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Ofermod
#8
(02.02.2016, 09:05)Elendil a écrit : Incidemment, la notion de péché dans le christianisme a été très fortement influencée par la notion d'hybris chez les Grecs.

Aurais-tu une citation ou une référence sous la main pour étayer ton propos ? J'aimerais en savoir un peu plus sur la question.

Excuse-moi tout d'abord, Elendil, de ne pas avoir pris connaissance de ton message avant de poster le mien précédent ; et surtout je me sens tout idiot d'avoir si peu prêté attention à la citation de ta signature en poussant l'outrecuidance jusqu'à la reprendre sans m'en rendre compte dans mon propre développement... En tout cas cela montre que sur ce point au moins, nous nous comprenons !

Je souhaitais revenir sur l'usage des synonymes, et en défendre en fait la légitimité. En effet, différents synonymes d'un terme reflètent ses possibles variations sémantiques, les diverses connotations qu'il est susceptible de facilement susciter ; négliger ces indices constitue, à mon avis, une erreur méthodologique.

Dans un corpus de textes littéraires (le corpus Frantext), j'ai d'ailleurs trouvé deux exemples d'utilisation d'"outrecuidance" qui vont assez gentiment dans mon sens :

- Antoine n'a pas poussé l'outrecuidance, le cynisme ni la curiosité jusqu'à assister aux obsèques des petits enfants, non.

- Je n'aurai pas l'outrecuidance, ou la cuistrerie de répondre, n'ayant pas été confrontée à la tragédie.

On voit ici qu'un certain sens d'outrecuidance se dégage, associé au cynisme, à la cuistrerie, ou comme je le disais, au culot. Certes, d'autres exemples vont plus dans ton sens, car il s'agit d'un terme tout à fait riche du point de vue sémantique ; mais l'essentiel, c'est qu'il y a cette association d'idées possible, ce canal conceptuel, qui éloigne l'esprit du sens qui nous intéresse, ou plutôt lui adjoint certains développements sémantiques parasites qui viennent le recouvrir partiellement, mais suffisamment pour le rendre partiellement méconnaissable.

Et puisqu'on en vient à citer le TLF, il suggère également un développement sémantique possible du terme "outrecuidance" :

Action, parole désinvolte, insolente qui manifeste cette attitude.

Désinvolture, insolence : on est assez loin de la charge de Beorhtnoth, en tout cas assez loin du sens que Tolkien a cru distinguer derrière le terme d'ofermod servant à décrire ce passage, sens sur lequel nous nous accordons apparemment plutôt bien. Les deux termes d'outrance et de vaillance que je proposais, pour peu euphonique que soit leur combinaison, ne présentent pas, au contraire, de connotations de cet ordre. Mais ils me laissent insatisfait, justement en ce sens que leur association semble artificielle et fortuite ; on gagne en précision ce que l'on perd en naturel. Or, une bonne traduction doit pouvoir faire immédiatement sens, il me semble, et non frapper par son caractère inhabituel et alambiqué.

Mais revenons à l'important. Je réfléchissais, et je me disais : a-t-on des exemples d'ofermod dans la tradition mythologique gréco-romaine ? J'ai pu lire par exemple (dans le texte associé au lien qui figure dans mon message initial) qu'Ulysse en fournissait un exemple ; mais je n'arrive pas à voir en quel épisode il manifeste pareille attitude. Faut-il voir là un trait d'héroïsme, ou plutôt, de démesure héroïque, plus propre à la tradition germanique (la Chanson de Roland pouvant à la rigueur s'y rattacher) ? Auquel cas ce serait très intéressant.
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Messages dans ce sujet
Ofermod - par Hofnarr Felder - 01.02.2016, 15:16

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