01.02.2016, 17:03
(Modification du message : 02.02.2016, 11:23 par Hofnarr Felder.)
Merci ! C'était un très bon article, malgré ce que m'avait laissé craindre le ton un peu trop polémique avec lequel il s'ouvre.
Il m'a fait penser à deux points :
a°) la traduction retenue par l'auteur est "pride" pour le nom, "proud" pour l'adjectif ; or ce mot vient de l'ancien français "proz", c'est-à-dire preux, un adjectif qui décrit justement... Roland, notamment, dans le vers (1093) où il est comparé à Olivier, lors de leur désaccord avant la bataille. Les traducteurs modernes ont fait de ce vers une comparaison (je ne sais pas si l'ancien français le justifie), où le "proz" de Roland s'opposerait au "sages" d'Olivier. Evidemment, "proz" est, comme son pendant anglais, très polysémique, et on en compte beaucoup d'instances dans ce poème seul. Mais il semble assez révélateur qu'il apparaisse "juste au bon moment".
b°) quelque chose qui me paraît intéressant, dans le développement de Tolkien autour de l'"ofermod", est qu'indépendant de considérations purement philologiques, il trouve, comme épinglé par ce mot, une certaine notion, un certain motif épique qu'il avait repéré à plusieurs reprises et qu'il avait lui-même utilisé. Il n'est pas tant important de savoir ce que "ofermod" signifie exactement : ce qui compte, c'est que Tolkien y trouve alors l'occasion de désigner une notion qui lui était familière, et sur laquelle il attire notre attention. D'où l'idée qu'il vaut mieux chercher des exemples de cet "ofermod" (que le sens qui lui est ici prêté soit ou non une invention tolkienienne, car là n'est pas qu'il n'est question), pour rendre mieux compte de l'idée, plutôt que de se restreindre à une analyse philologique du terme, qui n'est pas vraiment de notre ressort (à part si vous êtes spécialistes de vieil anglais) et qui ne présente pas plus d'intérêt que ça sur un forum dédié à Tolkien...
En y réfléchissant j'ai d'ailleurs remarqué que succombaient à l'"ofermod" des guerriers souvent expérimentés, voire âgés (ce qui n'est pas le cas pour Roland) : c'est à la fois le cas pour Beorthnoth et pour Beowulf. C'est comme si, leur âge avancé ne faisant plus peser sur leur cœur la crainte de la mort, ils ne se préoccupaient pas des conséquences que pourrait avoir l'ultime sursaut de leur ferveur héroïque.
Cela m'a donc amené à un nouvel exemple, plus littéraire qu'historique : dans la Niche de la Honte, d'Ismail Kadaré, Ali Pacha, gouverneur d'Albanie, se soulève à 80 ans contre l'Empire Ottoman -entraînant sa propre chute, et la disgrâce de sa province. Il me semble que cet exemple va dans le même sens que ceux proposés par Tolkien, même si on quitte (presque) le registre épique.
Il m'a fait penser à deux points :
a°) la traduction retenue par l'auteur est "pride" pour le nom, "proud" pour l'adjectif ; or ce mot vient de l'ancien français "proz", c'est-à-dire preux, un adjectif qui décrit justement... Roland, notamment, dans le vers (1093) où il est comparé à Olivier, lors de leur désaccord avant la bataille. Les traducteurs modernes ont fait de ce vers une comparaison (je ne sais pas si l'ancien français le justifie), où le "proz" de Roland s'opposerait au "sages" d'Olivier. Evidemment, "proz" est, comme son pendant anglais, très polysémique, et on en compte beaucoup d'instances dans ce poème seul. Mais il semble assez révélateur qu'il apparaisse "juste au bon moment".
b°) quelque chose qui me paraît intéressant, dans le développement de Tolkien autour de l'"ofermod", est qu'indépendant de considérations purement philologiques, il trouve, comme épinglé par ce mot, une certaine notion, un certain motif épique qu'il avait repéré à plusieurs reprises et qu'il avait lui-même utilisé. Il n'est pas tant important de savoir ce que "ofermod" signifie exactement : ce qui compte, c'est que Tolkien y trouve alors l'occasion de désigner une notion qui lui était familière, et sur laquelle il attire notre attention. D'où l'idée qu'il vaut mieux chercher des exemples de cet "ofermod" (que le sens qui lui est ici prêté soit ou non une invention tolkienienne, car là n'est pas qu'il n'est question), pour rendre mieux compte de l'idée, plutôt que de se restreindre à une analyse philologique du terme, qui n'est pas vraiment de notre ressort (à part si vous êtes spécialistes de vieil anglais) et qui ne présente pas plus d'intérêt que ça sur un forum dédié à Tolkien...
En y réfléchissant j'ai d'ailleurs remarqué que succombaient à l'"ofermod" des guerriers souvent expérimentés, voire âgés (ce qui n'est pas le cas pour Roland) : c'est à la fois le cas pour Beorthnoth et pour Beowulf. C'est comme si, leur âge avancé ne faisant plus peser sur leur cœur la crainte de la mort, ils ne se préoccupaient pas des conséquences que pourrait avoir l'ultime sursaut de leur ferveur héroïque.
Cela m'a donc amené à un nouvel exemple, plus littéraire qu'historique : dans la Niche de la Honte, d'Ismail Kadaré, Ali Pacha, gouverneur d'Albanie, se soulève à 80 ans contre l'Empire Ottoman -entraînant sa propre chute, et la disgrâce de sa province. Il me semble que cet exemple va dans le même sens que ceux proposés par Tolkien, même si on quitte (presque) le registre épique.