25.08.2014, 21:09
Citation : Poupi a écrit :
Je suis toujours très très sceptique quand on veut voir des références historiographiques (au sens scientifique de l'histoire) importantes chez Tolkien. Pour moi, la dimension littéraire, mythologique, religieuse prime sur la dimension scientifique.
Il me semble que c'est précisément dans ce contexte littéraire que la comparaison s'inscrit. Si j'émets plus de réserves quant à la question historique des Dark Ages, le rapprochement de divers passages fait sens au point de vue du texte. Il y a entre autres la fameuse énumération des troupes et des chefs, le topos du "Catalogue" selon l'expression consacrée. Il est impensable que Tolkien n'ait pas eu à un certain degré conscience de ces procédés littéraires en écrivant son récit. Peut-être que certains sont irrités par ce qu'ils croient être une tentative de caser la Chute de Gondolin dans le cadre étroit d'un modèle qui relèverait quasiment de la référence. Ce n'est pas ce suggérait le premier post, la comparaison était textuelle, voire narrative, bref, littéraire et fondée sur des topoi . Sans chercher une correspondance entre les villes ou les histoires, on peut parler de points de similitude entres les textes.
Je mentionne en passant un des éléments qui m'avaient amenés à faire le même rapprochement entre La Chute de Gondolin et le "cycle" de l'Iliade et de l'Énéide : la présence émouvante de la famille du héros au milieu des combats.
Dans L'Iliade, l'Énéide et La Chute de Gondolin, le héros cherche, alors que la guerre fait rage, à rejoindre sa femme et son fils. Je ne sais si l'on peut parler de topos, mais ces passages sont relativement proche dans les trois textes.
Citation : Homère a écrit :
Mais Hector répondit : [...] Je vais aller voir ma femme et mon fils avant de partir, car je ne sais si je reviendrai ou si les dieux me dompteront par les mains achéennes.
Citation : Virgile a écrit :
Je me rappelai Créuse délaissé, mon palais au pillage et les périls du jeune Iule.
Citation : Tolkien a écrit :
Maintenant Tuor en décida ainsi, bien que sa bravoure fit un bond au bruit de la guerre, pour faire ses adieux à Idril et à Eärendel.
Dans l'Iliade comme dans La Chute de Gondolin, il arrive un moment où la famille est réunie : le héros met son enfant dans les bras de sa mère, ce qui offre l'occasion d'un moment de joie. Le vers suivant notamment, peut-être l'un des plus beaux de l'Iliade, montre comment la candeur de son petit enfant fait rire Andromaque au milieux de ses larmes; un mélange de joie et de douleur qu'on retrouve également chez Tolkien.
Citation : Homère a écrit :
Puis, il déposa l'enfant entre les bras d'Andromaque qui le prit contre son sein parfumé, pleurant et riant à la fois.
Citation : Tolkien a écrit :
Tuor donna Eärendelà sa mère qui était en grande joie ; mais Eärendel ne voulut pas être porté dans ses bras car il dit : "Mère Idril, tu es épuisée [...] et sa mère rit au milieu de sa douleur.