’ici. Si tant est que ce petit être vociférant soit vraiment humain. Ppa ne put trouver les mots – ce qui lui était fréquent – et restait stupéfié – ce qui était plus rare. Les deux enfants, qui avaient tantôt poursuivi un lutin chimérique, firent lentement le rapprochement.
Gerry poursuivait bravement ses anecdotes, sorties tout droit de son esprit prolixe :
-« …Tout petit notre géant rêvait de devenir chevalier. Il apprit à monter à cheval et fit une mauvaise chute qui lui valut –pauvre malheureux !- une singulière déformation du visage. Toute sa vie durant, ce handicap lui attira l’antipathie de ses voisins…»
Les quatre géants, les bras ballants, s’étaient tournés vers lui, avançant à l’allure lente de ceux qui rêvent éveillés. Gerry poursuivait son baratin :
- « … En âge d’être adoubé chevalier notre héros fut déchu de son statut d’écuyer. Le pauvre avait tellement grandi qu’aucun cheval n’était plus capable de porter un poids aussi immense. De toute manière ses jambes si longues trainaient par terre de chaque côté de sa monture…. »
Gerry s’égosillait toujours, gesticulant et suant à mesure qu’approchaient les géants, en scrutant le ciel du coin de l’œil :
-« … Un jour notre homme le plus grand du monde croisa l’homme le plus gros du monde. Il s’ensuivit une lutte sans merci où notre héros eut le dessous. Mais l’homme le plus fort du monde, touché par sa gentillesse et sa faiblesse, se promit de ne plus jamais abuser de sa force contre les plus humbles et fit serment d’allégeance au roi… »
Enfin Gerry aperçut Landroval qui fondait on ne sait d’où. Il reprit de plus belle, haussant la voix et gesticulant de façon expressive :
-« … En somme il eut de nombreux malheurs. A sa mère à qui il écrivait souvent, il terminait toujours par ‘’Ce sera mieux demain.’’ Pourtant notre héros s’éteignit avant d’avoir atteint sa majorité…»
Les géants avaient abandonné sur place sapins et œuf. Landroval atterrit silencieusement dans leur dos, déposant la pierre ovoïde confiée par Celegwelwen, et enlevant l’œuf véritable dans une rafale.
Mais les géants, absorbés par le spectacle insolite qui se donnait sous leurs yeux incrédules, ne remarquèrent pas la substitution. La pression aidant, notre héros, ne pouvant tarir un instant son flot de paroles, se laissa aller à des grivoiseries déplacées :
-« … Le pauvre géant Beaupré grandissait en permanence. On raconte qu’il intriguait beaucoup les dames, qui se demandaient si l’ensemble de son anatomie grandissait en proportion… »
Le grand aigle disparut de l’horizon du hobbit, qui commençait à douter de l’infaillibilité de son plan, alors que la troupe de géants s’approchait, comme hypnotisée par sa prestation.
- « Bonjour à toutes et à tous. Par ce radieux soleil estival soyez les bienvenus au beau pré clair du pays de nos amis les géants. Approchez nombreux ! Je m’en vais vous conter l’historiette du Géant… Beaupré ! »
Comme vous le savez certainement à présent, notre hobbit ne se laisse pas facilement démonter. Mais en l’occurrence, il lui fallut une grande force d’âme et beaucoup de persévérance pour attirer l’attention sur lui et l’y garder exclusivement.
Vous ne sauriez imaginer ce que fut la surprise de la famille de géants. Jamais, de mémoire de GrrPpa, des humains ne s’étaient aventurés jusqu’ici. Si tant est que ce petit être vociférant soit vraiment humain. Ppa ne put trouver les mots – ce qui lui était fréquent – et restait stupéfié – ce qui était plus rare. Les deux enfants, qui avaient tantôt poursuivi un lutin chimérique, firent lentement le rapprochement.
Gerry poursuivait bravement ses anecdotes, sorties tout droit de son esprit prolixe :
-« …Tout petit notre géant rêvait de devenir chevalier. Il apprit à monter à cheval et fit une mauvaise chute qui lui valut –pauvre malheureux !- une singulière déformation du visage. Toute sa vie durant, ce handicap lui attira l’antipathie de ses voisins…»
Les quatre géants, les bras ballants, s’étaient tournés vers lui, avançant à l’allure lente de ceux qui rêvent éveillés. Gerry poursuivait son baratin :
- « … En âge d’être adoubé chevalier notre héros fut déchu de son statut d’écuyer. Le pauvre avait tellement grandi qu’aucun cheval n’était plus capable de porter un poids aussi immense. De toute manière ses jambes si longues trainaient par terre de chaque côté de sa monture…. »
Gerry s’égosillait toujours, gesticulant et suant à mesure qu’approchaient les géants, en scrutant le ciel du coin de l’œil :
-« … Un jour notre homme le plus grand du monde croisa l’homme le plus gros du monde. Il s’ensuivit une lutte sans merci où notre héros eut le dessous. Mais l’homme le plus fort du monde, touché par sa gentillesse et sa faiblesse, se promit de ne plus jamais abuser de sa force contre les plus humbles et fit serment d’allégeance au roi… »
Enfin Gerry aperçut Landroval qui fondait on ne sait d’où. Il reprit de plus belle, haussant la voix et gesticulant de façon expressive :
-« … En somme il eut de nombreux malheurs. A sa mère à qui il écrivait souvent, il terminait toujours par ‘’Ce sera mieux demain.’’ Pourtant notre héros s’éteignit avant d’avoir atteint sa majorité…»
Les géants avaient abandonné sur place sapins et œuf. Landroval atterrit silencieusement dans leur dos, déposant la pierre ovoïde confiée par Celegwelwen, et enlevant l’œuf véritable dans une rafale.
Mais les géants, absorbés par le spectacle insolite qui se donnait sous leurs yeux incrédules, ne remarquèrent pas la substitution. La pression aidant, notre héros, ne pouvant tarir un instant son flot de paroles, se laissa aller à des grivoiseries déplacées :
-« … Le pauvre géant Beaupré grandissait en permanence. On raconte qu’il intriguait beaucoup les dames, qui se demandaient si l’ensemble de son anatomie grandissait en proportion… »
Le grand aigle disparut de l’horizon du hobbit, qui commençait à douter de l’infaillibilité de son plan, alors que la troupe de géants s’approchait, comme hypnotisée par sa prestation.
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A suivre...
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