14.02.2016, 17:44
(13.02.2016, 19:40)Tikidiki a écrit : Certes Ecthelion "suengthens" Pelargir (il faudra néanmoins m'instruire sur le sens exact de ce terme : fortifier ?), mais de nombreuses place-fortes existent sans pour autant qu'on y trouve une population, et d'autres ont justement été désertées par les habitants (Cair Andros, Aglarond, Angrenost, Minas Ithil).
C'est strenghten, qui signifie « renforcer » (de strength « force »).
(13.02.2016, 19:40)Tikidiki a écrit : Oui, aucun renfort des fiefs ne vient d'une ville en dehors de Dol Amroth, mais ce n'est pas parce que Dol Amroth représente à la fois le fief et la ville puisque le nom du fief est celui de Belfalas. [...] C'est plutôt parce qu'il n'y a aucune ville notable (les autres seigneurs vivant dans des place-fortes mineures, leur population dispersée) ou simplement parce qu'elles sont simplement inconnues, des cartes notamment.
Il y a une métonymie récurrente entre Dol Amroth et Belfalas, aisée à prouver : si on suivait ton argument, il faudrait admettre qu'en l'absence de renforts venant nommément de Belfalas, la contrée serait déserte en-dehors de Dol Amroth. Or Tolkien affirme exactement l'inverse. Par ailleurs, les cartes et les textes donnent comme autres villes Calembel, Edhellond, Linhir, Ethring et Tarnost. Calembel et Edhellond sont mentionnées à de nombreuses reprises et ne sont sans doute pas si petites que tu l'affirmes (sans nulle preuve d'ailleurs). Mon argument tient donc fort bien.
(13.02.2016, 19:40)Tikidiki a écrit : En revanche il est encore plus intéressant de voir qu'à aucun moment les troupes de Pelargir ne sont mentionnées, ni concernant leur combat hypothétique et préalable contre les Pirates (qu'ils ont perdu puisque le Pirates ont débarqué) ni concernant leur jonction avec le reste des troupes. Ce silence est pour moi très clair sur la situation militaire de Pelargir : soit il n'y a plus personne à emmener, soit il n'y avait déjà pas grand monde avant la bataille.
Je crains que tu n'aies mal lu le roman.
Gimli dit explicitement qu'en arrivant à Pelargir, les troupes d'Aragorn sont tombées sur une bataille en cours. En sus, on peut aisément supposer que (1) les troupes de Pelargir ont suivi la tactique immémoriale qui consiste à se retrancher dans une ville quand l'ennemi est supérieur en nombre (il se passe la même chose à Minas Tirith) ou que (2) il est impossible à quelques milliers d'hommes de tenir toute une rive sur des kilomètres à la ronde pour empêcher un débarquement, alors qu'une fois l'ennemi débarqué, il est possible de rassembler les troupes en place pour combattre l'ennemi (voir l'épisode de la bataille de Maldon, bien connu de Tolkien). Je crains que tu n'aies une idée du débarquement qui s'inspire plus de la Normandie en 1944 que de l'époque médiévale. Pour ma part, je penche d'ailleurs plus pour l'hypothèse (2), puisque Gimli parle de bataille et non de siège.
Enfin, quand Aragorn dit qu'il a envoyé 4000 hommes de Pelargir, on peut difficilement faire plus explicite que ça...
(13.02.2016, 19:40)Tikidiki a écrit : L'argument selon lequel les troupes de Lebennin auraient été trop épuisées pour remonter vers Minas Tirith ne me semble pas tenir devant le fait que les éventuelles troupes de Pelargir ont aussi affronté une bataille, et surtout une cinglante défaite.
Je crois que tu n'as pas vraiment compris mon argument : Aragorn ne reste qu'une nuit en ville. Par conséquent, seuls des gens habitants particulièrement près de Pelargir peuvent éventuellement se joindre à lui. Il faut en effet qu'ils apprennent la défaite des Corsaires, rassemblent un paquetage et arrivent avant l'aube pour participer au rassemblement organisé par Aragorn. Cela ne peut donc concerner que des hommes habitant au mieux à quelques lieues de la ville. Or avec la crainte du débarquement des Corsaires, on peut légitimement supposer que la plupart des habitants proches de Pelargir s'étaient déjà réfugiés en ville, à l'instar des habitants du Pelennor à Minas Tirith. Bref, on n'échappe pas au fait que les renforts envoyés par Aragorn par voie de terre doivent principalement être des bourgeois de Pelargir ou des paysans dépendant de la cité.
(13.02.2016, 19:40)Tikidiki a écrit : Je n'ai trouvé nulle part dans le Retour du Roi ou dans les Appendices de mention de Pelargir corrélée avec une forte population ou sa richesse. [...] Pelargir aurait donc été le Havre et pas Lyon : la ville s'est développée à côté du port et pas l'inverse. [...] Pelargir n'est ainsi pas décrit comme une city mais comme un haven.
On va dire que tu n'as pas bien cherché dans les Appendices, alors... Quand à SdA, VI/5, on constate qu'on voit Pelargir depuis le Mindolluin. Compte tenu de la distance, cela implique que la ville possède une certaine taille. Par ailleurs, Le Havre n'a rien à voir avec Pelargir en termes d'histoire et d'ancienneté relative au pays dont il dépend. Ta comparaison n'a guère de sens à mes yeux.
Enfin, en terme de toponymie, il faut souligner que haven n'est pas un équivalent du « havre » français. De grandes cités portuaires anglaises sont communément appelées ainsi. Et il faut souligner que Tolkien parle de city au sujet de Pelargir dans ses Lettres. Hormis Minas Tirith, c'est la seule ville de Gondor qui est désignée par ce terme.
En réalité, tous les arguments que tu as cités s'appliquent bien mieux à Dol Amroth, puisque la seule et unique désignation précise du lieu dans le SdA parle de castle et non pas de ville... Après, tu as bien le droit d'imaginer ta propre vision du Légendaire, mais il convient de souligner qu'elle n'a pas grand-chose à voir avec les indices laissés par Tolkien en la matière.
Rollant est proz e Oliver est sage.
Ambedui unt merveillus vasselage :
Puis que il sunt as chevals e as armes,
Ja pur murir n’eschiverunt bataille.
— La Chanson de Roland
Ambedui unt merveillus vasselage :
Puis que il sunt as chevals e as armes,
Ja pur murir n’eschiverunt bataille.
— La Chanson de Roland