Citation :J'ai noté dans ma version de la Chanson de Roland que certains cas régimes avaient tendance à se finir en -un (ex : Charles / Charlun), mais c'est le seul texte où j'ai vu cela. Au demeurant ce n'est pas systématique, puisqu'on a régulièrement li bers / le baron, parfois quelques lignes plus bas. Il est d'ailleurs fort possible que ce soit une caractéristique du dialecte anglo-normand du manuscrit sur lequel mon texte se base.
C'est fort probable. Je note que dans cette édition en ligne, basée sur le manuscrit d'Oxford, le o est systématiquement fermé en u avant nasale : cunquist, muntaigne, Mahumet, umbre, perrun, envirun, humes, cuntes, etc. La notation du son [u] (ou ce qui le deviendra) hésite également entre o et u : par ex. on a aussi bien nos que nus, vos que vus.
Citation :Je suis d'accord sur le fait que franciser Frodo en Frodon soit logique. Mais en revanche, cela ne se justifie pas pour Bilbo, qui n'est ni germanique, ni latin, ni grec.
Cela se justifie par souci d'homogénéité : soit franciser tous les -o en -on, soit aucun. Et je gagerais que le lecteur lambda sera plus sensible à cet effet d'ensemble qu'à des considérations étymologiques. Mais j'admets parfaitement que c'est aussi (surtout ?) question de goût... Il m'importait surtout de préciser que ce n'était pas une erreur de Ledoux. Il y a des bourdes dans sa traduction, mais ceci n'en est pas une.
Citation :Pour le coup, je donne raison à Tolkien : avant la parution du SdA, les principales utilisations d'elf dans le vocabulaire anglais concernaient des composés comme elf-shot, elf-stroke, etc., pas particulièrement positives vis-à-vis des Elfes. Dans la même veine, on peut aussi citer le conte de fées Childe Rowland, les différentes versions de Lady Isabel and the Elf Knight : on voit que le sens du mot n'était guère différent en Angleterre et en Allemagne.
C'est vrai, mais Tolkien a sans doute bénéficié de l'image victorienne du petit elfe tout mignon à z'ailes : elle a pu fournir le point de départ d'une vision moins noire, même s'il la répudiera en tâchant vigoureusement de s'éloigner. On en retrouve encore un peu la trace dans les elfes du Livre des contes perdus, encore appelés fairies.
Je ne connais pas assez le terme allemand pour savoir s'il pouvait se charger d'une nouvelle vision, mais j'ai des doutes. Le Deutsches Wörterbuch des frères Grimm (et continuateurs) répertorie à la fois les mots Alb et Elbe ; le premier est associé à l'idée d'esprit, de démon, d'incube, le second à des images plus positives de nymphes ou d'esprits de la nature (avec des citations qui utilisent la forme Elfe influencée par l'anglais, introduite par les romantiques). Autant pour la perception de ces mots au XIXe siècle. Pour le XXe, je ne saurais dire.
Question subsidiaire : comme le sujet de ce fuseau à tendance a revenir, n'y aurait-il pas quelque intérêt à y répondre dans la foire aux questions ?
Le langage a à la fois renforcé l'imagination et a été libéré par elle. Qui saura dire si l'adjectif libre a créé des images belles et bizarres ou si l'adjectif a été libéré par de belles et étranges images de l'esprit ? - J. R. R. Tolkien, Un vice secret